Type de juridiction : Cour d’appel
Juridiction : Cour d’appel d’Aix-en-Provence
Thématique : Motivation et conformité dans le cadre des mesures d’éloignement administrative
→ RésuméProcédure et moyensLes articles L 740-1 et suivants du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) ont été invoqués dans cette affaire. Un arrêté du préfet du Var, daté du 5 novembre 2024, a imposé à Monsieur [P] [B] l’obligation de quitter le territoire national, notifié le 6 novembre 2024. Par la suite, une décision de placement en rétention a été prise le 18 décembre 2024, notifiée le 20 décembre 2024. Le 25 décembre 2024, un magistrat a ordonné le maintien de Monsieur [P] [B] dans des locaux ne relevant pas de l’administration pénitentiaire. Un appel a été interjeté par Monsieur [P] [B] le 26 décembre 2024. Déclarations de Monsieur [P] [B]Monsieur [P] [B] a expliqué qu’il réside en France depuis 2008, hébergé par sa sœur, et qu’il travaille dans le bâtiment. Il a exprimé son refus de retourner dans son pays d’origine, soulignant qu’il n’y a pas de famille pour l’accueillir et qu’il souffre de problèmes de santé. Lors de son interpellation, des médicaments et un petit couteau ont été trouvés sur lui. Il a également mentionné avoir été agressé par un groupe de personnes et avoir réagi en se défendant. Il a admis consommer de l’alcool et a reconnu que sa sœur n’était pas fière de son comportement. Plaidoirie de l’avocateL’avocate de Monsieur [P] [B], Me Aziza DRIDI, a soulevé plusieurs irrecevabilités lors de sa plaidoirie. Elle a contesté la validité de la procédure, notamment l’absence d’attestation de conformité et le manque de précisions sur le refus d’embarquer pour le Maroc. Elle a également signalé un délai de transfert excessif et l’absence de mise à jour du registre. Elle a demandé l’infirmation de l’ordonnance du juge et la mise en liberté de son client. Motifs de la décisionLa recevabilité de l’appel n’a pas été contestée. Le jugement doit être motivé pour garantir que les prétentions des justiciables sont examinées de manière équitable. Monsieur [P] [B] avait des antécédents judiciaires, ayant été condamné pour des infractions liées aux stupéfiants et au port d’armes. Le préfet du Var a ordonné son éloignement du territoire français et son placement en rétention administrative. En première instance, son avocat a plaidé la nullité du placement en raison de plusieurs irrégularités procédurales. Conclusion de la décisionLe juge a constaté que les moyens relatifs à l’attestation de conformité et au registre n’avaient pas été traités. L’absence de motivation a conduit à l’annulation de l’ordonnance de placement en rétention. La mainlevée de la mesure a été ordonnée, tout en rappelant à Monsieur [P] [B] son obligation de quitter le territoire national. Les parties ont été informées de leur droit de se pourvoir en cassation dans un délai de deux mois. |
COUR D’APPEL D’AIX-EN-PROVENCE
CHAMBRE 1-11, Rétention Administrative
ORDONNANCE
DU 28 DÉCEMBRE 2024
N° RG 24/02133 – N° Portalis DBVB-V-B7I-BOE6X
Copie conforme
délivrée le 27 Décembre 2024 par courriel à :
-l’avocat
-le préfet
-le CRA
-le JLD/TJ
-le retenu
-le MINISTÈRE PUBLIC
Décision déférée à la Cour :
Ordonnance rendue par le magistrat désigné pour le contrôle des mesures d’éloignement et de rétention de Nice en date du 25 Décembre 2024 à 14h05.
APPELANT
Monsieur [P] [B]
né le 08 Mars 1973 à [Localité 11] (99)
de nationalité Marocaine
Comparant en visioconférence depuis le centre de rétention administrative de [Localité 9] en application des dispositions de la loi n°2024-42 du 26 janvier 2024.
Assisté de Maître Aziza DRIDI, avocat au barreau de GRASSE, choisi.
