Conseil d’Etat, 4 décembre 2017, N° 400000
Conseil d’Etat, 4 décembre 2017, N° 400000

Type de juridiction : Conseil d’Etat

Juridiction : Conseil d’Etat

Résumé

Le Conseil d’Etat a confirmé la mise en demeure de L’ARCOM à l’encontre de C8 suite à un incident impliquant Cyril Hanouna. Lors d’une émission, l’animateur a incité une figurante à se laisser embrasser, malgré son refus. Ce comportement, accompagné de commentaires sur son physique, a été jugé inacceptable. Les juges ont souligné que le caractère humoristique d’un programme ne peut justifier des actes qui banalisent des comportements inappropriés. L’ARCOM a pour mission de garantir le respect des droits des femmes dans les médias, en luttant contre les stéréotypes et les violences faites aux femmes.

Atteinte à l’image des femmes

Le Conseil d’Etat a rejeté la demande de la société C8 d’annuler la mise en demeure adressée par l’ARCOM suite à un dérapage de l’animateur Cyril Hanouna. Ce dernier avait incité une figurante à se laisser embrasser par l’un des chroniqueurs, ce que celle-ci avait nettement refusé à deux reprises. Malgré ce refus réitéré, le chroniqueur l’avait néanmoins embrassée, par surprise, sur la poitrine. La séquence a été ponctuée de commentaires, notamment de l’animateur, relatifs au physique de la figurante. La société C8 n’a pas contesté le caractère déplacé de la séquence mais a mis en avant le caractère humoristique de l’émission et la difficulté de contrôler entièrement un programme en direct.

Limites du droit à l’humour

Les juges suprêmes ont rappelé que les éditeurs de service de communication audiovisuelle sont tenus de maîtriser en permanence leur antenne, la circonstance qu’un programme soit diffusé en direct devant conduire, à cet égard, à une vigilance particulière de l’animateur. Le caractère humoristique d’un programme n’est pas de nature à justifier une séquence qui ne peut que banaliser un comportement consistant à embrasser une femme contre sa volonté manifeste.

Droit de contrôle de l’ARCOM

l’ARCOM est tenu de garantir le respect des droits des femmes dans le domaine de la communication audiovisuelle (article 3-1 de la loi du 30 septembre 1986). A cette fin, il veille, d’une part, à une juste représentation des femmes et des hommes dans les programmes des services de communication audiovisuelle et, d’autre part, à l’image des femmes qui apparaît dans ces programmes, notamment en luttant contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les violences faites aux femmes et les violences commises au sein des couples. Dans ce but, il porte une attention particulière aux programmes des services de communication audiovisuelle destinés à l’enfance et à la jeunesse.

Intérêt de contester une mise en demeure de l’ARCOM

Il est toujours opportun de contester une mise en demeure de l’ARCOM. En effet, l’ARCOM ne peut prononcer une sanction contre le titulaire de l’autorisation qu’en cas de réitération d’un comportement ayant fait auparavant l’objet d’une mise en demeure par laquelle il a été au besoin éclairé sur ses obligations. Annuler une mise en demeure permet donc de renouveler un comportement fautif mineur, sans sanction.

A ce titre, se prononçant sur la conformité à la Constitution du texte adopté par le Parlement et qui allait devenir la loi du 17 janvier 1989 modifiant la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, le Conseil constitutionnel, par sa décision n° 88-248 DC du 17 janvier 1989, a estimé que les pouvoirs de sanction conférés par le législateur au ARCOM ne sont susceptibles de s’exercer qu’après mise en demeure des titulaires d’autorisation pour l’exploitation de services de communication audiovisuelle de respecter les obligations qui leur sont imposées par les textes législatifs et réglementaires, et faute pour les intéressés de respecter ces obligations ou de se conformer aux mises en demeure qui leur ont été adressées.

C’est sous réserve de cette interprétation que les articles en cause ont été déclarés conformes à l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 24 août 1789 et à l’article 34 de la Constitution. Cette réserve d’interprétation assure notamment le respect du principe de légalité des délits et des peines, consacré par l’article 8 de la Déclaration de 1789 et qui s’applique notamment devant les organismes administratifs dotés d’un pouvoir de sanction.

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Questions / Réponses juridiques

Quel incident a conduit à la mise en demeure de C8 par l’ARCOM ?

L’incident en question s’est produit lors d’une émission animée par Cyril Hanouna, où ce dernier a incité une figurante à se laisser embrasser par un chroniqueur.

Malgré le refus explicite de la figurante, qui a dit non à deux reprises, le chroniqueur a tout de même procédé à un baiser sur sa poitrine, ce qui a été perçu comme une atteinte à son intégrité.

Cette séquence a été accompagnée de commentaires sur le physique de la figurante, ce qui a soulevé des préoccupations quant à la représentation des femmes dans les médias.

Quelles sont les responsabilités des éditeurs de services de communication audiovisuelle ?

Les éditeurs de services de communication audiovisuelle, comme C8, ont la responsabilité de maîtriser le contenu diffusé sur leur antenne.

Les juges ont souligné que même si un programme est diffusé en direct, cela ne doit pas être une excuse pour négliger cette responsabilité.

Le caractère humoristique d’une émission ne peut justifier des comportements qui banalisent des actes inappropriés, comme embrasser une femme contre sa volonté.

Cette vigilance est essentielle pour protéger les droits et l’image des femmes dans les médias.

Quel est le rôle de l’ARCOM en matière de représentation des femmes ?

l’ARCOM a pour mission de garantir le respect des droits des femmes dans le domaine de la communication audiovisuelle, conformément à l’article 3-1 de la loi du 30 septembre 1986.

Il veille à une représentation équilibrée des femmes et des hommes dans les programmes, tout en luttant contre les stéréotypes et les préjugés sexistes.

l’ARCOM s’assure également que les images diffusées ne soient pas dégradantes et qu’elles ne véhiculent pas de violences faites aux femmes.

Cette vigilance est particulièrement importante dans les programmes destinés à l’enfance et à la jeunesse, afin de promouvoir des valeurs respectueuses.

Pourquoi est-il important de contester une mise en demeure de l’ARCOM ?

Contester une mise en demeure de l’ARCOM est déterminant car cela permet d’éviter la réitération d’un comportement fautif sans sanction.

l’ARCOM ne peut imposer une sanction qu’après qu’un comportement ait été signalé par une mise en demeure, ce qui signifie que contester cette mise en demeure peut donner lieu à une répétition de comportements inappropriés.

De plus, le Conseil constitutionnel a précisé que les pouvoirs de sanction de l’ARCOM ne peuvent être exercés qu’après une mise en demeure, garantissant ainsi le respect des droits des titulaires d’autorisation.

Cette procédure assure également le respect du principe de légalité des délits et des peines, essentiel dans un État de droit.

Comment le Conseil constitutionnel a-t-il validé les pouvoirs de l’ARCOM ?

Le Conseil constitutionnel a validé les pouvoirs de sanction de l’ARCOM en précisant que ceux-ci ne peuvent être exercés qu’après une mise en demeure.

Dans sa décision n° 88-248 DC du 17 janvier 1989, il a affirmé que les titulaires d’autorisation doivent être éclairés sur leurs obligations avant qu’une sanction ne soit envisagée.

Cette interprétation a été faite dans le cadre de la loi du 17 janvier 1989, qui modifiait la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication.

Ainsi, le respect des obligations légales et réglementaires est fondamental pour garantir une communication audiovisuelle responsable et respectueuse des droits des individus.

 


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