Code source de l’employeur : protection étendue

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Code source de l’employeur : protection étendue

L’Essentiel : La protection du patrimoine immatériel de l’employeur est essentielle. L’employeur doit établir des règles claires et des outils de contrôle pour encadrer l’utilisation des ressources par les salariés. En cas de violation, comme la divulgation d’un logiciel en développement, le salarié peut être licencié pour faute lourde. Ce licenciement doit être justifié par des motifs précis dans la lettre de licenciement, qui fixe les limites du litige. La faute grave, définie par une violation des obligations contractuelles, doit être prouvée par l’employeur, et le salarié est tenu à une obligation de loyauté et de discrétion envers son employeur.

Patrimoine immatériel de l’employeur

La protection du patrimoine immatériel de l’employeur est une priorité. A ce titre, l’employeur doit codifier les règles applicables au sein de l’entreprise (charte d’usage et autres) et mettre en place des outils permettant de contrôler l’usage de ces ressources par les salariés. Y compris en l’absence de règles précises, le salarié est soumis à une obligation générale de loyauté vis-à-vis de son employeur.

Licenciement pour faute lourde

Le licenciement pour faute lourde d’un salarié doctorant, a été confirmé par les juridictions. Ce dernier avait mis à la disposition d’une communauté en ligne, une partie du code source des développements logiciels de son employeur. Aux termes des dispositions de l’article L. 1232-6 du code du travail, l’employeur est tenu d’énoncer dans la lettre de licenciement, le ou les motifs du licenciement. La lettre de licenciement fixe les limites du litige.  La faute grave se définit comme un fait ou un ensemble de faits, personnellement imputables au salarié, constituant une violation d’une obligation contractuelle ou un manquement à la discipline de l’entreprise, d’une gravité telle qu’elle rend impossible son maintien dans l’entreprise. Lorsque l’employeur retient la qualification de faute grave dans la lettre de licenciement, il lui incombe de rapporter la preuve matérielle des faits reprochés à son salarié.

Le contrôle de la matérialité des faits reprochés auquel le juge doit procéder implique une appréciation de leur imputabilité au salarié, de leur caractère objectivement fautif et sérieux justifiant la rupture du contrat de travail, ainsi que de leur gravité rendant impossible le maintien dans l’entreprise.

Enfin, il résulte des dispositions de l’article L.1332-4 du code du travail qu’aucun fait fautif ne peut donner lieu à lui seul à l’engagement de poursuites disciplinaires au-delà d’un délai de deux mois à compter du jour où l’employeur en a eu connaissance, à moins qu’il n’ait donné lieu dans le même temps à l’exercice de poursuites pénales.

Obligation de loyauté du salarié

La violation de l’obligation de loyauté du salarié, du secret professionnel et des secrets de fabrication de l’employeur a été confirmée par les juges. En cause, la divulgation de manière intentionnelle, d’un logiciel en cours de développement destiné à être la propriété de la société. Le salarié avait effectué des sauvegardes d’un logiciel en cours de développement sur des serveurs internet de Google en choisissant délibérément une licence GPL (open source), avec possibilité de libre redistribution, d’accès ‘aux codes source’ et aux travaux dérivés, sans en aviser son employeur, ni lui demander son autorisation.

La faute reprochée au salarié ne résidait pas dans l’utilisation pour son travail de ces logiciels mais dans la sauvegarde effectuée sur des serveurs internet de Google avec possibilité de libre redistribution, d’accès ‘aux codes source’ et aux travaux dérivés. A ce titre, le contrat de travail du salarié comportait des clauses particulières et notamment :

Une clause de loyauté, lui faisant interdiction pendant toute la durée de son contrat de travail de s’intéresser à quelque titre que ce soit directement ou indirectement à toute entreprise ayant une activité susceptible de concurrencer en tout ou en partie celle de l’entreprise, sauf autorisation expresse de la direction ;

Une clause de discrétion lui faisant interdiction de communiquer à qui que ce soit, pendant la durée de son contrat de travail et après sa rupture, des informations et documents sur les méthodes, l’organisation et/ou le fonctionnement de l’entreprise et à faire preuve d’une discrétion absolue sur l’ensemble des données ou informations dont il pourrait avoir connaissance, directement ou indirectement que celles-ci soient ou non en rapport avec ses fonctions.

