Type de juridiction : Cour d’appel
Juridiction : Cour d’appel de Lyon
Thématique : Liquidation judiciaire : évaluation des chances de redressement insuffisante
→ RésuméExposé du litigeLe tribunal de commerce de Saint-Etienne a placé la S.A.S. Boucherie Meknès en redressement judiciaire le 9 octobre 2024, à la demande de l’URSSAF Rhône Alpes, et a désigné la SELARL MJ Alpes comme mandataire judiciaire. Le 4 décembre 2024, ce redressement a été converti en liquidation judiciaire, avec la même SELARL désignée comme liquidateur. La société a interjeté appel de cette décision le 20 décembre 2024 et a assigné en référé la SELARL MJ Alpes et le ministère public pour demander l’arrêt de l’exécution provisoire. Arguments de la société Boucherie MeknèsDans son assignation, la société a fait valoir que sa dirigeante n’avait pas mis à jour son adresse au RCS, ce qui a conduit à des notifications à son ancien domicile et à son absence lors des audiences. Elle a demandé l’arrêt de l’exécution provisoire, arguant qu’elle pouvait poursuivre la période d’observation, citant un solde bancaire positif de 527 € et un prévisionnel de chiffre d’affaires de 535 400 € pour la première année. Observations du ministère publicLe ministère public a rendu un arrêt défavorable à l’arrêt de l’exécution provisoire, soulignant l’absence de trésorerie et un passif de 173 140 €. Il a également mentionné la gérance de fait par le mari de la gérante, ce qui a soulevé des doutes sur la capacité de la société à poursuivre son activité. Réponse de la SELARL MJ AlpesLa SELARL MJ Alpes a indiqué qu’elle n’avait pas pu contacter la dirigeante en raison de l’absence de mise à jour de son adresse. Elle a précisé qu’elle ne disposait d’aucun élément attestant de la capacité de la société à poursuivre son activité et a mentionné un passif de 173 140,60 €, dont une partie était ancienne. Motifs de la décisionLe tribunal a considéré que la demande d’arrêt de l’exécution provisoire ne reposait pas sur des moyens sérieux. Il a noté que la société n’avait pas fourni d’éléments suffisants pour prouver sa capacité à redresser sa situation financière, notamment en raison de l’absence de résultats comptables antérieurs et d’un prévisionnel basé sur un apport non justifié de 90 000 €. Le tribunal a conclu qu’il n’y avait pas de justification pour contester la décision de liquidation judiciaire. ConclusionLa demande d’arrêt de l’exécution provisoire a été rejetée, et les dépens de l’instance ont été mis à la charge de la société Boucherie Meknès, à utiliser pour les frais privilégiés de liquidation judiciaire. |
N° R.G. Cour : N° RG 24/00256 – N° Portalis DBVX-V-B7I-QC4Y
COUR D’APPEL DE LYON
JURIDICTION DU PREMIER PRESIDENT
ORDONNANCE DE REFERE
DU 20 Janvier 2025
DEMANDERESSE :
S.A.S. BOUCHERIE MEKNES
[Adresse 2]
[Localité 3]
Représentée par Me Frédéric HORDOT de la SCP BONIFACE-HORDOT-FUMAT-MALLON, avocat au barreau de SAINT-ETIENNE
DEFENDERESSES :
S.E.L.A.R.L. MJ ALPES en sa double qualité de Mandataire judiciaire de la SAS BOUCHERIE MEKNES et de liquidateur judiciaire
[Adresse 5]
[Localité 3]
non comparante, ni représentée à l’audience
Mme LA PROCUREURE GENERALE
[Adresse 1]
[Localité 4]
Audience de plaidoiries du 13 Janvier 2025
DEBATS : audience publique du 13 Janvier 2025 tenue par Pierre BARDOUX, Conseiller à la cour d’appel de Lyon, délégataire du Premier Président dans les fonctions qui lui sont spécialement attribuées selon ordonnance du 2 septembre 2024, assisté de Sylvie NICOT, Greffier.
ORDONNANCE : réputée contradictoire
prononcée le 20 Janvier 2025 par mise à disposition de l’ordonnance au greffe de la cour, les parties ayant été préalablement avisées dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l’article 450 du code de procédure civile;
signée par Pierre BARDOUX, Conseiller et Sylvie NICOT, Greffier, auquel la minute de la décision a été remise par le magistrat signataire.
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EXPOSE DU LITIGE
Par jugement réputé contradictoire du 9 octobre 2024, le tribunal de commerce de Saint-Etienne a placé la S.A.S. Boucherie Meknès en redressement judiciaire à la requête de l’URSSAF Rhône Alpes et désigné la SELARL MJ Alpes en qualité de mandataire judiciaire.
