L’Essentiel : Dans l’affaire opposant Céline à Mango, la contrefaçon et le parasitisme ont été mis en avant, notamment concernant des modèles emblématiques tels que les sacs Clasp et les lunettes Shadow. Ces produits, ayant bénéficié d’importants investissements publicitaires, sont considérés comme des valeurs économiques individualisées. Les modèles de Mango, commercialisés peu après ceux de Céline, évoquent la notoriété de cette dernière, entraînant un préjudice moral et économique. La cour a ainsi retenu des agissements parasitaires, condamnant Mango à verser 2 millions d’euros à Céline pour dommages et intérêts, soulignant l’impact de ces pratiques sur l’image de marque. |
En matière de contrefaçon, pensez également à fonder votre action sur le parasitisme. La protection des modèles phares d’une collection dispose désormais d’une protection autonome. Inspiration fautiveDans l’affaire opposant la société Céline à Mango, le parasitisme a été retenu au titre de la reprise des modèles suivants : les lunettes Shadow, le sac Grand Cabas Clasp, le sac Cabas Clasp et le sac Clasp qui ont fait l’objet d’investissements publicitaires importants. Les sacs de la ligne «’16’» ont fait quant à eux l’objet d’une importante publicité dans la presse généraliste ou féminine en 2019, un article dans le magazine Le Point consacré indiquant que le sac 16 fait «’exploser le buzzomètre de désirabilité de Céline’». Plusieurs publications de presse parues au cours du printemps et de l’été 2017 notamment françaises citent les lunettes Edge qui sont en couverture du numéro de juillet 2017 du magazine Vogue. Les boucles d’oreille Reef ont fait également l’objet de plusieurs citations dans la presse féminine française notamment au cours de l’année 2017. Des valeurs économiques individualiséesL’ensemble de ces éléments démontrent que les modèles précités sont des produits phares de la société Céline, bénéficient d’une certaine notoriété et constituent ainsi des valeurs économiques individualisées, ce quand bien même la société Céline ne fournit pas les chiffres des ventes pour chacun d’entre eux. Date de commercialisation fautiveIl en ressort également que les produits vendus par les sociétés Mango dans les boutiques en France ou sur le site shop.mango.com sont pour la plupart commercialisés concomitamment à ceux de la société Céline, la circonstance que certains articles des sociétés appelantes soient vendus plusieurs années après le lancement de modèles Céline étant inopérante, ces modèles Céline étant toujours commercialisés au moment où l’étaient également les articles des sociétés Mango France et Punto Fa. Si les comparaisons des modèles en cause opérées ci-avant, font que ces reprises, prises individuellement, ne sont pas en soi fautives, les modèles Mango sont toutefois très inspirés des modèles commercialisés par la société Céline et sont pour la plupart commercialisés peu après leur présentation lors d’un défilé (cuissardes, boucles d’oreilles Reef, lunettes Edge, sac Big Bag) ou peu après leur lancement et mises en avant dans la presse à cette occasion (sacs 16 notamment). La circonstance que certains modèles tels le sac filet, les bottes hautes et les lunettes Fenix sont indisponibles en France sur le site shop.mango.com est indifférente, la présentation de ces marchandises sur ce site dont les pages sont en français, les prix libellés en euros sont, malgré l’absence de preuve de commercialisation, susceptibles de constituer des actes de parasitisme si ces articles reprennent notamment les éléments de présentation caractéristiques de produits notoires. L’effet de gamme sanctionnéEnfin, les modèles repris par les sociétés appelantes sont pour la plupart issus d’une même collection’:
caractérisant ainsi un effet de gamme par la commercialisation des sacs Cecile et Pauline ou des cuissardes fourrées et la ceinture par les appelantes. L’absence de rencontre fortuiteCes reprises répétées par les sociétés Punto Fa et Mango France de produits à succès de la société Céline ne peuvent être considérées comme fortuites, celles-ci tendent à générer une évocation des produits de la société Céline dans l’esprit de leur clientèle, et ainsi à profiter sans bourse délier des investissements et de la notoriété des articles de la société Céline pour vendre leurs propres produits, les circonstances que les produits portent la marque Mango ou n’aient pas rencontré une réussite commerciale étant indifférentes à écarter les actes fautifs. Agissements parasitaires retenusLes agissements parasitaires des sociétés Punto Fa et Mango France sont en conséquence caractérisés. Les pratiques déloyales consistant à reprendre les efforts et les investissements, intellectuels, matériels ou promotionnels d’un concurrent, qui ont un coût en ce qu’ils permettent à l’auteur de ces pratiques de s’épargner une dépense en principe obligatoire, induisent un avantage concurrentiel indu dont les effets, en termes de trouble économique, sont difficiles à quantifier avec les éléments de preuve disponibles. Les actes de parasitismes causent également un préjudice moral à la société Céline en nuisant à la réputation et à l’image de la société Céline fondée sur le luxe et l’exclusivité (2 000 000 euros à titre de dommages et intérêts). |
