Type de juridiction : Conseil d’Etat
Juridiction : Conseil d’Etat
→ RésuméLe Conseil d’Etat a statué sur le plafond de 10 000 euros pour les dépenses liées à l’acquisition des droits d’adaptation d’œuvres préexistantes dans le secteur de l’animation. Cette limite s’applique aux dépenses horaires françaises, sans enfreindre le principe d’égalité. Les œuvres d’animation originales, quant à elles, ne sont pas soumises à ce plafond, ce qui reflète une différence de traitement justifiée par le risque économique encouru par les producteurs. Cette mesure vise à encourager la diversité des créations tout en tenant compte des spécificités économiques des œuvres adaptées.
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Plafond des 10 000 eurosLe Conseil d’Etat a tranché : dans le secteur de l’animation, les dépenses liées à l’acquisition des droits d’adaptation d’une oeuvre préexistante prises en compte au titre des dépenses horaires françaises peuvent être limitées à 10 000 € par heure (sans méconnaissance du principe d’égalité). Principe des aides sélectivesUne société d’éditeurs a ainsi tenté de faire annuler pour excès de pouvoir la délibération du CNC n° 2015/CA/19 du 26 novembre 2015 modifiant le règlement général des aides financières. Le Conseil d’Etat n’a pas conclu à une méconnaissance du principe d’égalité, en traitant différemment les oeuvres d’animation qui adaptent une oeuvre préexistante et les oeuvres d’animation qui font l’objet d’une écriture originale, dont les dépenses correspondantes ne sont pas plafonnées. L’article 311-1 du règlement général des aides financières du CNC dispose que des aides financières sont attribuées sous forme automatique et sous forme sélective, afin de soutenir la production et la préparation des oeuvres audiovisuelles. L’article 311-5 du même règlement rend éligibles à ces aides les oeuvres audiovisuelles appartenant au genre « animation « . Ces dernières bénéficient ainsi des » aides financières automatiques » sous forme d’ » allocations d’investissement » qui permettent aux entreprises de production bénéficiaires d’investir. Leur montant est calculé en utilisant un coefficient déterminé notamment en fonction du montant de dépenses réalisées dites « dépenses horaires françaises » parmi lesquelles figurent les rémunérations et charges sociales des auteurs et les dépenses liées à l’acquisition de droits artistiques. Toutefois, s’agissant des aides accordées au genre » animation « , les dépenses liées à l’acquisition des droits d’adaptation d’une oeuvre préexistante sont prises en compte au titre des dépenses horaires françaises dans la limite de 10 000 € par heure. Respect du principe d’égalité de traitementLe principe d’égalité ne s’oppose ni à ce que l’autorité investie du pouvoir réglementaire règle de façon différente des situations différentes ni à ce qu’elle déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général pourvu que, dans l’un comme l’autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l’objet de la norme qui l’établit et ne soit pas manifestement disproportionnée au regard des motifs susceptibles de la justifier. La disposition contestée n’exclut pas les films d’animation issus de l’adaptation d’une oeuvre préexistante du régime d’aides financières automatiques, mais se borne à plafonner, en ce qui les concerne, dans la limite de 10 000 euros par heure, les droits d’acquisition pris en compte au titre des dépenses horaires françaises. Il est logique que ce plafond ne trouve pas à s’appliquer s’agissant des oeuvres audiovisuelles originales, qui ne nécessitent aucune dépense d’acquisition de droits d’adaptation d’une oeuvre préexistante. Elle répond à la différence de situation, au regard du risque économique couru par le producteur, qui existe entre les films issus de l’adaptation d’une oeuvre dont la notoriété justifie le versement de droits élevés, d’une part, et ceux qui sont issus de l’adaptation d’une oeuvre de moindre notoriété ou d’un scénario original, d’autre part. La différence de traitement résultant de ce plafond est, en outre, en rapport avec l’objet de la disposition adoptée par le CNC, qui tend à encourager la diversité des formes de création, et n’est pas manifestement disproportionnée au regard d’un tel objectif. Il suit de là que le moyen tiré de ce que cette mesure méconnaîtrait le principe d’égalité n’est pas fondé. |
→ Questions / Réponses juridiques
Quel est le plafond des dépenses liées à l’acquisition des droits d’adaptation d’une œuvre préexistante dans le secteur de l’animation ?Le Conseil d’Etat a établi que dans le secteur de l’animation, les dépenses liées à l’acquisition des droits d’adaptation d’une œuvre préexistante peuvent être limitées à 10 000 euros par heure. Cette décision vise à garantir que les aides financières attribuées ne soient pas excessives, tout en respectant le principe d’égalité. Ainsi, les producteurs d’œuvres d’animation doivent prendre en compte ce plafond lors de la planification de leurs budgets, ce qui peut influencer leur choix d’adaptation d’œuvres existantes. Comment le Conseil d’Etat justifie-t-il la différence de traitement entre les œuvres d’animation adaptées et celles originales ?Le Conseil d’Etat a justifié la différence de traitement en soulignant que les œuvres d’animation qui adaptent une œuvre préexistante et celles qui sont originales présentent des situations économiques distinctes. Les œuvres adaptées peuvent nécessiter des dépenses d’acquisition de droits d’adaptation, souvent élevées, en raison de la notoriété de l’œuvre originale. En revanche, les œuvres originales ne nécessitent pas de telles dépenses, ce qui justifie l’absence de plafond pour ces dernières. Cette distinction vise à encourager la diversité des créations tout en tenant compte des risques économiques associés à chaque type de production. Quelles sont les modalités d’attribution des aides financières pour les œuvres audiovisuelles, notamment dans le genre « animation » ?Les aides financières pour les œuvres audiovisuelles, y compris celles du genre « animation », sont attribuées sous deux formes : automatique et sélective. L’article 311-1 du règlement général des aides financières du CNC précise que ces aides soutiennent la production et la préparation des œuvres. Les œuvres d’animation bénéficient d’aides financières automatiques sous forme d’allocations d’investissement, calculées en fonction des dépenses réalisées, notamment les rémunérations et charges sociales des auteurs. Cependant, pour les œuvres adaptées, les dépenses liées à l’acquisition des droits d’adaptation sont plafonnées à 10 000 euros par heure. En quoi le principe d’égalité de traitement est-il respecté dans le cadre des aides financières ?Le principe d’égalité de traitement est respecté car le Conseil d’Etat a affirmé que l’autorité réglementaire peut traiter différemment des situations différentes, tant que cette différence est justifiée par des motifs d’intérêt général. La disposition qui plafonne les droits d’acquisition pour les œuvres adaptées ne les exclut pas des aides financières automatiques, mais limite simplement le montant pris en compte. Cette approche vise à équilibrer les intérêts des producteurs tout en favorisant la diversité des créations. Ainsi, la différence de traitement est en rapport direct avec l’objet de la norme et n’est pas manifestement disproportionnée, ce qui valide la légitimité de cette mesure. |
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