Cour d’appel de Paris, 19 juin 2008
Cour d’appel de Paris, 19 juin 2008

Type de juridiction : Cour d’appel

Juridiction : Cour d’appel de Paris

Résumé

Mme X, artiste dramatique à la Comédie Française, a été licenciée pour insuffisance artistique. Contestant ce licenciement, elle a saisi le Conseil de prud’hommes, arguant d’une discrimination et demandant l’interdiction de l’exploitation de son image. Le tribunal a jugé le licenciement abusif, faute de motifs vérifiables. En revanche, Mme X a été déboutée concernant son droit à l’image, la Comédie Française étant autorisée à utiliser les images de ses pensionnaires dans le cadre de sa mission culturelle. Les juges ont également rappelé que la Comédie avait acquis les droits patrimoniaux de Mme X en tant que producteur.

Mme X a été engagée en qualité d’artiste dramatique intermittent du spectacle par la Comédie Française (contrat à durée indéterminée avec statut de pensionnaire).
Licenciée pour insuffisance artistique, Mme X a saisi le Conseil de prud’hommes en faisant état d’un licenciement discriminatoire (1) et pour faire interdire l’exploitation de son image par la Comédie française.
Sur le licenciement abusif, Mme X a obtenu gain de cause : en l’absence de motifs vérifiables (critères artistiques) de licenciement, celui prononcé contre Mme X était dépourvu de cause réelle et sérieuse.
Sur son droit à l’image, Mme X a été déboutée : la Comédie Française est investie d’une mission culturelle de service public, consistant à représenter les pièces de son répertoire, à en promouvoir le rayonnement national et international et à assurer la continuité d’une troupe de comédiens. A ce titre elle est en droit, en application de l’article 7 de la loi no 78-17 du 6 janvier 1978, de fournir toutes informations sur son histoire et notamment des biographies résumant la vie professionnelle des comédiens faisant ou ayant fait partie de la troupe, assorties de photographies permettant de les identifier. La comédie française était donc autorisée à utiliser l’image de ses pensionnaires actuels et passés, sur son site Internet.
Concernant les droits patrimoniaux de Mme X, les juges ont rappelé que la Comédie française avait la qualité de producteur au sens de la loi et qu’en application de l’article L.212-4 du Code de la propriété intellectuelle (1), elle avait acquis les droits de Mme X.

(1) En raison de sa situation de famille et de ses grossesses (2) « La signature du contrat conclu entre un artiste interprète et un producteur pour la réalisation d’une oeuvre audiovisuelle vaut autorisation de fixer, reproduire et communiquer au public la prestation de l’artiste interprète. Ce contrat fixe une rémunération distincte pour chaque mode d’exploitation de l’oeuvre ».

Mots clés : artistes interprètes

Thème : Droit des artistes interpretes

A propos de cette jurisprudence : juridiction :  Cour d’appel de Paris | Date. : 19 juin 2008 | Pays : France

Questions / Réponses juridiques

Quel était le statut de Mme X au sein de la Comédie Française ?

Mme X a été engagée en tant qu’artiste dramatique intermittent du spectacle par la Comédie Française, avec un contrat à durée indéterminée et le statut de pensionnaire.

Ce statut lui conférait des droits spécifiques en tant qu’artiste, notamment en matière de protection contre le licenciement abusif.

Les artistes pensionnaires de la Comédie Française bénéficient d’une reconnaissance particulière, leur permettant de participer à des productions théâtrales tout en ayant une certaine sécurité d’emploi.

Pourquoi Mme X a-t-elle saisi le Conseil de prud’hommes ?

Mme X a saisi le Conseil de prud’hommes pour contester son licenciement, qu’elle a qualifié de discriminatoire, et pour faire interdire l’exploitation de son image par la Comédie Française.

Elle a soutenu que son licenciement était fondé sur une insuffisance artistique, mais a également avancé des arguments de discrimination liés à sa situation de famille et à ses grossesses.

Cette démarche visait à obtenir réparation pour ce qu’elle considérait comme une injustice professionnelle.

Quel a été le résultat de la contestation du licenciement de Mme X ?

Mme X a obtenu gain de cause concernant son licenciement, car le Conseil de prud’hommes a jugé que celui-ci était dépourvu de cause réelle et sérieuse.

L’absence de motifs vérifiables, notamment des critères artistiques, a été déterminante dans cette décision.

Cela souligne l’importance pour les employeurs de justifier leurs décisions de licenciement par des éléments concrets et vérifiables.

Qu’en est-il du droit à l’image de Mme X ?

Concernant son droit à l’image, Mme X a été déboutée. La Comédie Française, en tant qu’institution culturelle de service public, a le droit d’utiliser l’image de ses pensionnaires.

Cette utilisation est encadrée par l’article 7 de la loi no 78-17 du 6 janvier 1978, qui permet la diffusion d’informations sur l’histoire et la biographie des artistes.

Ainsi, la Comédie Française peut publier des photographies et des biographies de ses artistes sur son site Internet.

Quels sont les droits patrimoniaux de Mme X selon la décision des juges ?

Les juges ont rappelé que la Comédie Française avait la qualité de producteur au sens de la loi, ce qui lui confère des droits sur les œuvres des artistes.

En vertu de l’article L.212-4 du Code de la propriété intellectuelle, la Comédie Française a acquis les droits patrimoniaux de Mme X.

Cela signifie que la Comédie Française peut exploiter les œuvres de Mme X, ce qui inclut la fixation, la reproduction et la communication au public de ses prestations.

Quel est le cadre légal qui régit la relation entre artistes et producteurs ?

La relation entre artistes interprètes et producteurs est régie par des contrats qui définissent les modalités d’exploitation des œuvres.

La signature d’un contrat entre un artiste et un producteur vaut autorisation pour fixer, reproduire et communiquer au public la prestation de l’artiste.

Ce cadre légal assure que chaque mode d’exploitation de l’œuvre est accompagné d’une rémunération distincte, garantissant ainsi les droits des artistes.

 


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