L’essentiel : L’Autorité des marchés financiers (AMF) dispose de pouvoirs d’enquête étendus, lui permettant d’accéder à des documents et données, y compris celles des opérateurs de télécommunications. Cependant, la légalité de ces mesures est contestée, notamment en raison de la protection des données personnelles. La Cour de cassation a saisi la CJUE pour déterminer si la conservation généralisée des données de connexion est conforme aux directives européennes. Le Conseil constitutionnel a déjà déclaré inconstitutionnel un article du code monétaire, soulignant la nécessité de garantir le respect de la vie privée tout en permettant la lutte contre les abus de marché.
|
Pouvoirs d’enquête de l’AMFDeux Acquisition suspicieuse de titres CGG, Airgas et Air LiquideA Données personnelles en causePour En Les Saisine de la CJUELa La Il Nature des questions soumises à la CJUELa Se pose une question sur la conventionnalité des conditions de conservation des données personnelles de connexion par des opérateurs privés et une autre question sur sur les conditions de leur accès par l’AMF organisé par l’article L. 621-10 du CMF. Position du Conseil constitutionnelPour Spécificités du délit d’initiéLes L’exercice Se pose donc la question de savoir comment doit se concilier l’article 15, § 1 de la directive 2002/58, lu à la lumière des articles 7, 8 et 11 de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, avec les exigences posées par les dispositions précitées de la directive 2003/6 et du règlement 596/2014. Télécharger la décision |
Q/R juridiques soulevées :
Quels sont les pouvoirs d’enquête de l’AMF selon l’article L. 621-10 du code monétaire et financier ?L’article L. 621-10 du code monétaire et financier confère à l’Autorité des marchés financiers (AMF) des pouvoirs d’enquête étendus. Il permet aux enquêteurs de l’AMF de demander la communication de tous documents, quel qu’en soit le support. Cela inclut spécifiquement les données conservées et traitées par les opérateurs de télécommunications et les prestataires d’hébergement internet. Cette disposition est cruciale pour la lutte contre des infractions telles que le délit d’initié, la corruption et le blanchiment d’argent. En effet, elle permet à l’AMF d’accéder à des informations essentielles pour mener à bien ses enquêtes. En outre, l’article a été renforcé par la loi du 26 juillet 2013, qui a élargi le champ d’application des données pouvant être collectées, y compris les données de connexion. Cela soulève des questions sur la protection des données personnelles et le respect de la vie privée des individus concernés. Quelles sont les implications de la collecte de données personnelles par l’AMF ?La collecte de données personnelles par l’AMF, notamment celles relatives à l’utilisation des lignes téléphoniques des dirigeants, soulève des préoccupations importantes en matière de protection de la vie privée. Les agents de l’AMF se basent sur l’article L. 621-10 pour obtenir ces données, ce qui a été contesté par certains dirigeants d’entreprise. L’article L. 34-1 du code des postes et communications électroniques stipule que les opérateurs doivent effacer ou anonymiser les données relatives au trafic, sauf dans des cas exceptionnels, comme pour la recherche et la poursuite des infractions pénales. Cela signifie que, bien que l’AMF ait le droit d’accéder à ces données, il existe des limites et des conditions à respecter. Les données concernées incluent des informations permettant d’identifier l’utilisateur, des données sur les équipements utilisés, ainsi que des détails sur les communications. Ces informations sont cruciales pour établir des liens entre les individus et les activités suspectes, mais leur collecte doit être justifiée et proportionnée. Quels sont les enjeux juridiques liés à la saisine de la CJUE ?La saisine de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) soulève des enjeux juridiques significatifs concernant la légalité de la collecte de données de connexion par l’AMF. La CJUE a déjà statué que la conservation généralisée et indifférenciée des données de trafic et de localisation est contraire à la directive 2002/58/CE. Les questions posées à la CJUE concernent la possibilité pour le législateur national d’imposer une conservation temporaire des données de connexion pour des raisons de lutte contre la criminalité, notamment en matière d’opérations d’initiés et de manipulations de marché. Il est essentiel que la législation nationale définisse des règles claires et précises sur la conservation des données, en garantissant que ces mesures soient limitées au strict nécessaire. Cela implique également que la conservation des données doit répondre à des critères objectifs, établissant un rapport entre les données conservées et l’objectif poursuivi. Quelle est la position du Conseil constitutionnel sur l’article L. 621-10 ?Le Conseil constitutionnel a déclaré inconstitutionnel le premier alinéa de l’article L. 621-10 du code monétaire et financier, en raison de son incompatibilité avec le droit au respect de la vie privée. Cette décision a été rendue le 21 juillet 2017, soulignant que la procédure d’accès aux données par l’AMF n’était pas conforme aux droits fondamentaux. Cependant, le Conseil a décidé de reporter l’abrogation de cet article jusqu’au 31 décembre 2008, afin d’éviter des conséquences excessives. Suite à cette décision, le législateur a introduit un nouvel article, L. 621-10-2, qui impose une autorisation préalable par un contrôleur indépendant pour tout accès aux données de connexion par l’AMF. Cette évolution législative vise à renforcer la protection des données personnelles tout en permettant à l’AMF de mener ses enquêtes. Cela montre un équilibre délicat entre la nécessité de lutter contre la criminalité financière et le respect des droits individuels. Quelles sont les spécificités du délit d’initié ?Le délit d’initié est une infraction financière qui implique l’utilisation d’informations privilégiées pour réaliser des transactions sur des titres financiers. Les données de connexion jouent un rôle crucial dans la détection de ces infractions, car elles permettent d’établir des liens entre les individus et les informations échangées. Ces données peuvent prouver l’identité des personnes impliquées dans la diffusion d’informations trompeuses et démontrer des contacts entre différents acteurs du marché. Étant donné que les informations privilégiées sont souvent orales et secrètes, les données de connexion deviennent une preuve essentielle pour les enquêteurs. Cependant, l’accès à ces données doit être équilibré avec le droit au respect de la vie privée. Le droit européen impose aux États de mettre en place des garanties contre les abus, en limitant l’accès aux données aux cas où cela est strictement nécessaire pour des enquêtes sur des infractions graves. Ainsi, la question de la conciliation entre les exigences de la lutte contre le délit d’initié et la protection des droits fondamentaux demeure un enjeu majeur dans le cadre des enquêtes menées par l’AMF. |
Laisser un commentaire