Accès refusé et obligations de réparation en copropriété

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Accès refusé et obligations de réparation en copropriété

L’Essentiel : Monsieur [O] [T], propriétaire d’un appartement en copropriété, a été assigné en référé par le syndicat des copropriétaires en raison de refus d’accès à son logement pour des recherches de fuites d’eau. Malgré des interventions antérieures, des infiltrations persistantes ont été signalées. Le juge a constaté que ce refus constituait un trouble illicite et a ordonné l’accès à l’appartement sous huit jours, sous peine d’intervention forcée. En outre, Monsieur [O] [T] a été condamné à verser 700 euros pour couvrir les frais engagés par le syndicat, ainsi qu’à assumer les dépens de la procédure.

Contexte de l’affaire

Monsieur [O] [T] est propriétaire occupant d’un appartement n°23 dans une résidence en copropriété située à [Adresse 1], [Localité 4]. En décembre 2020, des infiltrations d’eau ont été signalées par la locataire de l’appartement en dessous, entraînant des désordres persistants malgré une intervention en août 2021.

Demande du syndicat des copropriétaires

Face à l’aggravation des infiltrations et au refus de Monsieur [O] [T] de permettre l’accès à son appartement pour des recherches de fuites, le syndicat des copropriétaires, représenté par la S.A.S. HEMON-CAMUS, a assigné Monsieur [O] [T] en référé le 2 décembre 2024. La demande incluait l’accès à l’appartement pour effectuer des recherches de fuites et des réparations, ainsi qu’une indemnité de 1500 euros pour couvrir les frais engagés.

Absence de comparution et constatations

Monsieur [O] [T] n’a pas comparu à l’audience. Les pièces produites ont révélé qu’il refusait systématiquement l’accès à son appartement, aggravant ainsi la situation depuis janvier 2022. Malgré des courriers recommandés, les désordres persistaient.

Décision du juge des référés

Le juge des référés a constaté que le refus d’accès constituait un trouble manifestement illicite. Il a donc ordonné à Monsieur [O] [T] de permettre l’accès à son appartement dans un délai de huit jours pour effectuer les recherches de fuites et les réparations nécessaires. En cas de non-respect, le syndicat des copropriétaires pourrait entrer dans l’appartement avec l’assistance d’un serrurier.

Indemnisation et dépens

Monsieur [O] [T] a été condamné à verser 700 euros au syndicat des copropriétaires pour couvrir les frais irrépétibles, ainsi qu’à payer les dépens liés à la procédure.

Q/R juridiques soulevées :

Quel est le fondement juridique de l’accès à l’appartement de Monsieur [O] [T] par le syndicat des copropriétaires ?

Le fondement juridique de l’accès à l’appartement de Monsieur [O] [T] repose sur les dispositions de l’article 9 de la loi du 10 juillet 1965, qui régit le statut de la copropriété des immeubles bâtis. Cet article stipule que chaque copropriétaire a le droit de jouir de son bien, mais également l’obligation de ne pas nuire aux autres copropriétaires.

En effet, l’article 9 précise :

« Chaque copropriétaire a le droit de jouir librement de son lot, sous réserve de ne pas porter atteinte aux droits des autres copropriétaires. »

Dans le cas présent, le refus de Monsieur [O] [T] d’autoriser l’accès à son appartement pour des travaux de recherche de fuites constitue un trouble manifestement illicite, car il aggrave les désordres subis par le locataire de l’appartement situé en dessous.

De plus, l’article 25 de la même loi prévoit que les décisions relatives à l’entretien et à la conservation de l’immeuble peuvent être prises par l’assemblée générale des copropriétaires, ce qui renforce la nécessité d’accéder à l’appartement pour effectuer les réparations nécessaires.

Quelles sont les conséquences du refus d’accès à l’appartement pour Monsieur [O] [T] ?

Les conséquences du refus d’accès à l’appartement pour Monsieur [O] [T] sont multiples et peuvent être analysées à la lumière des articles 1382 et 1383 du Code civil, qui traitent de la responsabilité délictuelle.

L’article 1382 dispose :

« Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »

Ainsi, en empêchant l’accès à son appartement, Monsieur [O] [T] engage sa responsabilité en raison du préjudice causé au syndicat des copropriétaires, qui ne peut pas effectuer les réparations nécessaires.

De plus, l’article 1383 précise :

« Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou son imprudence. »

Le refus d’accès, en aggravant les infiltrations et en causant des désordres supplémentaires, peut être considéré comme une négligence de la part de Monsieur [O] [T], ce qui pourrait entraîner des demandes d’indemnisation pour les frais engagés par le syndicat des copropriétaires.

Comment se justifie l’indemnisation de 700 euros au titre de l’article 700 du Code de procédure civile ?

L’indemnisation de 700 euros au titre de l’article 700 du Code de procédure civile se justifie par le fait que cet article permet au juge d’allouer une somme à la partie qui a dû engager des frais pour faire valoir ses droits en justice.

L’article 700 dispose :

« Le juge peut condamner la partie perdante à payer à l’autre partie une somme au titre des frais irrépétibles. »

Dans cette affaire, le syndicat des copropriétaires a dû engager des frais pour assigner Monsieur [O] [T] en référé afin d’obtenir l’accès à son appartement. Ces frais peuvent inclure les honoraires d’avocat, les frais de commissaire de justice, ainsi que d’autres dépenses liées à la procédure.

