Diffamation et enquête sérieuse

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Diffamation et enquête sérieuse

L’Essentiel : Dans l’affaire Technikart, un directeur de société de presse a intenté une action en référé pour diffamation, accusant le magazine d’être un contrefacteur et un tricheur. L’article incriminé portait atteinte à son honneur en l’imputant de contrefaçon et de violation des droits des photographes. Bien que l’article visait à informer le public, le sérieux de l’enquête n’a pas été retenu, car les éléments présentés, principalement des captures d’écran, n’étaient pas suffisants pour justifier les allégations. Ainsi, la diffamation a été reconnue, ouvrant la voie à des mesures conservatoires.

Affaire Technikart

Un directeur de société de presse a poursuivi en référé le titre de presse Technikart pour diffamation publique. Il était imputé à ce dernier d’être un contrefacteur de renom et un tricheur en éditant des magazines, réalisés de manière illicite par une société située à Londres avec des auteurs cachant leur identité. L’article de Technikart imputé également au dirigeant des actes de contrefaçon du magazine Society et une violation du droit moral des photographes.

L’article en cause imputait donc des faits précis portant atteinte à l’honneur et à la considération dans la mesure où la contrefaçon est sanctionnée par la loi et contraire à la morale et où le dirigeant est présenté par l’article en cause comme un magnat de la presse également contrefacteur.

Fait justificatif de bonne foi

Un article de presse pouvant être qualifié de diffamation perd cette qualification si son auteur peut se prévaloir du fait justificatif de la bonne foi. Devant le juge des référés, un article diffamatoire ne peut constituer un trouble manifestement illicite et justifier l’adoption de mesures destinées à le faire cesser  que s’il existe des éléments suffisamment probants permettant d’établir avec l’évidence requise que son auteur peut se prévaloir dudit fait justificatif. Le fait justificatif de bonne foi, distinct de l’exception de vérité des faits diffamatoires, se caractérise par la légitimité du but poursuivi, l’absence d’animosité personnelle, la prudence et la mesure dans l’expression ainsi que par le sérieux de l’enquête.

Dans l’affaire en examen, l’article litigieux répondait bien à un objectif légitime tenant à l’information du public sur le magazine So et s’inscrivait dans un débat général sur l’arrivée de nouveaux magazines dans les kiosques quant à leur origine et leurs caractéristiques.

En revanche,  le sérieux de l’enquête n’a pas été retenu. La reconnaissance du caractère sérieux de l’enquête suppose que l’auteur de l’article incriminé dispose au moment de la rédaction de celui-ci d’éléments suffisamment sérieux pour croire légitimement en la véracité de ses allégations. Il s’ensuit qu’il lui incombe de justifier qu’il disposait de tels éléments. Dans l’affaire examinée, Technikart a présenté un grand nombre de captures d’écran. Or, ces  seuls éléments n’étaient pas suffisants pour accréditer les faits imputés au dirigeant de la société de presse, à savoir d’être le véritable éditeur du magazine So, qui constitue une contrefaçon du magazine Society et avoir déjà été condamné dans le passé pour contrefaçon.

Référé diffamation

Au sens de l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881, toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. La publication directe ou par voie de reproduction de cette allégation ou de cette imputation est punissable, même si elle est faite sous forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommés, mais dont l’identification est rendue possible par les termes des discours, cris, menaces, écrits ou imprimés, placards ou affiches incriminés. La diffamation peut donner prise au référé dans la mesure où, aux termes de l’article 809, alinéa 1er, du code de procédure civile, le juge des référés du tribunal de grande instance peut, même en présence d’une contestation sérieuse, prescrire les mesures conservatoires ou de remise en état qui s’imposent, soit pour prévenir un dommage imminent, soit pour faire cesser un trouble manifestement illicite.

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Q/R juridiques soulevées :

Quel est le contexte de l’affaire Technikart ?

L’affaire Technikart concerne une action en référé pour diffamation intentée par un directeur de société de presse contre le titre de presse Technikart. Ce dernier a été accusé d’être un contrefacteur et un tricheur, en publiant des magazines de manière illicite via une société basée à Londres.

L’article incriminé a également imputé au dirigeant des actes de contrefaçon concernant le magazine Society, ainsi qu’une violation des droits moraux des photographes. Ces accusations ont porté atteinte à l’honneur et à la considération du directeur, car la contrefaçon est à la fois illégale et contraire à l’éthique.

En effet, l’article a présenté le dirigeant comme un magnat de la presse, ce qui a aggravé la situation en termes de réputation.

Qu’est-ce que le fait justificatif de bonne foi ?

Le fait justificatif de bonne foi est un concept juridique qui permet à un auteur d’article de presse de se défendre contre une accusation de diffamation. Pour qu’un article soit considéré comme diffamatoire, il doit être prouvé que l’auteur n’a pas agi de bonne foi.

Ce fait justificatif se caractérise par plusieurs éléments : la légitimité du but poursuivi, l’absence d’animosité personnelle, la prudence et la mesure dans l’expression, ainsi que le sérieux de l’enquête menée.

Dans le cas de Technikart, l’article visait à informer le public sur le magazine So et s’inscrivait dans un débat plus large sur l’origine des nouveaux magazines. Cependant, le sérieux de l’enquête n’a pas été retenu, car Technikart n’a pas pu prouver qu’il disposait d’éléments suffisants pour justifier ses allégations.

Quelles sont les implications de la diffamation selon la loi ?

Selon l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881, toute allégation ou imputation d’un fait qui nuit à l’honneur ou à la considération d’une personne est considérée comme de la diffamation. Cela inclut la publication directe ou indirecte de ces allégations, même si elles sont formulées de manière dubitative.

La diffamation peut donner lieu à un référé, permettant au juge des référés de prescrire des mesures conservatoires pour prévenir un dommage imminent ou faire cesser un trouble manifestement illicite. Cela signifie que même en cas de contestation sérieuse, des mesures peuvent être prises pour protéger la réputation d’une personne.

Ainsi, la loi encadre strictement les accusations de diffamation, et les auteurs d’articles doivent être prudents dans leurs affirmations pour éviter des conséquences juridiques.


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