Conditions de maintien en soins psychiatriques sous contrainte et enjeux de sécurité publique

·

·

Conditions de maintien en soins psychiatriques sous contrainte et enjeux de sécurité publique

L’Essentiel : L’affaire concerne M. [J] [X], hospitalisé au Centre Hospitalier Spécialisé Psychiatrique de [Localité 1] en raison de troubles mentaux. Le préfet de [Localité 4] a ordonné son hospitalisation complète le 2 janvier 2025, justifiée par un certificat médical. M. [J] [X] présente un délire mégalo maniaque et refuse tout traitement. Lors de l’audience, il a exprimé que son hospitalisation se passait bien. Le tribunal a décidé de maintenir cette hospitalisation, considérant que son état pouvait porter atteinte à l’ordre public. L’aide juridictionnelle a été accordée, et la décision peut faire l’objet d’un appel dans les 10 jours.

Contexte de l’affaire

L’affaire concerne M. [J] [X], né le 1er octobre 1977, actuellement hospitalisé au Centre Hospitalier Spécialisé Psychiatrique de [Localité 1]. La procédure a été initiée par la Préfecture de [Localité 4], qui a ordonné une hospitalisation complète de l’intéressé en raison de troubles mentaux nécessitant des soins immédiats.

Décision préfectorale

Le préfet de [Localité 4] a pris un arrêté le 2 janvier 2025, ordonnant la mise en œuvre de soins psychiatriques pour M. [J] [X]. Cette décision a été motivée par un certificat médical indiquant que l’état mental de l’intéressé nécessitait une surveillance médicale constante, justifiant ainsi son hospitalisation complète.

État de santé de l’intéressé

M. [J] [X] présente un délire mégalo maniaque avec un discours rationalisé et refuse tout traitement médicamenteux. Un avis médical du 8 janvier 2025 a confirmé que son état nécessitait toujours des soins en milieu hospitalier, soulignant les risques de rechute en cas de sortie prématurée.

Comparution et observations

Lors de l’audience, M. [J] [X] a exprimé que son hospitalisation se passait bien, bien qu’il ait été surpris par celle-ci. Son avocate a soutenu le maintien de l’hospitalisation, indiquant que cela convenait à son client.

Motifs de la décision judiciaire

La décision de maintenir l’hospitalisation complète de M. [J] [X] repose sur les articles du code de la santé publique, qui stipulent que les soins psychiatriques peuvent être ordonnés lorsque les troubles mentaux compromettent la sûreté des personnes. L’état de santé de l’intéressé a été jugé comme pouvant porter atteinte à l’ordre public.

Conclusion de la décision

Le tribunal a accordé l’aide juridictionnelle à M. [J] [X] et a autorisé le maintien de son hospitalisation complète. La décision a été notifiée aux parties concernées et peut faire l’objet d’un appel dans un délai de 10 jours. Les frais d’expertise seront pris en charge par le Trésor Public.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions nécessaires pour une hospitalisation complète en soins psychiatriques selon le Code de la santé publique ?

Selon l’article L. 3212-1 du Code de la santé publique, une personne atteinte de troubles mentaux ne peut faire l’objet de soins psychiatriques sur décision du directeur d’un établissement que lorsque deux conditions sont réunies :

1° Ses troubles mentaux rendent impossible son consentement ;

2° Son état mental impose des soins immédiats assortis d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète.

Ces conditions sont essentielles pour garantir que l’hospitalisation est justifiée et nécessaire, protégeant ainsi à la fois le patient et la société.

L’article précise également que l’hospitalisation complète doit être fondée sur une évaluation médicale rigoureuse, assurant que le patient a besoin de soins intensifs et ne peut pas consentir à ces soins en raison de son état mental.

Quel est le rôle du représentant de l’État dans le processus d’admission en soins psychiatriques ?

L’article L. 3213-1 du Code de la santé publique stipule que le représentant de l’État dans le département prononce par arrêté, au vu d’un certificat médical circonstancié, l’admission en soins psychiatriques des personnes dont les troubles mentaux nécessitent des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public.

Les arrêtés préfectoraux doivent être motivés et énoncer avec précision les circonstances qui ont rendu l’admission en soins nécessaire. Cela garantit que la décision est prise en toute connaissance de cause et avec une justification claire.

