l’ARCOM a prononcé une sanction record contre la chaîne Cnews au titre des dérives du journaliste Éric Zemmour. Au cours de l’émission « Face à l’info » le chroniqueur s’est exprimé sur la situation des mineurs étrangers isolés en France et a notamment déclaré à plusieurs reprises qu’ils étaient, pour la «plupart» ou «tous» des « voleurs », des « violeurs » et des « assassins », à tout le moins qu’ « il y en a beaucoup qui le deviennent », évoquant une « invasion » à laquelle la France devrait mettre un terme. Sanction de l’ARCOMl’ARCOM a considéré que ces propos, émanant d’une personne bénéficiant d’une large exposition médiatique, ont été tenus à un horaire de diffusion susceptible d’attirer des audiences significatives et qu’aucune réaction marquée n’a été apportée à ces déclarations par les personnes présentes en plateau. Le comité d’éthique du Groupe Canal Plus, dans sa délibération du 22 octobre 2020 relative aux propos tenus durant cette émission n’avait lui-même pris aucune mesure. Incitation à la haineL’autorité de régulation a noté que le caractère violent et répété du vocabulaire employé par le chroniqueur, stigmatisant les mineurs étrangers isolés en insistant sur les dangers qu’ils représenteraient en termes d’actes criminels, traduisait l’expression d’un vif sentiment de rejet à leur égard. Ces propos, quand bien même ils ont été tenus dans le cadre d’un débat en lui-même légitime sur la politique d’accueil des mineurs étrangers isolés en France, sont ainsi de nature à inciter à la haine envers cette population, pour des raisons de nationalité. Par ailleurs, ces propos véhiculent de nombreux stéréotypes particulièrement infämants à l’égard des mineurs étrangers isolés dans leur ensemble, de nature à encourager des comportements discriminatoires à leur égard en raison de leur origine ou de leur nationalité. Cette séquence caractérise ainsi un manquement, d’une part, au dernier alinéa de l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986 et, d’autre part, aux stipulations de l’article 2-3-2 de la convention du 27 novembre 2019. Inaction de l’éditeurAlors que l’émission a été diffusée avec un léger différé, cette séquence a été diffusée sans aucune modification. Dans ces conditions, un manquement aux stipulations de l’article 2-2-1 de la convention du 27 novembre 2019 était également caractérisé. Panoplie des sanctions de l’ARCOMAu sens de l’article 42-1 de la loi du 30 septembre 1986, si la personne faisant l’objet de la mise en demeure ne se conforme pas à celle-ci, l’ARCOM peut prononcer à son encontre, compte tenu de la gravité du manquement, et à la condition que celui-ci repose sur des faits distincts ou couvre une période distincte de ceux ayant déjà fait l’objet d’une mise en demeure, une des sanctions suivantes : 1° La suspension, pour un mois au plus, de l’édition, de la diffusion ou de la distribution du ou des services, d’une catégorie de programme, d’une partie du programme ou d’une ou plusieurs séquences publicitaires ; 2° La réduction de la durée de l’autorisation ou de la convention dans la limite d’une année ; 3° Une sanction pécuniaire assortie éventuellement d’une suspension de l’édition ou de la distribution du ou des services ou d’une partie du programme ; 4° Le retrait de l’autorisation ou la résiliation unilatérale de la convention. Dans tous les cas de manquement aux obligations incombant aux éditeurs de services de communication audiovisuelle, l’ARCOM peut aussi ordonner l’insertion dans les programmes d’un communiqué dont il fixe les termes et les conditions de diffusion (article 42-4). Maîtrise de l’antenneL’article 15 de la loi du 30 septembre 1986, dispose que les programmes mis à disposition du public par un service de communication audiovisuelle ne doivent contenir « aucune incitation à la haine ou à la violence pour des raisons de race, de sexe, de mœurs, de religion ou de nationalité ». En outre, l’article 2-3-2 de la convention de la chaîne Cnews stipule que « L’éditeur veille dans son programme (…) à ne pas encourager des comportements discriminatoires en raison de la race ou de l’origine (…), de la religion ou de la nationalité ». Enfin, l’article 2-2-1 de cette convention stipule que : « L’éditeur est responsable du contenu des émissions qu’il diffuse. Il conserve en toutes circonstances la maîtrise de son antenne. ». |
→ Questions / Réponses juridiques
Quelle sanction a été prononcée par l’ARCOM contre Cnews ?l’ARCOM a prononcé une sanction record contre la chaîne Cnews en raison des propos tenus par le journaliste Éric Zemmour durant l’émission « Face à l’info ». Ces propos, jugés particulièrement graves, ont été considérés comme incitant à la haine envers les mineurs étrangers isolés en France. l’ARCOM a noté que ces déclarations ont été faites à un horaire de diffusion susceptible d’attirer un large public, sans qu’aucune réaction significative ne soit apportée par les autres intervenants présents sur le plateau.Quels propos d’Éric Zemmour ont été jugés problématiques ?Éric Zemmour a déclaré que la majorité, voire la totalité, des mineurs étrangers isolés en France étaient des « voleurs », des « violeurs » et des « assassins ». Il a également évoqué une « invasion » que la France devrait stopper, ce qui a été interprété comme une stigmatisation de cette population vulnérable. Ces propos ont été jugés non seulement violents, mais aussi répétitifs, traduisant un sentiment de rejet à l’égard des mineurs étrangers isolés.Comment l’ARCOM a-t-il justifié sa décision ?l’ARCOM a justifié sa décision en soulignant le caractère violent et stigmatisant du vocabulaire utilisé par Zemmour. Il a noté que, bien que le débat sur la politique d’accueil des mineurs étrangers isolés soit légitime, les propos tenus incitaient à la haine pour des raisons de nationalité. De plus, ces déclarations véhiculent des stéréotypes infâmants, encourageant des comportements discriminatoires envers cette population.Quelles sont les conséquences de l’inaction de l’éditeur ?L’inaction de l’éditeur, en l’occurrence Cnews, a également été pointée du doigt. L’émission a été diffusée avec un léger différé, mais la séquence incriminée n’a subi aucune modification. Cela a conduit à un manquement aux obligations stipulées dans la convention du 27 novembre 2019, renforçant ainsi la responsabilité de l’éditeur dans la diffusion de contenus problématiques.Quelles sanctions l’ARCOM peut-il imposer en cas de manquement ?l’ARCOM dispose d’une panoplie de sanctions en cas de manquement aux obligations des éditeurs de services de communication audiovisuelle. Ces sanctions peuvent inclure la suspension de la diffusion pour un mois, la réduction de la durée de l’autorisation, ou encore une sanction pécuniaire. Dans les cas les plus graves, l’ARCOM peut également retirer l’autorisation ou résilier unilatéralement la convention.Quelles lois et conventions encadrent la diffusion des programmes ?L’article 15 de la loi du 30 septembre 1986 stipule que les programmes ne doivent contenir aucune incitation à la haine ou à la violence pour des raisons de race, de sexe, de religion ou de nationalité. De plus, l’article 2-3-2 de la convention de Cnews impose à l’éditeur de veiller à ne pas encourager des comportements discriminatoires. Enfin, l’article 2-2-1 souligne que l’éditeur est responsable du contenu diffusé et doit conserver la maîtrise de son antenne en toutes circonstances. |
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