L’Essentiel : Dans l’affaire opposant la SARL FRANCE FLUIDES à la SAS DALTA SA, la première accuse la seconde de contrefaçon de marque pour l’utilisation non autorisée de ses marques « Ordax » et « Pat’Max ». Le tribunal a rejeté la demande de rétractation de DALTA concernant une saisie-contrefaçon. En appel, la cour a confirmé cette décision, et DALTA a ensuite demandé un sursis à statuer, qui a été jugé sans objet après son désistement. Le juge a considéré que la stratégie de recours de DALTA n’était pas abusive, renvoyant l’affaire à une audience ultérieure tout en réservant les dépens.
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Y compris en droit des marques, le caractère dilatoire de l’incident en sursis à statuer ne saurait être retenu, la demande du défendeur à la contrefaçon de marque s’inscrivant dans une stratégie de recours usuels en la matière ne présentant pas de caractère abusif même s’ils ont été jugés non fondés.
Résumé de l’affaire :
Contexte de l’affaireLa SARL FRANCE FLUIDES a assigné la SAS DALTA SA devant le tribunal judiciaire de Bordeaux pour contrefaçon de marque, alléguant l’usage non autorisé de ses marques « Ordax » et « Pat’Max », déposées respectivement le 05 septembre 2019 et le 31 mai 2022. Décisions judiciaires initialesLe 04 septembre 2023, le président du tribunal a rejeté la demande de rétractation de la SAS DALTA SA concernant une ordonnance autorisant la SARL FRANCE FLUIDES à procéder à une saisie-contrefaçon. La SAS DALTA SA a interjeté appel de cette décision le 19 octobre 2023. Demande de sursis à statuerLe 27 novembre 2023, la SAS DALTA SA a demandé au juge de la mise en état de surseoir à statuer en attendant la décision de la cour d’appel de Bordeaux. La SARL FRANCE FLUIDES a contesté cette demande par des conclusions datées du 20 février 2024. Confirmation de la décision en appelLe 03 mai 2024, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé la décision du juge des référés du 04 septembre 2023, maintenant ainsi la saisie-contrefaçon. Procédure de redressement judiciaireLe 25 juin 2024, le tribunal de commerce de Montauban a ouvert une procédure de redressement judiciaire au profit de la SARL FRANCE FLUIDES, désignant la SELARL MJ [W] ET ASSOCIES comme mandataire judiciaire. Désistement et acceptation de l’incidentLe 16 septembre 2024, la SAS DALTA SA a demandé au juge de constater l’extinction de l’instance d’incident qu’elle avait initiée, tandis que la SARL FRANCE FLUIDES et la SELARL MJ [W] ET ASSOCIES ont accepté ce désistement et ont demandé le renvoi de l’affaire au fond. Motifs de la décision finaleLe juge a constaté que la SAS DALTA SA avait renoncé à son incident, rendant la demande de sursis à statuer sans objet. Il a également rejeté la demande de la SARL FRANCE FLUIDES au titre de l’article 700 du code de procédure civile, considérant que la stratégie de recours de la SAS DALTA SA n’était pas abusive. Conséquences de la décisionLe juge de la mise en état a renvoyé l’affaire à l’audience de mise en état du 9 janvier 2025, avec injonction de conclure au défendeur, tout en réservant les dépens. La décision a été signée par la Vice-Présidente et le Greffier. REPUBLIQUE FRANÇAISE 28 octobre 2024
Tribunal judiciaire de Bordeaux RG n° 23/05151 N° RG 23/05151 – N° Portalis DBX6-W-B7H-X6UU
INCIDENT RME TRIBUNAL JUDICIAIRE DE BORDEAUX 1ERE CHAMBRE CIVILE N° de Minute : 2024/00 AFFAIRE : S.A.R.L. FRANCE FLUIDES C/ S.A.S. DALTA S.E.L.A.R.L. LA SELARL M.J. [W] & ASSOCIES Exécutoire Délivrée ORDONNANCE DU JUGE DE LA MISE EN ETAT Le VINGT HUIT OCTOBRE DEUX MIL VINGT QUATRE Caroline RAFFRAY, Vice-Présidente ORDONNANCE : Contradictoire, susceptible d’appel dans les conditions prévues à l’article 795 du Code de Procédure Civile, Vu la procédure entre : DEMANDERESSES A L’INCIDENT La société DALTA LA SELARL M.J. [W] & ASSOCIES Toutes deux représentées par Maître Emmanuelle MENARD de la SELARL RACINE BORDEAUX, avocat au barreau de BORDEAUX, avocat postulant, et par Maître Claire POIRSON de la SELARL SELARLU FIRSH, avocat au barreau de PARIS, avocat plaidant DEFENDERESSE A L’INCIDENT La société FRANCE FLUIDES Représentée par Maître Diane TRICOIRE, avocat au barreau de BORDEAUX, avocat plaidant EXPOSE DU LITIGE