En sauvegardant des données confidentielles, personnelles en lien avec ses recherches, mais aussi propres à l’entreprise, sur un serveur non sécurisé, sans solliciter préalablement l’accord de son employeur, alors même qu’il existait dans l’entreprise des serveurs sécurisés, le salarié  commis une faute d’une gravité particulière, incompatible avec la poursuite de la relation de travail.

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Q/R juridiques soulevées :

Quelle est l’importance de la protection du patrimoine immatériel de l’employeur ?

La protection du patrimoine immatériel de l’employeur est essentielle pour garantir la sécurité des informations et des ressources de l’entreprise. Cela inclut la mise en place de règles claires, telles que des chartes d’usage, qui définissent comment les salariés doivent utiliser ces ressources.

Ces règles permettent de prévenir les abus et de protéger les intérêts de l’entreprise. En l’absence de règles précises, les salariés sont néanmoins tenus à une obligation générale de loyauté envers leur employeur, ce qui signifie qu’ils doivent agir dans le meilleur intérêt de l’entreprise.

Cette obligation de loyauté est déterminante pour maintenir un climat de confiance et de respect au sein de l’organisation, et elle contribue à la préservation des actifs immatériels, tels que les secrets commerciaux et les informations confidentielles.

Quelles sont les conditions du licenciement pour faute lourde ?

Le licenciement pour faute lourde est une mesure disciplinaire grave qui peut être appliquée lorsqu’un salarié commet une violation sérieuse de ses obligations contractuelles. Selon l’article L. 1232-6 du code du travail, l’employeur doit clairement énoncer les motifs du licenciement dans la lettre de licenciement.

La faute lourde se caractérise par des faits personnellement imputables au salarié, qui constituent une violation d’une obligation contractuelle ou un manquement à la discipline de l’entreprise. Ces faits doivent être d’une gravité telle qu’ils rendent impossible le maintien du salarié dans l’entreprise.

L’employeur a la charge de prouver la matérialité des faits reprochés, ce qui implique une évaluation de leur caractère fautif et de leur gravité. De plus, l’article L. 1332-4 stipule qu’aucun fait fautif ne peut donner lieu à des poursuites disciplinaires au-delà de deux mois après que l’employeur en a eu connaissance, sauf si des poursuites pénales sont également engagées.

Comment la violation de l’obligation de loyauté peut-elle se manifester ?

La violation de l’obligation de loyauté peut se manifester de plusieurs manières, notamment par la divulgation intentionnelle d’informations confidentielles ou de secrets de fabrication. Un exemple concret est celui d’un salarié qui a partagé un logiciel en cours de développement sur des serveurs internet, en choisissant une licence open source sans en informer son employeur.

Cette action constitue une violation des clauses de loyauté et de discrétion présentes dans son contrat de travail. La clause de loyauté interdit au salarié de s’intéresser à des activités concurrentes, tandis que la clause de discrétion impose de ne pas divulguer d’informations sensibles, tant pendant qu’après la durée du contrat.

En sauvegardant des données confidentielles sur un serveur non sécurisé, le salarié a commis une faute grave, incompatible avec la poursuite de la relation de travail. Cela souligne l’importance de respecter les règles internes et de protéger les informations de l’entreprise.

Quelles sont les conséquences d’une faute lourde pour un salarié ?

Les conséquences d’une faute lourde pour un salarié peuvent être très graves, allant jusqu’au licenciement immédiat. Lorsqu’un salarié est reconnu coupable d’une faute lourde, cela peut entraîner la rupture de son contrat de travail sans préavis ni indemnité.

En plus de la perte de son emploi, le salarié peut également faire face à des répercussions sur son avenir professionnel. Un licenciement pour faute lourde peut nuire à sa réputation et rendre plus difficile la recherche d’un nouvel emploi, car les futurs employeurs peuvent être réticents à embaucher quelqu’un ayant un tel antécédent.

De plus, si la faute a des implications juridiques, le salarié pourrait également être exposé à des poursuites judiciaires, notamment si des informations confidentielles ont été divulguées à des tiers. Cela souligne l’importance pour les salariés de respecter les obligations contractuelles et de faire preuve de loyauté envers leur employeur.


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