Droit moral de l’architecte : pas d’intangibilité

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Droit moral de l’architecte : pas d’intangibilité

L’Essentiel : Le droit moral de l’architecte n’est pas absolu, comme l’illustre l’affaire du Musée de l’Arles. L’architecte, dont l’œuvre était destinée à accueillir des collections, a vu sa demande d’indemnisation rejetée. Le musée a pu réaliser des travaux d’extension sans son accord, afin d’exposer un bateau gallo-romain. La nécessité d’adapter l’édifice à un besoin nouveau a prévalu, et les modifications apportées respectaient l’harmonie du bâtiment. Ainsi, l’architecte n’a pas prouvé que ces changements étaient disproportionnés par rapport à l’objectif visé, soulignant la flexibilité requise pour les bâtiments utilitaires.

Affaire du Musée de l’Arles

Le droit moral de l‘architecte n’est pas intangible. L’architecte, qui avait conçu et réalisé une oeuvre architecturale destinée à recevoir les collections du « Musée de l’Arles antique » a été débouté de sa demande d’indemnisation. Le Musée était en droit d’entreprendre, sans l’accord de l’architecte, des travaux d’extension du bâtiment dans le dessein d’y exposer un bateau de commerce gallo-romain retrouvé dans le Rhône.

Charge de la preuve et proportionnalité

Il incombe à l’auteur d’établir l’existence de l’atteinte portée à ses droits, dont il demande la réparation. Si la vocation utilitaire d’un bâtiment commandé à un architecte interdit à celui-ci d’imposer une intangibilité absolue de son oeuvre, il importe cependant, pour préserver l’équilibre entre les prérogatives de l’auteur et celles du propriétaire de l’oeuvre architecturale, que les modifications apportées n’excèdent pas ce qui est strictement nécessaire à l’adaptation de l’oeuvre à des besoins nouveaux et ne soient pas disproportionnées au regard du but poursuivi.

Statut particulier des « bâtiments utilitaires »

En l’espèce, la découverte d’une  barque datant de l’époque romaine déclarée « trésor national » ainsi que de sa cargaison, et la nécessité d’exposer cet ensemble dans le musée considéré, caractérisent l’existence d’un besoin nouveau qui, pour être satisfait, commandait la construction d’une extension, dès lors que l’unité qui s’attachait au bâtiment muséal, excluait l’édification d’un bâtiment séparé. La nouvelle extension reprenait les couleurs originelles des façades d’origine et respectait l’harmonie globale du bâtiment. L’architecte n’établissait donc pas que ces modifications nécessaires, apportées à un bâtiment utilitaire, étaient disproportionnées par rapport au but poursuivi.

Télécharger la décision

Q/R juridiques soulevées :

Quel est le contexte de l’affaire du Musée de l’Arles ?

L’affaire du Musée de l’Arles concerne un architecte qui a conçu un bâtiment destiné à accueillir les collections du musée. Cet architecte a demandé une indemnisation après que le musée a entrepris des travaux d’extension sans son accord.

Ces travaux avaient pour but d’exposer un bateau de commerce gallo-romain découvert dans le Rhône. La décision de la cour a été de débouter l’architecte, affirmant que le musée avait le droit d’effectuer ces modifications.

Quelles sont les implications du droit moral de l’architecte dans cette affaire ?

Le droit moral de l’architecte, qui protège l’intégrité de son œuvre, n’est pas absolu. Dans ce cas, la cour a jugé que l’architecte ne pouvait pas s’opposer à des modifications nécessaires pour répondre à un besoin nouveau, comme l’exposition d’un trésor national.

Cela souligne que, bien que l’architecte ait des droits, ceux-ci doivent être équilibrés avec les besoins pratiques du propriétaire du bâtiment.

Comment la charge de la preuve est-elle répartie dans ce contexte ?

La charge de la preuve incombe à l’auteur, ici l’architecte, qui doit démontrer l’existence d’une atteinte à ses droits. Si les modifications apportées à l’œuvre architecturale sont justifiées par des besoins nouveaux, l’architecte doit prouver que ces changements sont disproportionnés.

La cour a estimé que les travaux d’extension étaient nécessaires et proportionnés, ce qui a conduit à la décision en faveur du musée.

Quel est le statut des bâtiments utilitaires dans cette affaire ?

Les bâtiments utilitaires, comme celui du musée, ont un statut particulier. Dans cette affaire, la découverte d’une barque romaine a créé un besoin d’extension du musée.

La cour a noté que l’extension respectait l’harmonie du bâtiment d’origine et que l’architecte n’a pas prouvé que les modifications étaient disproportionnées par rapport à l’objectif d’exposition. Cela montre que les besoins fonctionnels peuvent primer sur le droit moral de l’architecte.

Quelles sont les conséquences de cette décision pour les architectes ?

Cette décision a des implications importantes pour les architectes, car elle établit que leur droit moral peut être limité par des considérations pratiques. Les architectes doivent être conscients que, dans le cas de bâtiments utilitaires, les propriétaires peuvent apporter des modifications sans leur consentement, tant que celles-ci sont justifiées et proportionnées.

Cela pourrait inciter les architectes à inclure des clauses spécifiques dans leurs contrats pour protéger leurs droits tout en tenant compte des besoins futurs des bâtiments qu’ils conçoivent.


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