Conseil d’Etat, 14 février 2018, N° 3
Conseil d’Etat, 14 février 2018, N° 3

Type de juridiction : Conseil d’Etat

Juridiction : Conseil d’Etat

Résumé

Dans cette affaire, une commune a négligé d’exercer son droit de réponse audiovisuel et a tenté de contraindre L’ARCOM à rappeler à France Télévisions ses obligations après la diffusion d’un reportage. Le Conseil d’État a jugé la demande irrecevable, soulignant que L’ARCOM n’était pas tenu de répondre à une simple demande de rappel des obligations légales. Selon l’article 48-1 de la loi du 30 septembre 1986, L’ARCOM peut mettre en demeure les chaînes, mais le refus de le faire ne constitue pas une décision susceptible de recours.

Opportunité du droit de réponse audiovisuel

Certaines personnes morales de droit public ne sont pas familiarisées avec le droit audiovisuel. Dans cette affaire, une commune, négligeant l’option d’exercer un droit de réponse audiovisuel, a tenté de forcer l’ARCOM à mettre en demeure France Télévisions de respecter ses obligations.

Recours pour excès de pouvoir irrecevable

La commune a saisi le Conseil d’État pour faire annuler pour excès de pouvoir la décision par laquelle l’ARCOM a rejeté sa demande tendant à ce qu’il rappelle à la société France Télévisions ses obligations en matière de traitement et de présentation de l’information à la suite de la diffusion d’une séquence consacrée à la commune dans le reportage « Calanques en eaux troubles » (Envoyé spécial).

La demande de la commune ne tendait pas à la mise en oeuvre par l’ARCOM de l’un de ses pouvoirs mais se bornait à demander à cette autorité de rappeler à la société France Télévisions les obligations qui pèsent sur elle en vertu de la loi et de son cahier des charges. Or, ni un rappel de l’ARCOM, assorti le cas échéant d’une mise en garde pour l’avenir, ni le refus d’y procéder ne constituent des décisions faisant grief susceptibles de faire l’objet d’un recours contentieux. La requête de la commune était par suite, irrecevable.

Point sur les pouvoirs de l’ARCOM

Aux termes de l’article 48-1 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, l’ARCOM peut mettre en demeure les chaînes de télévision et radios de respecter les obligations qui leur sont imposées. C’est seulement si une société ne se conforme pas aux mises en demeure qui lui ont été adressées et à la condition que ces sanctions reposent sur des faits distincts ou couvrent une période distincte de ceux ayant déjà fait l’objet d’une mise en demeure, l’ARCOM peut prononcer à son encontre la suspension d’une partie du programme pour un mois au plus ou une sanction pécuniaire.

Dans tous les cas de manquement, l’ARCOM peut aussi ordonner l’insertion dans les programmes d’un communiqué dont il fixe les termes et les conditions de diffusion. l’ARCOM peut également saisir en référé le président de la section du contentieux du Conseil d’État, d’une demande tendant à ce qu’une chaîne de télévision ou une radio se conforme à ses  obligations et saisir le procureur de la République.

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Questions / Réponses juridiques

Qu’est-ce que le droit de réponse audiovisuel et pourquoi la commune a-t-elle choisi de ne pas l’exercer ?

Le droit de réponse audiovisuel permet à une personne ou une entité de répondre à des informations diffusées par les médias qui pourraient nuire à leur réputation. Dans le cas de la commune mentionnée, elle a négligé cette option, ce qui a conduit à une situation où elle a tenté de forcer l’ARCOM à intervenir.

Cette négligence peut être attribuée à un manque de familiarité avec les procédures et les droits associés au droit audiovisuel. En ne choisissant pas d’exercer ce droit, la commune a manqué une opportunité de rectifier les informations diffusées dans le reportage « Calanques en eaux troubles », ce qui aurait pu lui permettre de présenter sa version des faits.

Pourquoi la requête de la commune a-t-elle été jugée irrecevable par le Conseil d’État ?

La requête de la commune a été jugée irrecevable car elle ne demandait pas au ARCOM d’exercer un de ses pouvoirs, mais simplement de rappeler à France Télévisions ses obligations légales. Le Conseil d’État a précisé que ni un rappel de l’ARCOM ni un refus de ce dernier de procéder à un rappel ne constituent des décisions faisant grief.

En d’autres termes, la commune n’a pas formulé une demande qui aurait pu donner lieu à un recours contentieux. Cela signifie que le Conseil d’État ne pouvait pas annuler la décision de l’ARCOM, car celle-ci ne portait pas atteinte aux droits de la commune.

Quels sont les pouvoirs de l’ARCOM en matière de régulation audiovisuelle ?

l’ARCOM, selon l’article 48-1 de la loi du 30 septembre 1986, a plusieurs pouvoirs en matière de régulation audiovisuelle. Il peut mettre en demeure les chaînes de télévision et de radio de respecter leurs obligations. Si une chaîne ne se conforme pas à ces mises en demeure, l’ARCOM peut imposer des sanctions, telles que la suspension d’une partie de son programme ou des sanctions pécuniaires.

De plus, en cas de manquement, l’ARCOM a la possibilité d’ordonner l’insertion d’un communiqué dans les programmes, dont il fixe les termes et les conditions de diffusion. Il peut également saisir le président de la section du contentieux du Conseil d’État en référé pour demander qu’une chaîne se conforme à ses obligations, ainsi que saisir le procureur de la République.

Quelles conséquences peuvent découler d’un manquement aux obligations par une chaîne de télévision ?

Les conséquences d’un manquement aux obligations par une chaîne de télévision peuvent être significatives. Si l’ARCOM constate qu’une chaîne ne respecte pas ses obligations, il peut d’abord lui adresser une mise en demeure. Si la chaîne ne se conforme pas à cette mise en demeure, l’ARCOM peut alors prononcer des sanctions.

Ces sanctions peuvent inclure la suspension d’une partie du programme pour une durée maximale d’un mois ou l’imposition d’une amende. En outre, l’ARCOM peut exiger la diffusion d’un communiqué rectificatif, ce qui peut avoir un impact sur l’image de la chaîne et sa réputation auprès du public.

Comment la commune aurait-elle pu mieux gérer la situation ?

La commune aurait pu mieux gérer la situation en exerçant son droit de réponse audiovisuel dès le début. En choisissant cette option, elle aurait pu présenter sa version des faits et corriger les informations potentiellement nuisibles diffusées dans le reportage.

De plus, en se familiarisant avec les procédures et les droits associés au droit audiovisuel, la commune aurait pu éviter de se retrouver dans une position où elle devait demander au ARCOM d’intervenir. Une communication proactive avec les médias et une compréhension des mécanismes de régulation auraient également pu aider la commune à mieux défendre ses intérêts.

 


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