Reprochant à la SAS DALTA SA l’usage non autorisé de ses marques “Ordax” et “Pat’Max” qu’elle a déposé les 05 septembre 2019 et 31 mai 2022, la SARL FRANCE FLUIDES, l’a, par acte du 16 juin 2023, fait assigner devant le tribunal judiciaire de Bordeaux en contrefaçon de marque et sur les fondements de la concurrence déloyale et du parasitisme. Par ordonnance du 04 septembre 2023, le président du tribunal judiciaire de Bordeaux a rejeté la demande de la SAS DALTA SA tendant à la rétractation de l’ordonnance du 17 mai de la même année par laquelle le président de ce tribunal avait autorisé la SARL FRANCE FLUIDES à opérer une saisie-contrefaçon chez la SAS DALTA SA. La SAS DALTA SA a interjeté appel de cette ordonnance le 19 octobre 2023. Par conclusions d’incident, notifiées par voie électronique le 27 novembre 2023, la SAS DALTA SA a demandé au juge de la mise en état de surseoir à statuer dans l’attente de la décision de la cour d’appel de Bordeaux. La SARL FRANCE FLUIDES s’est opposée à la demande de sursis à statuer suivant conclusions du 20 février 2024. Par arrêt rendu le 03 mai 2024, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé la décision rendue par le juge des référés le 04 septembre 2023. Par jugement du 25 juin 2024, le tribunal de commerce de Montauban a ouvert une procédure de redressement judiciaire au profit de la SARL FRANCE FLUIDES et la SELARL MJ [W] ET ASSOCIES a été désignée en qualité de mandataire judiciaire. Par conclusions d’incident notifiées par voie électronique le 16 septembre 2024, la SAS DALTA SA demande au juge de la mise en état de constater l’extinction de l’instance d’incident initiée par elle ainsi que le dessaisissement de la juridiction, de lui donner acte de son désistement d’instance d’incident, de juger que le désistement est parfait et de juger que chacune des parties conservera la charge de ses frais et dépens. Par conclusions d’incident notifiées par voie électronique le 19 juillet 2024, la SARL FRANCE FLUIDES et la SELARL MJ [W] ET ASSOCIES ès qualités demandent au juge de la mise en état de constater leur acceptation du désistement d’instance concernant la procédure d’incident initiée par la SAS DALTA SA, de renvoyer l’affaire au fond, de condamner la SAS DALTA SA à lui payer la somme de 3 000 euros au titre des frais irrépétibles et de condamner cette dernière aux dépens de l’instance éteinte en ce que la demande de sursis à statuer de la SAS DALTA SA avait un caractère dilatoire et par application de l’article 399 du code de procédure civile. MOTIFS DE LA DECISION
La SAS DALTA SA a renoncé, le 19 juillet 2024, à l’incident qu’elle avait formé le 27 novembre 2023. La cour d’appel de Bordeaux ayant statué le 03 mai 2024 sur le recours formé par la défenderesse contre l’ordonnance du juge des référés du 04 septembre 2023, le sursis à statuer initialement sollicité par elle dans l’attente de cette décision est en effet devenu sans objet. Le caractère dilatoire de l’incident en sursis à statuer ne saurait être retenu, la demande de la SA DALTA s’inscrivant dans une stratégie de recours usuels en la matière ne présentant pas de caractère abusif même s’ils ont été jugés non fondés. Par mesure d’équité, la demande de la SARL FRANCE FLUIDES et de la SELARL MJ [W] ET ASSOCIES ès qualités sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile sera rejetée. EN CONSEQUENCE Le juge de la mise en état, RENVOIE l’affaire à l’audience de mise en état du 9 janvier 2025 avec injonction de conclure au défendeur; REJETTE la demande de la SARL FRANCE FLUIDES et de la SELARL MJ [W] ET ASSOCIES ès qualités au titre de l’article 700 du code de procédure civile ; RESERVE les dépens. La présente décision est signée par Caroline RAFFRAY, Vice-Présidente, et David PENICHON, Greffier. LE GREFFIER LE JUGE DE LA MISE EN ETAT |