Q/R juridiques soulevées : Qu’est-ce que le parasitisme en matière de contrefaçon ?Le parasitisme, dans le contexte de la contrefaçon, se réfère à l’exploitation des efforts et des investissements d’un concurrent sans compensation. Cela inclut la reprise de modèles ou de produits qui ont été développés et promus par une autre entreprise, en tirant profit de leur notoriété et de leur image de marque. Dans le cas de la société Céline, le parasitisme a été invoqué contre Mango pour la reprise de modèles emblématiques tels que les lunettes Shadow et divers sacs. Ces produits avaient bénéficié d’importants investissements publicitaires, ce qui a renforcé leur notoriété sur le marché.Quels modèles ont été concernés par l’affaire Céline contre Mango ?L’affaire entre Céline et Mango a mis en lumière plusieurs modèles spécifiques qui ont été jugés inspirés par les créations de Céline. Parmi ceux-ci, on trouve les lunettes Shadow, le sac Grand Cabas Clasp, le sac Cabas Clasp, et le sac Clasp. Ces modèles ont été identifiés comme des produits phares de Céline, ayant fait l’objet d’une publicité significative, notamment dans des magazines de mode. Par exemple, le sac 16 a été décrit dans un article du magazine Le Point comme ayant « explosé le buzzomètre de désirabilité de Céline » en 2019.Comment la notoriété des modèles influence-t-elle leur protection juridique ?La notoriété des modèles joue un rôle crucial dans leur protection juridique. Dans le cas de Céline, les modèles concernés ont été reconnus comme des valeurs économiques individualisées, même sans chiffres de vente précis fournis par la société. Cette reconnaissance de notoriété permet de renforcer la protection juridique contre le parasitisme, car elle établit que ces modèles ont une valeur sur le marché et que leur exploitation par d’autres entreprises peut causer un préjudice économique et moral à la marque originale.Quel est l’impact de la date de commercialisation sur l’affaire ?La date de commercialisation des produits est un facteur clé dans l’affaire. Les produits de Mango ont été commercialisés en même temps que ceux de Céline, ce qui a été jugé problématique. Bien que certains articles de Mango aient été lancés plusieurs années après les modèles de Céline, cela n’a pas été considéré comme une défense valable. Les modèles de Céline étaient toujours sur le marché au moment où les produits de Mango étaient également disponibles, ce qui a renforcé l’argument selon lequel Mango s’est inspiré des créations de Céline.Quelles collections ont été impliquées dans l’affaire ?L’affaire a concerné plusieurs collections de Céline, notamment : – La collection printemps-été 2017, qui incluait les lunettes Edge et les sacs Grand Cabas Clasp. – La collection automne-hiver 2017, avec des modèles comme les boucles d’oreille Reef. – La collection automne-hiver 2019, qui a introduit des cuissardes Manon. – La collection printemps-été 2019, qui a mis en avant le sac à main « 16 ». Ces collections ont été identifiées comme ayant un effet de gamme, ce qui a contribué à la perception de parasitisme.Comment les agissements de Mango ont-ils été qualifiés ?Les agissements de Mango et de Punto Fa ont été qualifiés de parasitaires, car ils ont consisté à reprendre les efforts et les investissements de Céline sans compensation. Ces pratiques déloyales ont permis à Mango de bénéficier d’un avantage concurrentiel indu, en profitant de la notoriété et des efforts promotionnels de Céline. Cela a également causé un préjudice moral à Céline, nuisant à son image de marque de luxe et d’exclusivité.Quelles conséquences ont été envisagées pour les actes de parasitisme ?Les actes de parasitisme ont conduit à des demandes de dommages et intérêts, avec une somme de 2 000 000 euros envisagée pour compenser le préjudice moral subi par Céline. Ce montant reflète non seulement les pertes économiques potentielles, mais aussi l’impact sur la réputation de la marque, qui repose sur des valeurs de luxe et d’exclusivité. Les conséquences de ces actes peuvent être difficiles à quantifier, mais elles sont significatives pour la marque lésée. |
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