L’Essentiel : Le dispositif légal imposant des quotas de diffusion de chansons françaises n’est pas considéré comme une restriction quantitative selon le droit européen. La société NRJ a contesté cette obligation devant le Conseil d’État, sans succès. l’ARCEPicle 34 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne interdit les restrictions quantitatives à l’importation et à la libre prestation de services. Toutefois, l’obligation de diffuser des œuvres musicales d’expression française vise à promouvoir la langue et le patrimoine musical francophone, justifiant ainsi les mesures prises par L’ARCOM pour garantir la diversité des titres programmés.
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NRJ c/ ARCOMLe dispositif légal de diffusion de quotas de chansons françaises ne constitue pas une restriction quantitative au sens du droit européen. Ce moyen a été soulevé sans succès par la société NRJ devant le Conseil d’État pour faire annuler une mise en demeure de l’ARCOM de respecter les obligations de la radio relatives à la diffusion d’oeuvres musicales d’expression française ou interprétées dans une langue régionale en usage en France. Article 34 du traité UEAux termes de l’article 34 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, les restrictions quantitatives à l’importation ainsi que toutes mesures d’effet équivalent, sont interdites entre les États membres. Aux termes de l’article 56 du même traité, les restrictions à la libre prestation des services à l’intérieur de l’Union sont interdites à l’égard des ressortissants des États membres établis dans un État membre autre que celui du destinataire de la prestation. La société NRJ a tenté de faire valoir que la mise en demeure de l’ARCOM apportait aux importations et à la libre prestation des services dans l’Union, des restrictions qui ne sont ni nécessaires pour atteindre l’objectif d’intérêt général défini par le législateur, ni proportionnées à cet objectif. Obligations de diffusion des éditeurs de radioL’obligation faite aux titulaires d’autorisations d’usage de la ressource radioélectrique de diffuser une proportion substantielle d’oeuvres musicales d’expression française ou interprétées dans une langue régionale en usage en France constitue un élément de politique culturelle défini par le législateur dans l’intérêt général et ayant pour but d’assurer à la fois la défense et la promotion de la langue française et des langues de France et le renouvellement du patrimoine musical francophone. Validation du plafonnement des rotationsLe nouveau dispositif légal de » plafonnement des rotations » introduit au 2° bis de l’article 28 de la loi du 30 septembre 1986 n’a pas pour objet d’augmenter la proportion de chansons d’expression française diffusées par les éditeurs de services de radio, mais vise seulement à favoriser la diversité des titres francophones programmés. A supposer même qu’il ait pour effet indirect de conduire les éditeurs qui maintiendraient un niveau important de rotation des mêmes titres à programmer une quantité plus importante de chansons d’expression française au détriment du répertoire en langue étrangère, la restriction quantitative à l’importation de marchandises ou la limitation à la libre prestation des services qui en résulteraient sont justifiées par l’objectif d’intérêt général. Au surplus, elles trouveraient leur origine dans le choix des éditeurs concernés de ne pas diversifier la programmation francophone afin de maintenir une même part de chansons en langue étrangère. Ainsi les dispositions de l’article 2° bis de l’article 28, telles qu’elles résultent de la loi du 7 juillet 2016, n’apparaissent pas disproportionnées par rapport à l’objectif poursuivi, dès lors qu’elles sont propres à en garantir la réalisation et ne vont pas au-delà de ce qui est nécessaire pour l’atteindre. |
Q/R juridiques soulevées :
Quel est le contexte de l’affaire NRJ c/ ARCOM ?L’affaire NRJ c/ ARCOM concerne la mise en demeure de la société NRJ par l’ARCOM pour non-respect des obligations de diffusion de chansons françaises. NRJ a contesté cette mise en demeure, arguant que le dispositif légal de quotas de diffusion ne constituait pas une restriction quantitative au sens du droit européen. Cette contestation a été rejetée par le Conseil d’État, qui a confirmé que les obligations de diffusion étaient en accord avec les lois en vigueur. Quelles sont les implications de l’article 34 du traité UE dans cette affaire ?L’article 34 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne interdit les restrictions quantitatives à l’importation entre les États membres. NRJ a tenté de faire valoir que la mise en demeure de l’ARCOM constituait une restriction à la libre prestation des services, ce qui est également prohibé par l’article 56 du même traité. Cependant, le Conseil d’État a jugé que les obligations de diffusion ne constituaient pas une restriction au sens de ces articles, car elles visent à promouvoir la culture française. Quelles sont les obligations de diffusion imposées aux éditeurs de radio ?Les éditeurs de radio en France sont tenus de diffuser une proportion substantielle d’œuvres musicales d’expression française ou interprétées dans une langue régionale. Cette obligation est considérée comme un élément de politique culturelle, visant à défendre et promouvoir la langue française ainsi que le patrimoine musical francophone. Elle est donc justifiée par un objectif d’intérêt général, qui dépasse les simples considérations commerciales des éditeurs de radio. Comment le plafonnement des rotations a-t-il été validé ?Le dispositif de « plafonnement des rotations » introduit par la loi du 30 septembre 1986 vise à favoriser la diversité des titres francophones diffusés par les radios. Il ne cherche pas à augmenter la proportion de chansons françaises, mais à encourager les éditeurs à diversifier leur programmation. Le Conseil d’État a jugé que même si ce plafonnement pouvait indirectement conduire à une augmentation des chansons françaises, il était justifié par l’objectif d’intérêt général et ne constituait pas une restriction disproportionnée. Ainsi, les obligations imposées par la loi sont considérées comme nécessaires pour atteindre cet objectif culturel. |
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