Q/R juridiques soulevées :
Quel est le contexte de l’affaire entre la SARL FRANCE FLUIDES et la SAS DALTA SA ?La SARL FRANCE FLUIDES a engagé une procédure judiciaire contre la SAS DALTA SA, l’accusant de contrefaçon de marque. Cette accusation repose sur l’utilisation non autorisée des marques « Ordax » et « Pat’Max », qui ont été déposées respectivement le 5 septembre 2019 et le 31 mai 2022. Cette action en justice a été initiée par la SARL FRANCE FLUIDES pour protéger ses droits de propriété intellectuelle et faire valoir ses intérêts commerciaux. La contrefaçon de marque est un sujet sérieux en droit des marques, car elle peut nuire à la réputation et à la valeur d’une entreprise. Quelles ont été les décisions judiciaires initiales concernant cette affaire ?Le 4 septembre 2023, le président du tribunal judiciaire de Bordeaux a rejeté la demande de rétractation de la SAS DALTA SA. Cette demande visait à annuler une ordonnance qui autorisait la SARL FRANCE FLUIDES à procéder à une saisie-contrefaçon. La SAS DALTA SA, insatisfaite de cette décision, a interjeté appel le 19 octobre 2023. Ce rejet initial a été un moment clé dans la procédure, car il a permis à la SARL FRANCE FLUIDES de continuer ses actions contre la SAS DALTA SA. Qu’est-ce que la demande de sursis à statuer et comment a-t-elle été traitée ?Le 27 novembre 2023, la SAS DALTA SA a demandé au juge de la mise en état de surseoir à statuer, c’est-à-dire de suspendre la procédure en attendant la décision de la cour d’appel de Bordeaux. Cette demande a été contestée par la SARL FRANCE FLUIDES, qui a fait valoir que le sursis n’était pas justifié. Le juge a finalement constaté que la demande de sursis à statuer était devenue sans objet, car la SAS DALTA SA avait renoncé à son incident. Cela a permis de clarifier la situation et de faire avancer l’affaire vers une résolution. Quelle a été la décision de la cour d’appel de Bordeaux ?Le 3 mai 2024, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé la décision du juge des référés rendue le 4 septembre 2023. Cette décision a maintenu la saisie-contrefaçon autorisée en faveur de la SARL FRANCE FLUIDES, renforçant ainsi sa position dans le litige. Cette confirmation par la cour d’appel a été un tournant important, car elle a validé les actions de la SARL FRANCE FLUIDES et a permis de poursuivre la procédure judiciaire sans interruption. Quelles ont été les conséquences de la décision finale du juge ?Le juge de la mise en état a renvoyé l’affaire à l’audience de mise en état prévue pour le 9 janvier 2025, avec injonction de conclure au défendeur. Cela signifie que la SAS DALTA SA devra répondre aux accusations et présenter sa défense. De plus, la demande de la SARL FRANCE FLUIDES au titre de l’article 700 du code de procédure civile a été rejetée, le juge considérant que la stratégie de recours de la SAS DALTA SA n’était pas abusive. Cette décision a permis de clarifier les responsabilités financières des parties dans le cadre de la procédure. Quel a été le rôle du tribunal de commerce de Montauban dans cette affaire ?Le 25 juin 2024, le tribunal de commerce de Montauban a ouvert une procédure de redressement judiciaire au profit de la SARL FRANCE FLUIDES. Ce redressement judiciaire a été une étape cruciale, car il a permis de protéger la société tout en lui offrant une chance de restructuration. La SELARL MJ [W] ET ASSOCIES a été désignée comme mandataire judiciaire, ce qui signifie qu’elle a été chargée de superviser la procédure de redressement et de veiller à ce que les intérêts des créanciers soient respectés. Cela a ajouté une dimension supplémentaire à l’affaire, en impliquant des considérations de droit commercial et de gestion des entreprises en difficulté. |
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