Il est crucial que le certificat médical ne provienne pas d’un psychiatre exerçant dans l’établissement d’accueil, afin d’assurer l’objectivité de l’évaluation.

Quelles sont les dispositions concernant l’hospitalisation des détenus atteints de troubles mentaux ?

L’article D. 398 du Code de procédure pénale précise que les détenus atteints de troubles mentaux ne peuvent être maintenus dans un établissement pénitentiaire. Au vu d’un certificat médical circonstancié, il appartient à l’autorité préfectorale de procéder à leur hospitalisation d’office dans un établissement de santé habilité.

Cette disposition vise à protéger les détenus qui souffrent de troubles mentaux, en leur assurant un cadre de soins approprié, loin des conditions souvent inadaptées des établissements pénitentiaires.

De plus, l’article L. 3214-3 du Code de la santé publique stipule que lorsque des soins immédiats sont nécessaires, le préfet de police ou le représentant de l’État doit prononcer l’admission en soins psychiatriques sous la forme d’une hospitalisation complète.

Comment se déroule la procédure de maintien de l’hospitalisation complète ?

L’article L. 3211-12-1 du Code de la santé publique indique que l’hospitalisation complète d’un patient ne peut se poursuivre sans que le magistrat du siège du tribunal judiciaire ait statué sur cette mesure.

Cette décision doit être prise avant l’expiration d’un délai de 12 jours à compter de l’admission. La saisine du magistrat doit être accompagnée de l’avis motivé d’un psychiatre de l’établissement, se prononçant sur la nécessité de poursuivre l’hospitalisation complète.

Cela garantit un contrôle judiciaire sur la prolongation de l’hospitalisation, protégeant ainsi les droits du patient tout en assurant la sécurité publique.

Quels sont les risques associés à une sortie prématurée d’un patient hospitalisé ?

Dans le cas de M. [J] [X], il a été noté que sa sortie prématurée pourrait présenter des risques de rechute rapide. L’avis médical motivé a souligné que son état mental nécessitait toujours des soins assortis d’une surveillance médicale constante.

L’absence de traitement et de suivi adéquat pourrait compromettre non seulement la santé du patient, mais également la sécurité des personnes autour de lui.

Ainsi, le maintien de l’hospitalisation complète est justifié pour garantir l’observance des soins et la réadaptation du traitement, ce qui ne peut se faire qu’en milieu hospitalier sécurisé.

COUR D’APPEL DE BORDEAUX

TRIBUNAL JUDICIAIRE
DE BORDEAUX

N° RG 25/00067 – N° Portalis DBX6-W-B7J-Z6QN
N° Minute :

ORDONNANCE DU 09 Janvier 2025

A l’audience publique du 09 Janvier 2025, devant Nous, Florent SZEWCZYK, magistrat du siège du Tribunal judiciaire de Bordeaux, assistée de Stéphanie TESSIER, Greffier,

siégeant au Centre Hospitalier Spécialisé Psychiatrique de [Localité 1], dans une salle spécialement aménagée sur l’emprise de l’établissement et répondant aux exigences de l’article L 3211-12-2 du code de la santé publique,

DANS L’INSTANCE ENTRE :

REQUÉRANT :

LA PREFECTURE DE [Localité 4]
régulièrement avisé, non comparant,

DÉFENDEUR :

M. [J] [X]
né le 01 Octobre 1977
actuellement hospitalisé au Centre Hospitalier Spécialisé de [Localité 1]
régulièrement convoqué, comparant assisté de Me Alica VITEK, avocat au barreau de BORDEAUX, avocat commis d’office,

MINISTÈRE PUBLIC :

Madame le Vice-Procureur de la République régulièrement avisée, non comparante,

****

Vu le code de santé publique, et notamment ses articles L. 3211-1, L. 3211-2-1, L. 3211-2-2, L. 3211-12-1, L. 3211-12-2, L. 3213-1 à L. 3213-11, L. 3214-3, R. 3211-7 à R. 3211-18, R. 3211-24 à R. 3211-26 et R. 3213-1 à R. 3213-3 ;

Vu les arrêtés du préfet de [Localité 4] et la préfète des [Localité 2] du 2 janvier 2025 ordonnant la mise en œuvre de soins psychiatriques en faveur de Monsieur [J] [X] sous la forme d’une hospitalisation complète et transfert en Unité Hospitalière Spécialement Aménagée du Centre Hospitalier de [Localité 1], par application des dispositions des article D. 398 du code de procédure pénale et L. 3214-3 du code de la santé publique,