L’indemnisation de 700 euros vise donc à compenser ces frais, en tenant compte de la situation et des circonstances de l’affaire, et elle est justifiée par le fait que le refus d’accès a entraîné des dépenses supplémentaires pour le syndicat des copropriétaires.

N° RG 24/01303 – N° Portalis DBYS-W-B7I-NOBG

Minute N° 2025/

ORDONNANCE DE RÉFÉRÉ

du 30 Janvier 2025

—————————————–

S.D.C. [3] – [Adresse 1]

C/

[O] [T]

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copie exécutoire délivrée le 30/01/2025 à :

la SELARL CABINET CIZERON – 257
copie certifiée conforme délivrée le 30/01/2025 à :

la SELARL CABINET CIZERON – 257
dossier

MINUTES DU GREFFE

DU TRIBUNAL JUDICIAIRE DE NANTES

(Loire-Atlantique)

_________________________________________

ORDONNANCE DE RÉFÉRÉ
_________________________________________

Président : Franck BIELITZKI

Greffier : Eléonore GUYON

DÉBATS à l’audience publique du 09 Janvier 2025

PRONONCÉ fixé au 30 Janvier 2025

Ordonnance réputée contradictoire, mise à disposition au greffe

ENTRE :

S.D.C. [3] – [Adresse 1], représenté par son syndic en exercice la S.A.S. HEMON-CAMUS
(RCS NANTES N°411 777 071),
domicilié : chez S.A.S. HEMON-CAMUS, dont le siège social est sis [Adresse 2]
[Localité 4]
Rep/assistant : Maître Guillaume CIZERON de la SELARL CABINET CIZERON, avocats au barreau de NANTES

DEMANDERESSE

D’UNE PART

ET :

Monsieur [O] [T],
demeurant [Adresse 1]
[Localité 4]
Non comparant

DÉFENDEUR

D’AUTRE PART

N° RG 24/01303 – N° Portalis DBYS-W-B7I-NOBG du 30 Janvier 2025

Monsieur [O] [T] est propriétaire occupant d’un appartement n°23 au sein d’une résidence en copropriété dénommée [3] située [Adresse 1] à [Localité 4].
En décembre 2020, la locataire de l’appartement situé en dessous de celui de Monsieur [O] [T] s’est plainte d’infiltrations en cueillie de plafond de la salle de séjour et malgré une intervention réalisée en août 2021 les désordres perdurent.
Se plaignant de l’aggravation des désordres, Monsieur [O] [T] empêchant l’accès à son appartement pour qu’une nouvelle recherche de fuites puisse avoir lieu avant des travaux réparatoires, le syndicat des copropriétaires de la résidence [3] située [Adresse 1] à [Localité 4] représenté par son syndic la S.A.S. HEMON-CAMUS a fait assigner en référé Monsieur [O] [T] selon acte de commissaire de justice du 2 décembre 2024 afin de solliciter :
– l’accès à l’appartement n° 23 au syndicat des copropriétaires et à toute personne missionnée par ce dernier, sous réserve d’une notification préalable au moins 8 jours avant l’intervention, afin de procéder à une recherche de fuites en lien avec les infiltrations subies dans l’appartement de l’étage inférieur, et de procéder aux travaux de suppression à l’origine des infiltrations, à défaut avec l’aide d’un commissaire de justice accompagné d’un serrurier,
– le paiement d’une somme de 1500,00 € en application des dispositions de l’article 700 du code de procédure civile outre les dépens y compris les frais de commissaire de justice et de serrurier.

Monsieur [O] [T] régulièrement cité n’a pas comparu.

SUR QUOI

Attendu qu’il résulte des pièces produites et des explications données que le défendeur refuse l’accès à son appartement afin de permettre une recherche de fuites et des travaux préparatoires, que la situation dure depuis janvier 2022 et qu’en dépit des courriers recommandés non réclamés par ce dernier les désordres persistent et s’aggravent ;
Attendu que ce refus répété d’autoriser l’accès à ses locaux est constitutif d’un trouble manifestement illicite qu’il convient de faire cesser ; qu’il sera donc fait droit à la demande du syndicat des copropriétaires dans les termes du dispositif ci-après ;
Attendu que l’équité dicte d’indemniser le syndicat de ses frais irrépétibles par l’allocation d’une indemnité de 700 euros ;

PAR CES MOTIFS

Nous, juge des référés, statuant publiquement, par ordonnance réputée contradictoire et en premier ressort,
Enjoignons à Monsieur [O] [T] de permettre l’accès à son appartement situé au 1er étage de l’immeuble situé [Adresse 1] à [Localité 4], dans le délai de huitaine de la signification de cette ordonnance, afin de permettre d’effectuer les recherches de fuites et les réparations nécessaires,
Passé le délai de huitaine de la signification de cette ordonnance, autorisons le syndicat des copropriétaires de l’immeuble située [Adresse 1] à [Localité 4], représenté par son syndic et accompagné du professionnel de son choix, à pénétrer dans l’appartement de Monsieur [O] [T], avec l’assistance d’un serrurier si besoin est, pour procéder aux recherches de fuites et aux réparations nécessaires,

Condamnons Monsieur [O] [T] à payer au syndicat des copropriétaires de la résidence [3] située [Adresse 1] à [Localité 4] représenté par son syndic la S.A.S. HEMON-CAMUS, la somme de 700 euros sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile,
Condamnons Monsieur [O] [T] aux dépens.

Le Greffier, Le Président,

Eléonore GUYON Franck BIELITZKI


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