L’Essentiel : Le Décret n° 2019-1602 du 31 décembre 2019 a élargi la surveillance électronique en temps réel pour lutter contre le crime organisé et le terrorisme. Ce dispositif permet la captation à distance des données informatiques, incluant les frappes au clavier et les contenus affichés à l’écran. Les données collectées sont chiffrées et accessibles uniquement par du personnel habilité via une connexion sécurisée. Cependant, la CNIL a exprimé des réserves sur l’intrusivité de cette collecte, soulignant les risques pour la vie privée des individus concernés et la nécessité de garanties pour protéger leurs droits fondamentaux.
|
En matière de lutte contre le crime organisé, le terrorisme et le financement, le Décret n° 2019-1602 du 31 décembre 2019 a élargi le recours à la captation en temps réel et à distance des données informatiques prévue à l’article 706-102-1 du code de procédure pénale (CPP, enquêtes de flagrance ou préliminaire en matière de criminalité et de délinquance organisées). Le décret ajoute également à la liste des accédants aux traitements de données concernées, les agents des services fiscaux habilités. Objet du traitementLe système de traitement de données captées se matérialise par Surveillance et preuve électroniquePour rappel, les traitements mis en œuvre dans le cadre du Position réservée de la CNILA noter que la CNIL, dans son avis sur le projet de décret, avait mis |
Q/R juridiques soulevées :
Quel est l’objet du traitement des données selon le décret n° 2019-1602 ?Le décret n° 2019-1602 du 31 décembre 2019 a pour objet de permettre la captation en temps réel et à distance des données informatiques dans le cadre d’enquêtes de flagrance ou préliminaires concernant la criminalité et la délinquance organisées. Cette captation se fait par l’insertion discrète d’une charge logique sur l’équipement de l’individu ciblé. Une fois activé, le logiciel permet aux forces de l’ordre de récupérer l’ensemble des données présentes sur le support visé. Les données collectées sont enrichies par une signature et un journal d’événements, et avant leur transfert, elles sont chiffrées à l’aide d’un algorithme public réputé fort. Cela garantit la sécurité des informations collectées, qui doivent être consultées par le personnel habilité via une connexion chiffrée de type VPN. Quelles sont les modalités de surveillance et de preuve électronique prévues par le décret ?Le décret élargit les modalités de collecte des données informatiques, permettant d’appréhender des informations telles qu’elles apparaissent à l’écran, les frappes au clavier, ainsi que les données audio et vidéo émises ou reçues par des périphériques audiovisuels. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la loi n° 2016-731 du 3 juin 2016, qui a élargi le périmètre des captations aux données stockées dans un système informatique. Les traitements de données doivent être réalisés sous l’autorité et le contrôle d’un juge, garantissant ainsi un encadrement légal strict. Cela inclut la collecte, l’enregistrement et la conservation des données captées, conformément aux articles 706-95-11 et 706-102-1 du code de procédure pénale. Quelle est la position de la CNIL concernant ce décret ?La CNIL a exprimé des réserves quant à la portée intrusives de la collecte de données prévue par le décret. Elle a souligné que cette collecte pourrait entraîner une atteinte significative à la vie privée des personnes concernées, ainsi que des tiers. La CNIL a insisté sur la nécessité d’implémenter des garanties robustes pour protéger les droits et libertés fondamentaux des individus. Elle a également noté que le contrôle à distance des systèmes informatiques, tel que le déclenchement forcé de webcams, est exclu de ce dispositif. De plus, bien que des images et des sons puissent être collectés, aucun mécanisme de reconnaissance faciale ou vocale, ni d’analyse comportementale des frappes au clavier, ne sera mis en œuvre, ce qui atténue certaines préoccupations relatives à la surveillance intrusive. |
Laisser un commentaire