Cour d’appel de Dijon, 4 février 2020
Cour d’appel de Dijon, 4 février 2020

Type de juridiction : Cour d’appel

Juridiction : Cour d’appel de Dijon

Thématique : Se sortir d’un chantage au mot de passe

Résumé

Un ancien salarié a été contraint de restituer à son employeur tous les mots de passe et données qu’il retenait en tant que moyen de pression. Ce dernier, concepteur d’une solution de surveillance pour la SNCF, empêchait son ancien employeur d’exécuter son contrat. En réponse, l’employeur a déposé une requête auprès du Tribunal judiciaire, invoquant l’article 145 du code de procédure civile. Le juge a reconnu un motif légitime pour ordonner des mesures d’instruction, soulignant le risque de perte de preuves essentielles détenues par l’ancien salarié.

L’un de vos partenaires ou un salarié conserve des mots de passe paralysant ainsi votre activité ? L’ordonnance sur requête est le moyen de vous sortir de cette situation.

Affaire
SNCF

Un concepteur de logiciels de sécurité a été condamné à
communiquer à son ancien employeur, tous les codes d’accès et images qu’il
avait conservées à titre de moyen de pression. Ce dernier avait conçu une solution
informatique destinée à surveiller les passages à niveau de la SNCF et prévenir
tout incident.

Recours
à l’article 145 du code de procédure civile

Reprochant à son ancien
salarié de refuser de lui fournir les codes d’accès au système
informatique depuis la fin de leurs relations contractuelles et de refuser de lui
restituer les images et vidéos captées ainsi que les données et informations
traitées via le dispositif installé, étant ainsi le seul à pouvoir accéder au
logiciel installé sur le site de la SNCF, et de l’empêcher d’exécuter son
propre contrat à l’égard de la SNCF et de lui facturer des prestations, l’employeur
a déposé une requête auprès du Président du Tribunal judiciaire, sur le
fondement de l’article 145 du code de procédure civile.

Pouvoirs
du juge

Saisi sur ce fondement, il appartient au juge, en
application des articles 493 à 497 du code de procédure civile, de rechercher
s’il existe un motif légitime de recourir à une mesure d’instruction, de
vérifier si la requête expose les circonstances exigeant que la mesure
sollicitée ne soit pas prise contradictoirement, puis de vérifier si les
mesures de constat sollicitées ne relèvent pas des mesures d’investigation
générales excédant les prévisions de l’article 145 du code de procédure civile. L’existence du motif légitime requis par l’article
145 du code de procédure civile s’apprécie au jour du dépôt de la requête
initiale, mais à la lumière des éléments de preuve produits à l’appui de la
requête et de ceux produits ultérieurement. Le référé à fin de rétractation
d’une ordonnance sur requête n’est pas subordonné à l’absence de contestation
sérieuse.

Dans le cas d’espèce, sans avoir à se prononcer sur la propriété du logiciel créé, le juge des référés a considéré qu’il existait pour la société requérante un motif légitime justifiant l’instauration des mesures d’instruction sollicitées, la mission de l’huissier de justice étant circonscrite dans son objet et le risque de dépérissement des preuves tenant à la perte des documents détenus par l’ancien salarié. Télécharger la décision

 


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