Et de Monsieur [D] [R], interprète en langue arabe, inscrit sur la liste des experts de la cour d’appel de Aix-en-Provence
INTIMÉE
PREFET DU VAR
Avisé, non représenté
MINISTÈRE PUBLIC
Avisé, non représenté
******
DÉBATS
L’affaire a été débattue en audience publique le 27 Décembre 2024 devant Madame Erika BROCHE, Conseiller à la cour d’appel déléguée par le premier président par ordonnance, assistée dde Madame Himane EL FODIL, Greffière,
ORDONNANCE
Réputée contradictoire,
Prononcée par mise à disposition au greffe le 28 Décembre 2024 à 10h10,
Signée par Madame Erika BROCHE, Conseiller et Madame Himane EL FODIL, Greffière,
PROCÉDURE ET MOYENS
Vu les articles L 740-1 et suivants du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) ;
Vu l’arrêté portant obligation de quitter le territoire national pris le 05 novembre 2024 par PRÉFET DU VAR , notifié le 06 novembre 2024 11h15;
Vu la décision de placement en rétention prise le 18 décembre 2024 par PRÉFET DU VAR notifiée le 20 décembre 2024 à 07h54;
Vu l’ordonnance du 25 Décembre 2024 rendue par le magistrat désigné pour le contrôle des mesures d’éloignement et de rétention décidant le maintien de Monsieur [P] [B] dans des locaux ne relevant pas de l’administration pénitentiaire ;
Vu l’appel interjeté le 26 Décembre 2024 à 13h20 par Monsieur [P] [B] ;
Monsieur [P] [B] a comparu et a été entendu en ses explications. Il déclare ‘ Je suis en France depuis 2008, j’habite chez ma soeur qui m’héberge. Je travaille dans le bâtiment. Je fais de la peinture. Je ne veux pas rentrer au pays car je n’ai pas de famille là-bas. J’ai des soucis de santé, je prends des médicaments pour mes maux de tête. Quand on m’a interpellé on a trouvé sur moi des médicaments et un petit couteau qui me sert pour manger car je n’ai pas de dents. Mon père est décédé. J’habitais dans un quartier [Adresse 4] et un groupe de personnes 5 ou 6 m’ont agressé, j’ai trouvé une barre et je les ai frappé avec. Je bois un peu d’alcool. En détention, rien ne s’est passé. Tous mes frères et soeurs ont des papiers français. Ma soeur n’est pas très fière de mon comportement. J’ai un hébergement chez ma soeur. J’ai un passeport périmé et je ne l’ai pas refait’.
Me Aziza DRIDI est entendue en sa plaidoirie : ‘Monsieur est en rétention depuis quelques jours. Je suis son dossier depuis l’appel. Je soulève des irrecevabilités. Le magistrat du siège n’a pas répondu à tous les moyens. La procédure ne contient pas l’attestation de conformité. Monsieur aurait refusé d’embarquer pour le Maroc or, cette attestation ne précise pas les raisons du refus. Il y a un délai de transfert qui apparaît excessif. De [Localité 8], il est venu au CRA. Il affirme ne pas avoir refusé d’embarquer. Monsieur a pris le transport sans qu’un procès-verbal de transport ne soit dressé. Le registre n’est pas actualisé. Monsieur a posé une requête en contestation qui n’est pas mentionné dans le registre alors que la préfecture y a répondu. L’attestation de conformité est une pièce utile. Je vous demande d’infirmer l’ordonnance du juge et de prononcer la mise en liberté de monsieur.’
Le représentant de la préfecture n’a pas comparu et ne s’est pas fait représenter.
PAR CES MOTIFS
Statuant publiquement par décision Réputé contradictoire en dernier ressort, après débats en audience publique,
Déclarons le moyen de nullité du jugement recevable ;
Annulons le jugement déféré pour défaut de motivation ;
Ordonnons la mainlevée de la mesure de rétention administrative ;
Rappelons à [P] [B] son obligation de quitter le territoire national,
Les parties sont avisées qu’elles peuvent se pourvoir en cassation contre cette ordonnance dans un délai de 2 mois à compter de cette notification, le pourvoi devant être formé par déclaration au greffe de la Cour de cassation, signé par un avocat au conseil d’Etat ou de la Cour de cassation.
Le greffier Le président
Reçu et pris connaissance le :
Monsieur [P] [B]
Assisté d’un interprète
COUR D’APPEL D’AIX-EN-PROVENCE
Chambre 1-11, Rétentions Administratives
[Adresse 10] , bureau 443
Téléphone : [XXXXXXXX02] – [XXXXXXXX03] – [XXXXXXXX01]
Courriel : [Courriel 5]
Aix-en-Provence, le 27 Décembre 2024
À
– PRÉFET DU VAR
– Monsieur le directeur du centre de rétention administrative de [Localité 9]
– Monsieur le procureur général
– Monsieur le greffier du Juge des libertés et de la détention de NICE
– Maître Aziza DRIDI
NOTIFICATION D’UNE ORDONNANCE
J’ai l’honneur de vous notifier l’ordonnance ci-jointe rendue le 27 Décembre 2024, suite à l’appel interjeté par :
Monsieur [P] [B]
né le 08 Mars 1973 à [Localité 11] (99)
de nationalité Marocaine
Je vous remercie de m’accuser réception du présent envoi.
Le greffier,
VOIE DE RECOURS
Nous prions Monsieur le directeur du centre de rétention administrative de bien vouloir indiquer au retenu qu’il peut se pourvoir en cassation contre cette ordonnance dans un délai de 2 mois à compter de cette notification, le pourvoi devant être formé par déclaration au greffe de la Cour de cassation.
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