Vu l’arrêté préfectoral maintenant l’intéressé en hospitalisation complète à l’issue de la période d’observation de 3 jours instituée par les dispositions de l’article L. 3211-2-2 du code de la santé publique,

Vu la requête du préfet de [Localité 4] enregistrée au greffe le 6 janvier 2025 et les pièces jointes,

Vu le bulletin de situation du 7 janvier 2025 mentionnant une entrée effective le 6 janvier 2025 à 14 heures 30,

Vu l’avis du Ministère public du 08 janvier 2025,

Vu la comparution de l’intéressé et ses explications à l’audience au terme desquelles il expose que son hospitalisation se passe bien. Il est arrivé le 06 janvier à [Localité 1]. Il n’a pas été pris en compte le fait qu’il ne mange pas de poisson. Il a été surpris de son hospitalisation mais n’est pas mécontent et cela lui convient.

Vu les observations de son avocate au terme desquelles elle s’en remet, monsieur souhaitant le maintien de son hospitalisation.

MOTIFS DE LA DÉCISION,

Aux termes des dispositions de l’article L. 3212-1 du code de la santé publique : « Une personne atteinte de troubles mentaux ne peut faire l’objet de soins psychiatriques sur décision du directeur d’un établissement (…) que lorsque les deux conditions suivantes sont réunies: 1° Ses troubles mentaux rendent impossible son consentement ; 2° Son état mental impose des soins immédiats assortis (…) d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète (…) »

En vertu de l’article L. 3213-1 du code de la santé publique « Le représentant de l’Etat dans le département prononce par arrêté, au vu d’un certificat médical circonstancié ne pouvant émaner d’un psychiatre exerçant dans l’établissement d’accueil, l’admission en soins psychiatriques des personnes dont les troubles mentaux nécessitent des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public. Les arrêtés préfectoraux sont motivés et énoncent avec précision les circonstances qui ont rendu l’admission en soins nécessaire. »

L’article D. 398 du code de procédure pénale dispose que « Les détenus atteints des troubles mentaux visés à l’article L.3214-3 du code de la santé publique ne peuvent être maintenus dans un établissement pénitentiaire. Au vu d’un certificat médical circonstancié et conformément à la législation en vigueur, il appartient à l’autorité préfectorale de faire procéder, dans les meilleurs délais, à leur hospitalisation d’office dans un établissement de santé habilité au titre de l’article L. 3214-1 du code de la santé publique. Il n’est pas fait application, à leur égard, de la règle posée au second alinéa de l’article D.394 concernant leur garde par un personnel de police ou de gendarmerie pendant leur hospitalisation ».

L’article L. 3214-3 du code de la santé publique poursuit que « Lorsqu’une personne détenue nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance constante en milieu hospitalier en raison de troubles mentaux rendant impossible son consentement et constituant un danger pour elle-même ou pour autrui, le préfet de police à [Localité 6] ou le représentant de l’Etat dans le département dans lequel se trouve l’établissement pénitentiaire d’affectation du détenu prononce par arrêté, au vu d’un certificat médical circonstancié, son admission en soins psychiatriques sous la forme d’une hospitalisation complète dans les conditions prévues au II de l’article L. 3214-1. Le certificat médical ne peut émaner d’un psychiatre exerçant dans l’établissement d’accueil. Le régime de cette hospitalisation est celui prévu pour les hospitalisations ordonnées en application de l’article L. 3213-1. Les arrêtés préfectoraux sont motivés et énoncent avec précision les circonstances qui ont rendu la mesure de soins psychiatriques nécessaire. Ils désignent l’établissement mentionné à l’article L. 3222-1 qui assure la prise en charge de la personne malade et sont inscrits sur le registre mentionné à l’article L. 3212-11. »

L’article L. 3214-1 II du code de la santé publique prévoit que « Lorsque leurs troubles mentaux rendent impossible leur consentement, les personnes détenues peuvent faire l’objet de soins psychiatriques sans consentement en application de l’article L. 3214-3. Les personnes détenues admises en soins psychiatriques sans consentement sont uniquement prises en charge sous la forme mentionnée au 1° du I de l’article L.3211-2-1 », soit sous la forme de l’hospitalisation complète. « Leur hospitalisation est réalisée dans un établissement de santé mentionné à l’article L.3222-1 au sein d’une unité hospitalière spécialement aménagée ou, sur la base d’un certificat médicale, au sein d’une unité adaptée ».

