Conseil d’Etat, 2016, N° 2016-12345
Conseil d’Etat, 2016, N° 2016-12345

Type de juridiction : Conseil d’Etat

Juridiction : Conseil d’Etat

Résumé

Le Projet de loi de finances rectificative pour 2016 réintroduit la « taxe Youtube », élargie aux éditeurs de VoD et hébergeurs de vidéos. Cette taxe, fixée à 2 % des recettes HT, atteint 10 % pour les contenus pornographiques ou incitant à la violence. Les plateformes comme YouTube et Dailymotion seront redevables, tout comme les services de médias audiovisuels à la demande. L’entrée en vigueur de cette mesure dépendra de l’approbation de la Commission européenne. Les recettes de cette taxe seront affectées au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), soutenant ainsi le secteur audiovisuel.

Taxe sur la vidéo en ligne

Le Projet de loi de finances rectificative pour 2016 (version décembre 2016) réintroduit la « taxe Youtube » et l‘étend également aux éditeurs de services de VoD, aux hébergeurs de vidéos et sites de vente de DVD. Le taux de cette nouvelle taxe serait de 2 % (des recettes HT) et de 10 % pour les oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles à caractère pornographique ou d’incitation à la violence.

Les éditeurs de services de médias audiovisuels à la demande, comme UniversCiné ou iTunes, seraient redevables de la taxe, de même que les plateformes communautaires telles que YouTube ou Dailymotion.

Vu l’ampleur du dispositif, il est prévu qu’il n’entre en vigueur que dans les six mois à la date de réception par le Gouvernement de la réponse de la Commission européenne permettant de regarder le dispositif législatif lui ayant été notifié comme conforme au droit de l’Union européenne en matière d’aides d’État.

Nota : un Projet de loi de finances rectificative (PLFR ou « collectifs budgétaires ») a pour objet de modifier en cours d’exercice les dispositions de la loi de finances de l’année. Elle doit être distinguée du projet de loi de finances « normal » qui vote le budget de l’Etat pour l’année à venir.

Nouvel article 1609 sexdecies B

Le nouvel article 1609 sexdecies B. – I du Code général des impôts mettrait en place une taxe sur la diffusion en vidéo physique et en ligne de contenus audiovisuels due à raison des opérations : i) De vente et location en France de vidéogrammes destinés à l’usage privé du public ; ii) De mise à disposition du public en France de services donnant accès à titre onéreux à des oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles, sur demande individuelle formulée par un procédé de communication électronique ; iii) De mise à disposition du public en France de services donnant ou permettant l’accès à titre gratuit à des contenus audiovisuels, sur demande individuelle formulée par un procédé de communication électronique.

Seraient exonérés de la taxe les plateformes i) dont les contenus audiovisuels sont secondaires, ii) les plateformes dont l’objet principal est consacré à l’information, ainsi que iii) les plateformes dont l’objet principal est de fournir des informations relatives aux oeuvres cinématographiques et audiovisuelles et à leur diffusion auprès du public et d’en assurer la promotion, au moyen notamment d’extraits ou de bandes annonces (exemple : Allociné).

Taxation des sites de commerce électronique et des hébergeurs

Les plateformes redevables de la taxe sont réputées mettre à la disposition du public français leurs vidéos lorsqu’elles visent les personnes non assujetties à la TVA qui sont établies, ont leur domicile ou leur résidence habituelle en France.

Seraient aussi  redevables de la taxe, les personnes, qu’elles soient établies en France ou HORS DE FRANCE qui : i) vendent ou louent en France des vidéogrammes à toute personne qui elle-même n’a pas pour activité la vente ou la location de vidéogrammes (CDiscount …) ; ii) éditent et/ou hébergement des services de visionnage de vidéo à la demande.

Calcul de la taxe

La taxe est assise sur le montant HT i) du prix acquitté en contrepartie des opérations de vente et location des vidéogrammes ; ii) du prix acquitté en contrepartie de l’accès en ligne à des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles ; iii) des sommes versées par les annonceurs et les parrains, pour la diffusion de leurs messages publicitaires ou aux régisseurs de messages publicitaires et de parrainage. Resteraient exclus du calcul de l’assiette, les sommes versées par les annonceurs et les parrains pour la diffusion de leurs messages publicitaires et de parrainage sur les services de télévision de rattrapage.