Par jugement réputé contradictoire du 4 décembre 2024, rendu sur la requête de ce mandataire judiciaire, cette juridiction a notamment converti le redressement judiciaire en liquidation judiciaire et désigné la SELARL MJ Alpes en qualité de liquidateur judiciaire.
La société Boucherie Meknès a interjeté appel de la décision le 20 décembre 2024.
Par actes des 26 et 27 décembre 2024, la société Boucherie Meknès a assigné en référé la SELARL MJ Alpes et le ministère public devant le premier président aux fins d’arrêt de l’exécution provisoire.
Par soit transmis du 8 janvier 2025, le ministère public a rendu un arrêt défavorable à l’arrêt de l’exécution provisoire compte tenu des éléments apportés par le liquidateur, notamment de la gérance de fait par le mari, qui a tout abandonné depuis, de l’absence de trésorerie et du passif de 173 140 €.
A l’audience du 13 janvier 2025 devant le délégué du premier président, les parties, régulièrement représentées, s’en sont remises à leurs écritures, qu’elles ont soutenues oralement.
Dans son assignation, la société Boucherie Meknès indique que sa dirigeante, Mme [S], n’a pas signalé son changement d’adresse au RCS, ce qui explique que l’intégralité des actes de la procédure, en ce compris le jugement d’ouverture, a été notifié à son ancien domicile et qu’elle n’a été ni présente ni représentée lors des deux audiences, ce qui explique qu’aucune période d’observation n’ait véritablement eu lieu.
Elle sollicite au visa de l’article R. 661-1 du code de commerce l’arrêt de l’exécution provisoire du jugement de liquidation judiciaire. Elle soutient être en mesure de poursuivre la période d’observation puisqu’au 11 décembre 2024, son compte bancaire était créditeur de la somme de 527 € et que le prévisionnel qu’elle a fait établir par le cabinet d’expertise comptable B4 Consulting fait apparaître pour la 1ère année un chiffre d’affaires de 535 400 € et un résultat net comptable de 148 241 €.
Dans ses observations du 8 janvier 2025, régulièrement portées à la connaissance des parties lors de l’audience, le ministère public en joignant une note du liquidateur judiciaire indique que le maintien de l’exécution provisoire s’impose au regard notamment de l’absence de trésorerie et d’un passif de 173 140 € et de la gérance de fait par le mari de la gérante.
Dans un courrier du 3 janvier 2025 reçu au greffe le 8 janvier 2025, régulièrement porté à la connaissance de la société Boucherie Meknès, la SELARL MJ Alpes relate qu’elle n’a pu avoir de contact avec la dirigeante de la société concernée, qui n’avait pas fait changer son adresse auprès du greffe du tribunal de commerce. Elle indique ne disposer d’aucun élément permettant d’attester d’une capacité de la société Boucherie Meknès à poursuivre son activité et que la dirigeante s’est présentée en son étude le 13 décembre 2024 pour expliquer les raisons des difficultés économiques de l’entreprise.
Elle précise que le passif déclaré s’élève à la somme de 173 140,60 € dont 107 870,04 € à titre échu et comprend des dettes anciennes.
Elle s’interroge sur le prévisionnel présenté appuyé sur un apport hypothétique de 90 000 € et joint à son courrier différentes pièces dont la requête en conversion du redressement judiciaire en liquidation judiciaire, son rapport sur la poursuite d’activité déposé pour l’audience du 4 décembre 2024 et un tableau des déclarations de créances au 3 janvier 2025.
La SELARL MJ Alpes, régulièrement assignée par acte remis en l’étude du commissaire de justice significateur, n’a pas comparu.
Pour satisfaire aux dispositions de l’article 455 du Code de procédure civile, il est expressément renvoyé, pour plus de précisions sur les faits, prétentions et arguments des parties, à la décision déférée, aux conclusions régulièrement déposées et ci-dessus visées, comme pour l’exposé des moyens à l’énoncé qui en sera fait ci-dessous dans les motifs.
PAR CES MOTIFS
Nous, Pierre Bardoux, délégué du premier président, statuant publiquement, en référé, par ordonnance réputée contradictoire,
Vu la déclaration d’appel du 20 décembre 2024,
Rejetons la demande d’arrêt de l’exécution provisoire présentée par la S.A.S. Boucherie Meknès,
Disons que les dépens de la présente instance seront employés en frais privilégiés de liquidation judiciaire.
LE GREFFIER LE MAGISTRAT DELEGUE
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