Cour d’appel de Paris, 16 avril 2021
Cour d’appel de Paris, 16 avril 2021
Type de juridiction : Cour d’appel Juridiction : Cour d’appel de Paris Thématique : Rupture brutale du Contrat d’hébergement

Résumé

La rupture brutale d’un contrat d’hébergement de données, sans préavis, expose l’entreprise à des sanctions pour rupture abusive de relation commerciale. Dans le cas de la société Valtech, qui a mis fin à sa collaboration avec Efisens sans respecter un préavis, cette décision a été jugée comme un acte brutal. La relation commerciale, établie sur près de neuf ans, justifiait un préavis d’au moins dix mois. En conséquence, Valtech est tenue de réparer le préjudice subi par Efisens, évalué à 11.160 €, correspondant à la valeur ajoutée de l’activité durant la période de préavis non respectée.

Le contrat d’hébergement de données informatiques qui s’inscrit sur la durée ne peut être rompu sans préavis sous peine d’une condamnation pour rupture abusive de relation  commerciale.

La fourniture par la société Net Open Services puis la société Efisens pendant près de neuf années du service de l’hébergement de la plateforme Accor que lui sous-traitait la société Valtech sans interruption à la satisfaction apparente de cette dernière confère à cette relation commerciale un caractère habituel, stable et suivi, ayant permis à la société Efisens puis la société Net Open Services d’anticiper raisonnablement sa poursuite. Ces éléments achèvent de convaincre qu’il existait une relation commerciale établie entre la société Valtech d’une part et la société Net Open Services puis la société Efisens d’autre part.

La notification de rupture de la relation commerciale sans qu’il n’y ait eu d’autre écrit, n’a pas constitué un préavis utile au sens de l’article L.442-6 du Code de commerce. De ce fait, la notification par courrier de « mettre un terme à notre contrat en date d’effet immédiat » présente un caractère brutal et oblige en application de cet article L.442-6 la société Valtech à réparer le préjudice en résultant pour la société Efisens.

La durée de la relation commerciale aurait légitimé un préavis d’une durée de dix mois ; toutefois, l’indemnisation du préjudice subi par la société Efisens de la privation de ce préavis ne correspond pas au montant du chiffre d’affaires réalisé avec la société Valtech pendant une durée de dix mois mais prendre en considération le coût qu’aurait dû générer le service de cette prestation pendant cette durée de dix mois.

Au vu du rapport existant entre le chiffre d’affaires réalisé par la société Efisens au titre de l’exercice 2017 à hauteur de 12.490.000 € et le montant de la valeur ajoutée par l’activité de cette dernière à hauteur de 3.883.400 €, rapport qui s’établit à 31%, il est fait une juste appréciation de l’indemnisation du préjudice subi par la société Efisens résultant de la privation du préavis en la fixant à la somme de 11.160 € (36.000 € x 31%).

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Chat Icon