Cour administrative d’appel de Paris, 26 juin 2019 19PA01234
Cour administrative d’appel de Paris, 26 juin 2019 19PA01234

Type de juridiction : Cour administrative d’appel

Juridiction : CAA de Paris

Résumé

Les virements importants vers l’étranger, notamment dans le secteur audiovisuel, sont soumis à une surveillance fiscale accrue. Une société française de production cinématographique a été redressée pour avoir transféré près de 100 000 euros à une entreprise chypriote pour des services de tournage à Moscou. Ce montant était assujetti à la retenue à la source selon l’article 182 B du code général des impôts. La société a tenté, sans succès, de se prévaloir d’une convention fiscale pour éviter la double imposition, mais les documents fournis n’ont pas permis de justifier la destination finale des fonds.

Les virements importants vers l’étranger, y compris en matière de production audiovisuelle, font l’objet d‘une surveillance particulière par l’administration fiscale.

Exemple de redressement fiscal

Une société basée en France, exerçant une activité de production de films pour le cinéma, a fait l’objet, d’une vérification de comptabilité à l’issue de laquelle l’administration lui a assigné une cotisation de retenue à la source, en application de l’article 182 B du code général des impôts (près de 100 000 euros).

Conditions de la retenue à la source

Aux termes de l’article 182 B du code général des impôts, donnent lieu à l’application d’une retenue à la source lorsqu’ils sont payés par un débiteur qui exerce une activité en France à des personnes ou des sociétés, relevant de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés, qui n’ont pas dans ce pays d’installation professionnelle permanente : i) Les sommes versées en rémunération d’une activité déployée en France dans l’exercice de l’une des professions mentionnées à l’article 92 ; ii) Les produits définis à l’article 92 et perçus par les inventeurs ou au titre de droits d’auteur, ceux perçus par les obtenteurs de nouvelles variétés végétales au sens des articles L. 623-1 à L. 623-35 du code de la propriété intellectuelle ainsi que tous produits tirés de la propriété industrielle ou commerciale et de droits assimilés ; iii) Les sommes payées en rémunération des prestations de toute nature fournies ou utilisées en France (…).

Rémunération obscure d’un prestataire

La société condamnée avait viré près de 100 000 euros, en rémunération de services de tournage d’un film rendus à Moscou, sur le compte bancaire d’une société basée à chypre. Cette somme était passible de la retenue à la source prévue à l’article 182 B du code général des impôts. La société de production s’est prévalue sans succès de l’article 7 de la convention du 18 décembre 1981 conclue entre la France et la République de Chypre en vue d’éliminer les doubles impositions. Les pièces présentées au juge, au demeurant en langue étrangère, ne permettaient pas d’établir la destination finale des fonds.

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Questions / Réponses juridiques

Quels types de virements sont surveillés par l’administration fiscale ?

L’administration fiscale surveille particulièrement les virements importants vers l’étranger, notamment dans le domaine de la production audiovisuelle. Cette vigilance s’explique par le risque de fraude fiscale et d’évasion fiscale,

qui peuvent survenir lorsque des sommes importantes sont transférées à des entités situées à l’étranger. Les autorités fiscales cherchent à s’assurer que les entreprises respectent leurs obligations fiscales, notamment en matière de retenue à la source.

Cette surveillance est renforcée pour les transactions qui pourraient impliquer des revenus générés en France mais transférés à l’étranger, ce qui pourrait échapper à l’imposition française.

Qu’est-ce que la retenue à la source selon l’article 182 B ?

L’article 182 B du code général des impôts stipule que certaines sommes versées par un débiteur exerçant une activité en France à des personnes ou sociétés sans installation professionnelle permanente dans le pays sont soumises à une retenue à la source.

Cela inclut les rémunérations pour des activités exercées en France, les produits perçus au titre de droits d’auteur, ainsi que les paiements pour des prestations fournies ou utilisées en France.

Cette mesure vise à garantir que les revenus générés en France soient correctement imposés, même s’ils sont versés à des entités étrangères.

Quel a été le cas de redressement fiscal mentionné dans le texte ?

Le cas de redressement fiscal évoqué concerne une société française de production de films qui a été soumise à une vérification de comptabilité. À l’issue de cette vérification, l’administration fiscale a imposé une cotisation de retenue à la source d’environ 100 000 euros.

Cette somme était liée à des paiements effectués pour des services de tournage d’un film à Moscou, ce qui a conduit à des questions sur la conformité de ces virements avec les obligations fiscales françaises.

Le redressement a mis en lumière l’importance de respecter les règles fiscales lors de transactions internationales.

Pourquoi la société de production a-t-elle échoué à se défendre ?

La société de production a tenté de se défendre en invoquant l’article 7 de la convention du 18 décembre 1981 entre la France et Chypre, qui vise à éviter les doubles impositions. Cependant, sa défense a été jugée insuffisante.

Les pièces présentées au juge, qui étaient en langue étrangère, n’ont pas permis d’établir clairement la destination finale des fonds transférés.

Cela a conduit à la conclusion que la société n’avait pas respecté ses obligations fiscales, entraînant ainsi le redressement fiscal.

Quelles sont les implications de ce cas pour les entreprises ?

Ce cas souligne l’importance pour les entreprises, en particulier celles opérant à l’international, de bien comprendre et respecter les obligations fiscales liées aux virements à l’étranger.

Les entreprises doivent s’assurer que les paiements effectués pour des services ou des produits sont conformes aux réglementations fiscales en vigueur, notamment en ce qui concerne la retenue à la source.

Un manquement à ces obligations peut entraîner des redressements fiscaux significatifs, des pénalités et des complications juridiques, ce qui peut avoir un impact financier et opérationnel important sur l’entreprise.

 


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