Type de juridiction : Cour d’Appel
Juridiction : Cour d’Appel de Versailles
Thématique : Protéger un concept publicitaire : l’affaire Colas
→ RésuméDans l’affaire Colas, une agence de communication a proposé une campagne de prévention basée sur le geste de la main « OK ». Bien que l’idée ait été écartée lors de la sélection, elle a été reprise par Colas. L’agence a intenté une action en contrefaçon, mais celle-ci a échoué en raison de l’absence d’originalité. Selon l’article L 111-1 du code de la propriété intellectuelle, la protection du droit d’auteur nécessite un apport original. Le geste « OK », étant universel et banal, n’a pas permis à l’agence de revendiquer ses droits sur l’œuvre présentée.
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Confidentialité et non concurrence
Dans le cadre d‘un appel d’offre pour décrocher le budget publicitaire d’un annonceur, l’agence a tout intérêt à faire signer par ce dernier un accord de confidentialité assorti d’une clause de non concurrence portant sur les idées, slogans et documents publicitaires présentés. En la matière, le droit d’auteur peut se révéler insuffisant.
Question de l’originalité
Dans l’affaire Colas, une agence de communication a proposé à la société de BTP, une campagne internationale de prévention pour la sécurité basée sur le geste de la main « OK ». Il s’agissait d’une prise de vue rapprochée d’un ouvrier portant un casque, réalisant le signe OK de la main avec, en arrière-plan, le paysage d’un chantier afin de symboliser l’objectif de vigilance, une représentation stylisée du geste de la main » OK » accompagnée d’un message de prévention, à la manière d’un logo de signalétique. L’agence, écartée au terme du processus de sélection, avait vu l’idée de son visuel reprise dans la campagne publicitaire Colas. En raison de l’absence d’originalité, l’action en contrefaçon de l’agence n’a pas abouti.
L’article L 111-1 du code de la propriété intellectuelle dispose que l’auteur d’une oeuvre de l’esprit jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporel exclusif et opposable à tous. Sont protégeables les droits d’auteur sur toutes les oeuvres de l’esprit, quels qu’en soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination. Il appartient à celui qui prétend bénéficier de la protection du droit d’auteur de rapporter l’existence d’un apport original.
En l’espèce, le portrait d’ouvrier sur un chantier photographié en gros plan et réalisant la gestuelle « OK » de la main était un signe universel et banal, notamment en matière de sécurité.
Acte de divulgation
A noter toutefois que la présentation à un client potentiel de l’agence d’une note de recommandation publicitaire, constitue bien un acte de divulgation de l’œuvre / une exploitation commerciale non équivoque, dès lors qu’il porte en en-tête le nom de l’agence. La finalité de la présomption de titularité des droits est de lutter contre la contrefaçon. Admettre le contraire reviendrait à exclure du bénéfice de la protection au titre du droit d’auteur tout projet qui, bien que divulgué, n’a pas fait l’objet d’une commercialisation effective alors que l’œuvre de l’esprit n’en existe pas moins et, comme telle, mérite protection.
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