L’article L. 3211-12-1 du code de la santé publique prévoit que « I.-L’hospitalisation complète d’un patient ne peut se poursuivre sans que le magistrat du siège du tribunal judiciaire, préalablement saisi par le représentant de l’Etat dans le département lorsqu’elle a été prononcée en application du chapitre III du présent titre, de l’article L. 3214-3 du présent code ou de l’article 706-135 du code de procédure pénale, ait statué sur cette mesure : : 1° Avant l’expiration d’un délai de 12 jours à compter de l’admission (…). II. La saisine mentionnée au I du présent article est accompagnée de l’avis motivé d’un psychiatre de l’établissement se prononçant sur la nécessité de poursuivre l’hospitalisation complète. ».

Il résulte des éléments figurant au dossier que l’intéressé a été admis en provenance de la Maison d’arrêt de [Localité 5] au sein de l’Unité Hospitalière Spécialement Aménagée du Centre Hospitalier Spécialisé de [Localité 1]. Il présente un délire mégalo maniaque à mécanisme interprétatif à thématique mystique sans critique. Il prononce un discours avec une rationalisation morbide auquel il adhère totalement. Il refuse tout traitement médicamenteux ou examen complémentaire.

L’avis médical motivé prévu par l’article L. 3211-12-1 II du code de la santé publique établi le 8 janvier 2025 relève que l’état mental de l’intéressé nécessite toujours des soins assortis d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète afin de consolider l’amélioration de ses orientations cliniques bien qu’il reste une fragilité de la compliance de l’intéressé. Il souffre toujours de prédispositions mégalo maniaques voire sensitives. Il apparaît ainsi nécessaire de maintenir l’étayage institutionnel actuel.

En toute hypothèse, une sortie prématurée serait de nature à présenter des risques de rechute rapide.

Dans ces conditions, la prise en charge dans un cadre contenant et sécurisé s’impose encore, afin de garantir l’observance des soins, et le cas échéant la réadaptation du traitement, ce qui ne peut se faire qu’en milieu hospitalier.

De plus, au regard des circonstances qui ont donné lieu à la mesure d’hospitalisation et des troubles dont il souffre, l’état de santé de Monsieur [J] [X] doit être regardé comme pouvant compromettre la sûreté des personnes ou porter atteinte, de façon grave, à l’ordre public.

Dès lors, le maintien de l’hospitalisation complète de l’intéressé apparaît à ce jour justifié.

PAR CES MOTIFS

Statuant par mise à disposition au greffe le 09 Janvier 2025, par décision contradictoire rendue en premier ressort après débats en audience publique du 09 Janvier 2025,

Accorde l’aide juridictionnelle provisoire à M. [J] [X],

Autorise le maintien de l’hospitalisation complète de M. [J] [X],

Dit que la présente décision sera notifiée à :
M. [J] [X]
Me Alica VITEK
Ministère public
Monsieur le préfet de [Localité 4]

et adressée pour information au Directeur du Centre Hospitalier de [Localité 1].

Dit que les dépens comprenant les frais d’expertise seront supportés par le Trésor Public, en application des dispositions de l’article R 93-2° du Code de Procédure Pénale.

Le Greffier, Le Juge,

Cette décision peut être frappée d’appel dans un délai de 10 jours à compter de la présente notification par déclaration motivée transmise par tout moyen au greffe de la cour d’appel de BORDEAUX – [Adresse 7]. Cette déclaration peut notamment être envoyée par courriel à cette adresse : [Courriel 3]
Le ministère public peut, dans tous les cas, interjeter appel dans le même délai.

N° RG : N° RG 25/00067 – N° Portalis DBX6-W-B7J-Z6QN
M. [J] [X]
Ordonnance en date du 09 Janvier 2025

Reçu notification de la présente le
Le patient
signature :

Reçu notification de la présente ordonnance le
le Directeur du Centre Hospitalier Spécialisé de [Localité 1],

signature


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Chat Icon