Comment apprécier l’insuffisance professionnelle du salarié ?

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Comment apprécier l’insuffisance professionnelle du salarié ?

L’insuffisance professionnelle du salarié est une forme de licenciement particulièrement difficile à appréhender et la preuve des manquements du salarié peut être difficile à apporter. En la matière, le pouvoir d’appréciation « in  concreto » des juges joue au maximum. Pour les salariés des professions du chiffre (comptables …), les erreurs pourront « facilement » être établies, les juges apprécieront leur gravité au cas par cas. Pour les autres professions, force est de constater qu’il existe une large part de subjectivité.

Insuffisance professionnelle, un motif
personnel

De façon
générale, il résulte de l’article L. 1232-1 du code du travail que tout
licenciement pour motif personnel (le licenciement pour insuffisance professionnelle
en fait partie) doit être justifié par une cause réelle et sérieuse. Le motif
de licenciement doit être réel, il doit se baser sur un ou des faits concrets.
La cause sérieuse doit relever d’une certaine gravité. Les faits incriminés
doivent avoir eu lieu pendant les horaires de travail et sur le lieu de
travail.

En cas de
litige, le juge, à qui il appartient d’apprécier la régularité de la procédure
suivie et le caractère réel et sérieux des motifs invoqués par l’employeur,
forme sa conviction au vu des éléments fournis par les parties après avoir
ordonné, au besoin, toutes les mesures d’instruction qu’il estime utiles. Si un
doute subsiste, il profite au salarié.

Notion d’insuffisance professionnelle

L’insuffisance
professionnelle, qui se caractérise par une mauvaise qualité du travail due à
une incompétence professionnelle ou une inadaptation à l’emploi, constitue une
cause réelle et sérieuse de licenciement si elle repose sur des éléments
précis, objectifs et imputables au salarié. Sauf abstention volontaire ou
mauvaise volonté délibérée du salarié, elle n’est pas fautive.

Importance des entretiens d’évaluation

En la matière, les entretiens d’évaluation ont leur importance. A titre d’exemple, dans cette affaire, l’employeur a établi qu’il avait alerté son salarié à plusieurs reprises sur ses insuffisances lors de ses entretiens d’évaluation annuels et malgré les formations reçues, il avait accumulé des  erreurs matérialisées par des manques de rigueur et de diplomatie auprès des clients de l’employeur. Dans sa dernière évaluation, l’employeur avait conclu à une maîtrise insuffisante du poste. Plusieurs partenaires de l’employeur avaient également demandé de ne plus être en relation avec le salarié en raison des difficultés relationnelles avec celui-ci. L’attitude de ce dernier étant perçue comme de l’impolitesse et de l’incorrection. Ainsi, bien qu’ayant bénéficié des conseils de son supérieur hiérarchique lors de sa prise de poste puis de formations, le salarié n’est pas parvenu à progresser de la manière attendue par son employeur et a, malgré des rappels à l’ordre lors de ses entretiens d’évaluation et trois années d’expérience, persisté à manquer de rigueur et à user d’un ton inapproprié avec des interlocuteurs majeurs de son employeur de sorte que l’insuffisance professionnelle ayant motivé son licenciement était caractérisée. Télécharger la décision

Questions / Réponses juridiques

Qui porte la charge de la preuve en cas de licenciement pour faute grave ?

La charge de la preuve en matière de licenciement pour faute grave incombe toujours à l’employeur. Cela signifie que c’est à lui de fournir des éléments concrets et des écrits précis qui justifient sa décision de rompre le contrat de travail.

Il doit démontrer que les faits invoqués sont réels et suffisamment graves pour justifier un licenciement. En l’absence de preuves tangibles, le licenciement peut être requalifié, ce qui peut entraîner des conséquences financières pour l’employeur, comme dans le cas de l’ouvreur de théâtre qui a obtenu 45 000 euros de dommages et intérêts.

Quel incident a conduit au licenciement de l’ouvreur de théâtre ?

L’incident qui a conduit au licenciement de l’ouvreur de théâtre s’est produit alors qu’un groupe attendait d’être placé dans la salle pour un spectacle. L’ouvreur a demandé un pourboire à la responsable du groupe, qui lui a remis 15 euros.

Cependant, insatisfait de cette somme, l’ouvreur a exigé 60 euros, soit 1 euro par personne. Ne disposant pas de la somme en espèces, la responsable a dû remettre un chèque de 60 euros au Théâtre de Paris. Cet acte a été interprété par l’employeur comme une faute grave, mais il n’a pas pu prouver que l’ouvreur avait effectivement exigé ce montant.

Quelles preuves l’employeur devait-il fournir pour justifier le licenciement ?

Pour justifier le licenciement pour faute grave, l’employeur devait fournir des preuves tangibles et des éléments concrets établissant que l’ouvreur avait exigé un pourboire supérieur à celui initialement remis.

Il devait également démontrer que l’organisme chargé de l’organisation de la sortie du groupe s’était plaint de l’attitude de l’ouvreur, entraînant un remboursement du pourboire. L’absence de telles preuves a conduit à la requalification du licenciement, car l’employeur n’a pas réussi à établir la réalité des faits reprochés.

Qu’est-ce que la requalification d’un CDD en CDI ?

La requalification d’un contrat à durée déterminée (CDD) en contrat à durée indéterminée (CDI) se produit lorsque les conditions légales pour le recours à un CDD ne sont pas respectées. Dans le cas de l’ouvreur de théâtre, il a réussi à obtenir cette requalification en raison de l’absence de motifs valables pour ses CDD.

Selon le code du travail, un CDD doit être justifié par des raisons objectives, comme un remplacement de salarié absent ou un accroissement temporaire de l’activité. L’ouvreur a démontré que ses CDD ne respectaient pas ces critères, ce qui a conduit à la requalification de sa relation contractuelle en CDI.

Quels sont les motifs valables pour un CDD dans le secteur du spectacle ?

Les motifs valables pour recourir à un CDD dans le secteur du spectacle sont définis par l’accord interbranche sur la politique contractuelle dans le spectacle vivant. Ces motifs incluent le remplacement d’un salarié absent, un accroissement temporaire de l’activité, ou des emplois pour lesquels il est d’usage constant de recourir à des CDD.

Il est essentiel que le contrat indique clairement l’alinéa applicable de l’article L. 1242-2 du code du travail. Dans le cas de l’ouvreur, aucun de ses CDD ne mentionnait un usage constant, ce qui a conduit à la requalification de sa relation de travail.

Quelles sont les conséquences d’une variation constante des horaires dans un contrat à temps partiel ?

La variation constante des horaires et le dépassement fréquent de la durée contractuelle dans un contrat à temps partiel peuvent entraîner la requalification de ce contrat en temps plein. Selon l’article L.3123-14 du code du travail, un contrat à temps partiel doit être écrit et préciser les jours et horaires de travail.

Si l’employeur ne respecte pas ces dispositions, notamment en ne fournissant pas un délai de prévenance suffisant pour les modifications d’horaires, cela peut être considéré comme une irrégularité. Dans ce cas, le salarié peut revendiquer un contrat à temps plein, ce qui peut avoir des implications financières pour l’employeur.


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