L’Essentiel : En septembre 2010, Philips a lancé la friteuse Airfryer, prétendant cuire « les frites les plus savoureuses sans huile » en 12 minutes. SEB a contesté ces allégations, demandant des preuves. Les juges ont conclu que ces affirmations étaient trompeuses. L’huile, essentielle à la cuisson des frites, joue plusieurs rôles, notamment en tant que conducteur thermique et pour le goût. Le slogan « sans huile » a induit en erreur le consommateur, tout comme le temps de cuisson annoncé, qui était en réalité supérieur. Ces éléments ont été jugés mensongers, affectant la décision d’achat du consommateur moyen.
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Allégations publicitaires : SEB c/ Philips Publicité trompeuseEn septembre 2010 la société Philips a lancé une friteuse dénommée Airfryer qui revendiquait de pouvoir faire « les frites les plus savoureuses sans huile » et « en seulement 12 minutes ». La société SEB a mis en demeure la société Philips de justifier de ces qualités par des documents et notamment des rapports d’études et de tests, puis lui a fait délivrer le 8 novembre 2010 une sommation interpellative. Les juges ont retenu que les allégations publicitaires en cause étaient trompeuses. Fondements légaux de la publicité mensongèreLes articles 5 et 6 de la directive européenne n°2005/29 du 11 mai 2005 disposent que : «Les pratiques déloyales sont interdites. Une pratique commerciale est déloyale si : .. b) elle altère ou est susceptible d’altérer de manière substantielle le comportement économique, par rapport au produit, du consommateur moyen qu’elle touche ou auquel elle s’adresse ou du membre moyen du groupe lorsqu’une pratique commerciale est ciblée vers un groupe particulier de consommateurs». L’article L121-1 du code de la consommation qui a transposé l’article 6 de cette directive dispose : «Une pratique commerciale est réputée trompeuse si elle contient des informations fausses et qu’elle est donc mensongère ou que, d’une manière quelconque, y compris par sa présentation générale, elle induit ou est susceptible d’induire en erreur le consommateur moyen, même si les informations présentées sont factuellement correctes, en ce qui concerne un ou plusieurs des aspects ci-après et que, dans un cas comme dans l’autre, elle l’amène ou est susceptible de l’amener à prendre une décision commerciale qu’il n’aurait pas prise autrement : a) l’existence du produit, b) les caractéristiques principales du produit telles que sa disponibilité, ses avantages, les risques qu’il présente, son exécution, sa composition, ses accessoires, le service après -vente et le traitement des réclamations, le mode et la date de fabrication…» Pour qu’il y ait pratique commerciale trompeuse deux critères doivent être satisfaits, d’une part l’existence d’une allégation fausse, d’un mensonge, d’une information erronée, d’autre part, que cette allégation ait été susceptible d’amener le consommateur moyen à prendre une décision qu’il n’aurait pas prise autrement. Publicité Philips mensongèreEn l’espèce, il a été jugé que l’huile a plusieurs fonctions dans la préparation des frites en faisant un ingrédient nécessaire à leur cuisson à savoir : i) être un conducteur thermique permettant à la chaleur de pénétrer rapidement l’intérieur de la frite et former rapidement une croute croustillante qui préserve l’eau le temps à la frite de cuite intérieurement ; ii) apporter à la frite un goût particulier ; iii) entrainer une réaction chimique dénommée Lipo-oxydation libérant des arômes spécifiques ; iv) préserver les arômes ainsi libérés. En conséquence le slogan sans huile apposé systématiquement par la société Philips sur ses emballages et dans ses publicités a délibérément nié cette nécessité d’un minimum d’huile, puisqu’au contraire il faisait état de la mise au point d’une technologie particulière dont le résultat était présenté comme permettant une cuisson des frites sans huile, la mention d’une cuillère d’huile étant présentée comme une option destinée seulement à apporter un goût particulier, celui de l’huile d’olive étant d’ailleurs seul préconisé. Le slogan publicitaire «sans huile» est suffisamment clair pour être compris par un consommateur moyen sans donner lieu à des interprétations variables ; si certains aliments se présentent avec ce terme «sans», comme par exemple «sans alcool» pour la bière alors que tel n’est pas le cas, il s’agit de produits réglementés par des textes