Obligations des régies publicitaires

Le livre des procédures fiscales serait également complété par un article L. 102 AF imposant aux régisseurs de messages publicitaires et de parrainage de fournir à l’administration fiscale, avant le 15 février de chaque année, un état récapitulatif des sommes qu’ils ont encaissées au cours de l’année civile précédente.

Affectation des recettes de la taxe

Le produit de la taxe serait affecté au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). A noter que depuis 1992, le CNC bénéficie des recettes en provenance de la taxe sur la vente et la location de vidéos physiques, étendue depuis à la vidéo à la demande.

Questions / Réponses juridiques

Qu’est-ce que la « taxe Youtube » et à qui s’applique-t-elle ?

La « taxe Youtube » est une mesure introduite dans le Projet de loi de finances rectificative pour 2016, qui impose une taxe de 2 % sur les recettes hors taxes des éditeurs de services de vidéo en ligne.

Cette taxe s’applique non seulement à YouTube, mais également à d’autres plateformes de vidéo à la demande (VoD) comme UniversCiné ou iTunes, ainsi qu’aux hébergeurs de vidéos et aux sites de vente de DVD.

Pour les œuvres cinématographiques ou audiovisuelles à caractère pornographique ou incitant à la violence, le taux de la taxe est porté à 10 %.

Quand la taxe entrera-t-elle en vigueur ?

La mise en œuvre de cette taxe est conditionnée par la réception d’une réponse de la Commission européenne, qui doit confirmer que le dispositif législatif est conforme au droit de l’Union européenne en matière d’aides d’État.

Il est prévu que la taxe n’entre en vigueur que six mois après cette réception. Cela signifie qu’il y a un processus administratif à suivre avant que la taxe ne soit appliquée, ce qui pourrait retarder son entrée en vigueur.

Quels types de contenus sont concernés par la taxe ?

Le nouvel article 1609 sexdecies B du Code général des impôts précise que la taxe s’applique à la diffusion de contenus audiovisuels, que ce soit en vidéo physique ou en ligne.

Les opérations concernées incluent la vente et la location de vidéogrammes destinés à un usage privé, ainsi que la mise à disposition de services d’accès à des œuvres audiovisuelles, qu’elles soient payantes ou gratuites.

Quelles plateformes sont exonérées de la taxe ?

Certaines plateformes peuvent être exonérées de la taxe. Cela inclut celles dont les contenus audiovisuels sont secondaires, ainsi que celles dont l’objet principal est l’information ou la promotion des œuvres cinématographiques et audiovisuelles.

Par exemple, Allociné, qui fournit des informations et des extraits de films, pourrait être exemptée. Cette exonération vise à ne pas pénaliser les plateformes qui ne sont pas principalement axées sur la diffusion de contenus audiovisuels.

Qui d’autre est redevable de la taxe ?

En plus des plateformes de vidéo, la taxe s’applique également aux personnes, qu’elles soient établies en France ou à l’étranger, qui vendent ou louent des vidéogrammes en France.

Cela inclut des entreprises comme CDiscount, qui vendent des vidéogrammes à des consommateurs non professionnels. Les éditeurs et hébergeurs de services de vidéo à la demande sont également concernés par cette taxe.

Comment la taxe est-elle calculée ?

La taxe est calculée sur le montant hors taxes des opérations de vente et de location de vidéogrammes, ainsi que sur le prix d’accès en ligne aux œuvres audiovisuelles.

Les sommes versées par les annonceurs pour la diffusion de messages publicitaires sont également incluses dans le calcul, à l’exception de celles versées pour des services de télévision de rattrapage.

Quelles sont les obligations des régies publicitaires ?

Les régies publicitaires ont l’obligation de fournir à l’administration fiscale un état récapitulatif des sommes encaissées au cours de l’année précédente.

Cet état doit être soumis avant le 15 février de chaque année, ce qui permet à l’administration de suivre les revenus générés par la publicité sur les plateformes concernées.

À quoi seront affectées les recettes de la taxe ?

Les recettes générées par cette taxe seront affectées au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).

Le CNC bénéficie déjà de recettes provenant de la taxe sur la vente et la location de vidéos physiques, et cette mesure vise à étendre ce financement à la vidéo à la demande.

 


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