Commentaires de l’actualité sportive : le risque de diffamation

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Commentaires de l’actualité sportive : le risque de diffamation

Affaire Les spécimens | Canal + Sport

A la suite de la diffusion de l’émission « Les spécimens » sur la chaîne Canal + Sport, organisée autour d’un débat sur le thème « Bastia à qui la faute ? » (sur la sanction de la commission de discipline de la ligue de football professionnel de suspendre provisoirement le stade Armand Cesari à la suite de la rencontre Bastia-Marseille de la veille), le Sporting Club de Bastia et son dirigeant ont porté plainte et se sont constitués partie civile pour diffamation publique envers un particulier.

Les commentateurs présents sur le plateau avaient tenu les propos suivants « A Bastia, des très bonnes sources, du côté du ministère de l’Intérieur, disent très clairement que Charles Pieri,  l’ancien dirigeant nationaliste et affairiste, mis en prison pour des graves affaires lui aussi, se rapproche de la direction de Bastia. Il se passe des choses graves dans le football à Bastia, et à Ajaccio, et Manuel Valls,  ministre de l’Intérieur, l’a dit très clairement en se déplaçant sur place, donc je pense que la décision de la commission de Ligue est tout à fait logique  » ; « S’il y en a un qui sait de quoi il s’agit c’est Thiriez, président de la Ligue, puisqu’il a longtemps été au cabinet de Defferre, je crois, le ministre de l’Intérieur. Il sait comment ça se passe en Corse, il sait quelles sont les ramifications entre affairistes… » ; «…. oui, entre affairisme, nationalisme et vrais amateurs de sport, il y a un mélange qui est détonnant ».   Le directeur de publication de Canal + Sport et un journaliste ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel respectivement pour diffamation et injure publiques et pour complicité de ces délits.

Diffamation mais relaxe prononcée

Les prévenus ont tous été relaxés. Les propos en cause, tenus dans le cadre d’un débat télévisé hebdomadaire entre chroniqueurs qui analysent l’actualité de football étaient bien diffamatoires en ce qu’ils évoquaient de possibles liens entre affairisme, nationalisme et vrais amateurs de sport. Toutefois, la preuve de la vérité des faits était rapportée de façon parfaite, complète et corrélative aux imputations litigieuses.

L’exception de vérité

Les pièces produites par les journalistes dans le cadre de leur offre de preuve portaient précisément et indiscutablement sur l’existence de possibles « ramifications entre affairisme, nationalisme et vrais amateurs de sport ». En effet, pour le seul Sporting Club de Bastia, les documents en cause ont font état des événements suivants : en 1993, la Cuncolta Naziunalista-FLNC-Canal historique investit la direction du Sporting Club de Bastia ; le 29 décembre 1993, un ancien défenseur latéral et capitaine du Sporting Club de Bastia, connu pour être un sympathisant du MPA, disparaît mystérieusement ; le 16 décembre 1994, le président du Sporting Club de Bastia de 1989 à 1992, est assassiné juste avant l’ouverture du procès de la catastrophe de Furiani ; en novembre 2003, un juge d’instruction a lancé une enquête financière visant la gestion du Sporting Club de Bastia, pour « abus de biens sociaux et recel » ; le PDG de Nouvelles Frontières victime, en 1993, d’une campagne d’attentats visant plusieurs de ses agences, précisait qu’ils étaient destinés à le contraindre à sponsoriser le Sporting Club de Bastia ; condamnation à une peine d’emprisonnement de trois dirigeants du Sporting club de Bastia … La preuve de la vérité des faits diffamatoires était ainsi rapportée de façon parfaite au sens des dispositions de l’article 35 de la loi du 29 juillet 1881 et a produit l’effet absolutoire de diffamation.

Télécharger la décision

Questions / Réponses juridiques

Quel était le sujet principal de l’émission « Les spécimens » diffusée sur Canal + Sport ?

L’émission « Les spécimens » a été centrée sur un débat intitulé « Bastia à qui la faute ? », qui a abordé la sanction de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel. Cette sanction concernait la suspension provisoire du stade Armand Cesari, suite à des événements survenus lors de la rencontre entre le Sporting Club de Bastia et l’Olympique de Marseille.

Cette émission a suscité des réactions importantes, notamment de la part du Sporting Club de Bastia et de son dirigeant, qui ont décidé de porter plainte pour diffamation publique. Ils ont estimé que les propos tenus lors de l’émission étaient non seulement diffamatoires, mais également préjudiciables à leur réputation.

Quels propos ont été tenus par les commentateurs lors de l’émission ?

Les commentateurs de l’émission ont tenu des propos qui ont été jugés diffamatoires. Ils ont évoqué des liens entre l’affairisme, le nationalisme et les amateurs de sport à Bastia. Un des commentateurs a mentionné des sources au ministère de l’Intérieur, affirmant que Charles Pieri, un ancien dirigeant nationaliste, se rapprochait de la direction du Sporting Club de Bastia.

D’autres commentaires ont souligné que le président de la Ligue, Thiriez, avait une connaissance approfondie des affaires en Corse, ce qui a renforcé l’idée d’un mélange dangereux entre le sport et des activités illégales. Ces déclarations ont été perçues comme une accusation grave, entraînant des conséquences juridiques pour les personnes impliquées dans la diffusion de ces propos.

Quelle a été la décision du tribunal concernant les prévenus ?

Le tribunal a finalement prononcé une relaxe pour tous les prévenus impliqués dans cette affaire. Bien que les propos tenus aient été considérés comme diffamatoires, le tribunal a jugé que la preuve de la vérité des faits avait été rapportée de manière adéquate.

Les journalistes avaient fourni des documents et des éléments de preuve qui établissaient des liens entre le Sporting Club de Bastia et des affaires d’affairisme et de nationalisme. Cette preuve a été jugée suffisante pour justifier les propos tenus dans le cadre d’un débat télévisé, ce qui a conduit à l’effet absolutoire de diffamation.

Quelles preuves ont été présentées par les journalistes pour justifier leurs propos ?

Les journalistes ont présenté plusieurs pièces de preuve qui établissaient des liens entre le Sporting Club de Bastia et des événements controversés. Parmi ces éléments, on trouve des faits historiques tels que l’investissement de la Cuncolta Naziunalista-FLNC-Canal historique dans la direction du club en 1993.

D’autres événements notables incluent la disparition mystérieuse d’un ancien joueur en 1993, l’assassinat d’un ancien président du club en 1994, et une enquête financière lancée en 2003 sur la gestion du club pour abus de biens sociaux. Ces éléments ont été jugés pertinents et suffisants pour soutenir les accusations de liens entre le sport et des activités illégales, ce qui a permis aux journalistes de se défendre contre les accusations de diffamation.


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