quant à leur composition ce qui ne saurait être comparé avec les modalités de fonctionnement d’un appareil. Il résulte de ces éléments que l’argument sans huile a été utilisé de façon mensongère par la société Philips. Par ailleurs, le temps de cuisson indiqué dans la publicité (12 minutes) était également mensonger : le rapport de l’IPI (laboratoire indépendant) a retenu des temps de cuisson moyens de 18 minutes environ pour des frites surgelées, incluant le temps de préchauffage et de 19 minutes pour des frites fraîches mais qu’il s’est fondé sur le degré de coloration de la frite ce qui ne démontre pas qu’elles étaient parfaitement cuites. Le facteur temps dans la réalisation de tâches quotidiennes comme la préparation de repas et un facteur essentiel pour le consommateur moyen ; la société Philips a d’ailleurs axé sa publicité sur une famille, son film publicitaire mettant en scène une mère de famille qui s’apprête à placer des frites dans l’appareil et comportant en haut de l’écran un minuteur réglé sur 12 minutes ; il s’agissait donc d’un argument publicitaire déterminant pour un consommateur moyen français. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles allégations publicitaires ont été faites par Philips concernant la friteuse Airfryer ?La société Philips a lancé en septembre 2010 sa friteuse Airfryer en faisant des allégations selon lesquelles elle pouvait préparer « les frites les plus savoureuses sans huile » et ce, « en seulement 12 minutes ». Ces affirmations ont suscité des préoccupations de la part de la société SEB, qui a exigé des preuves documentées pour justifier ces qualités. Le 8 novembre 2010, SEB a délivré une sommation interpellative à Philips, ce qui a conduit à une décision judiciaire qui a retenu que les allégations publicitaires de Philips étaient trompeuses. Quels sont les fondements légaux de la publicité mensongère ?Les fondements légaux de la publicité mensongère sont principalement établis par la directive européenne n°2005/29 du 11 mai 2005, qui interdit les pratiques commerciales déloyales. Selon cette directive, une pratique commerciale est considérée comme déloyale si elle altère ou est susceptible d’altérer de manière substantielle le comportement économique du consommateur moyen. En France, l’article L121-1 du code de la consommation transpose cette directive et stipule qu’une pratique commerciale est réputée trompeuse si elle contient des informations fausses ou induit en erreur le consommateur, même si les informations sont factuellement correctes. Quels critères doivent être satisfaits pour qu’une pratique commerciale soit considérée comme trompeuse ?Pour qu’une pratique commerciale soit qualifiée de trompeuse, deux critères doivent être satisfaits. Premièrement, il doit y avoir une allégation fausse, un mensonge ou une information erronée. Deuxièmement, cette allégation doit être susceptible d’amener le consommateur moyen à prendre une décision qu’il n’aurait pas prise autrement. Ces critères visent à protéger le consommateur contre des informations qui pourraient influencer ses choix d’achat de manière injuste. Pourquoi la publicité de Philips a-t-elle été jugée mensongère ?La publicité de Philips a été jugée mensongère car elle a délibérément nié la nécessité d’utiliser un minimum d’huile pour la cuisson des frites. L’huile joue plusieurs rôles essentiels dans la préparation des frites, notamment en tant que conducteur thermique, en apportant un goût particulier et en préservant les arômes. Le slogan « sans huile » a donc induit en erreur les consommateurs en laissant entendre qu’il était possible de cuire des frites sans aucune huile, ce qui n’est pas le cas. Quelles étaient les implications du temps de cuisson annoncé par Philips ?Le temps de cuisson annoncé par Philips, soit 12 minutes, a également été jugé mensonger. Des tests réalisés par un laboratoire indépendant ont montré que le temps de cuisson moyen pour des frites surgelées était d’environ 18 minutes, et de 19 minutes pour des frites fraîches. Le temps de cuisson est un facteur déterminant pour les consommateurs, et Philips a utilisé cet argument dans sa publicité, ce qui a renforcé la perception trompeuse de son produit. La mise en scène d’une mère de famille dans le film publicitaire, avec un minuteur réglé sur 12 minutes, a accentué l’importance de cette allégation dans l’esprit des consommateurs. |
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