Le Décret n° 2021-1306 du 7 octobre 2021 a mis en place les premières mesures visant à protéger les mineurs contre l’accès à des sites diffusant un contenu pornographique. Le texte encadre le nouveau pouvoir de mise en demeure de l’ARCOM à l’égard des sites pornographiques ne mettant pas en place des mesures techniques de vérifications adéquates (à définir par les futures lignes directrices de l’ARCOM). Mise en demeure des sites XCes mises en demeures devront être faites par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ; remise en main propre contre récépissé ; acte d’huissier de justice ou tout autre moyen permettant d’attester de la date de réception par le destinataire, y compris par voie électronique. Avant d’adresser ses mises en demeures, le président de l’ARCOM tient compte du niveau de fiabilité du procédé technique mis en place par l’éditeur de site pornographique afin de s’assurer que les utilisateurs souhaitant accéder au service sont majeurs. Pour mémoire, ce nouveau pouvoir a été mis en place par l’article 23 de la loi n° 2020-936 du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales: «Lorsqu’il constate qu’une personne dont l’activité est d’éditer un service de communication au public en ligne permet à des mineurs d’avoir accès à un contenu pornographique en violation de l’article 227-24 du code pénal, le président de l’ARCOM adresse à cette personne, par tout moyen propre à en établir la date de réception, une mise en demeure lui enjoignant de prendre toute mesure de nature à empêcher l’accès des mineurs au contenu incriminé. La personne destinataire de l’injonction dispose d’un délai de quinze jours pour présenter ses observations.» Issue des injonctions non respectéesA l’expiration du délai de mise en conformité, le président de l’ARCOM peut saisir le président du tribunal judiciaire de Paris aux fins d’ordonner, selon la procédure accélérée au fond, que les fournisseurs d’accès (protocole de blocage par nom de domaine (DNS) mettent fin à l’accès au service. Le procureur de la République est avisé de la décision du président du Ordonnances sur requêteLe président de l’ARCOM peut aussi saisir, sur requête, le président du tribunal judiciaire de Paris aux mêmes fins lorsque le service de communication au public en ligne est rendu accessible à partir d’une autre adresse (sites miroirs). Il peut également demander au président du tribunal judiciaire de Paris d’ordonner, selon la procédure accélérée au fond, toute mesure destinée à faire cesser le référencement du service de communication en ligne par un moteur de recherche ou un annuaire. Le président de l’ARCOM peut agir d’office ou sur saisine du ministère public ou de toute personne physique ou morale ayant intérêt à agir. Article 227-24 du Code pénalDepuis le 23 avril 2021, le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. Les infractions sont constituées y compris si l’accès d’un mineur aux contenus pornographiques (mais pas seulement), résulte d’une simple déclaration de celui-ci indiquant qu’il est âgé d’au moins dix-huit ans. L’article 227-24 du code pénal précise en effet désormais que l’infraction de mise à disposition de contenu pornographique à des mineurs est constituée y compris lorsque l’éditeur de service de communication au public en ligne a mis en place un procédé technique invitant les internautes à déclarer qu’ils ont plus de dix-huit ans avant d’accéder au service. Mesures de vérification technique à venirEn dehors de cette précision, les éditeurs concernés restent libres de choisir les moyens à mettre en œuvre pour empêcher des mineurs d’accéder aux contenus pornographiques qu’ils mettent à disposition du public. Dans ce cadre, le dispositif retenu par le législateur comprend deux étapes principales : – lorsqu’il constate qu’une personne dont l’activité est d’éditer un service de communication au public en ligne permet à des mineurs d’avoir accès à un contenu pornographique en violation de l’article 227-24 du code pénal, le président de l’ARCOM adresse à cette personne une mise en demeure lui enjoignant de prendre toute mesure de nature à empêcher cet accès ; – à l’expiration de ce délai, en cas d’inexécution de la mise en demeure et si le contenu reste accessible aux mineurs, il peut saisir en référé le président du tribunal judiciaire de Paris aux fins d’ordonner aux fournisseurs d’accès à internet (FAI) de mettre fin à l’accès au service en cause ou aux moteurs de recherche et aux annuaires de prendre toute mesure destinée à faire cesser le référencement de ce service. Cette mission confiée au président de l’ARCOM à l’égard des contenus pornographiques en ligne vient prolonger celle conférée au Conseil par la loi du 30 septembre 1986 (notamment en son article 15) de veiller à la protection des mineurs contre les programmes des services de communication audiovisuelle susceptibles de nuire à leur épanouissement physique, mental ou moral. l’ARCOM devra adopter prochainement, après consultation de l’ARCEP et de la CNIL, de « lignes directrices » concernant la fiabilité des procédés techniques mis en place par les éditeurs de sites. |
→ Questions / Réponses juridiques
Quelles sont les mesures mises en place par le Décret n° 2021-1306 ?Le Décret n° 2021-1306, promulgué le 7 octobre 2021, a introduit des mesures visant à protéger les mineurs de l’accès à des contenus pornographiques en ligne. Ce texte confère au ARCOM un nouveau pouvoir de mise en demeure à l’égard des sites pornographiques qui ne mettent pas en œuvre des mesures techniques adéquates pour vérifier l’âge des utilisateurs. Ces mesures techniques doivent être définies par des lignes directrices à venir, établies par l’ARCOM. L’objectif principal est de s’assurer que seuls les utilisateurs majeurs peuvent accéder à ces contenus, en renforçant ainsi la protection des mineurs.Comment se déroulent les mises en demeure des sites pornographiques ?Les mises en demeure adressées aux sites pornographiques doivent être effectuées par des moyens permettant d’attester de la date de réception par le destinataire. Cela inclut l’envoi par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, la remise en main propre contre récépissé, ou encore l’utilisation d’un acte d’huissier de justice. Avant d’envoyer une mise en demeure, le président de l’ARCOM évalue le niveau de fiabilité des procédés techniques mis en place par l’éditeur du site. Cela garantit que les utilisateurs souhaitant accéder au contenu pornographique sont bien des adultes, respectant ainsi les exigences légales.Quelles sont les conséquences en cas de non-respect des injonctions ?Si un site ne se conforme pas à la mise en demeure dans le délai imparti, le président de l’ARCOM a la possibilité de saisir le président du tribunal judiciaire de Paris. Cette saisine vise à ordonner, par une procédure accélérée, que les fournisseurs d’accès à Internet mettent fin à l’accès au service incriminé. Le procureur de la République est également informé de cette décision, ce qui souligne la gravité des infractions liées à l’accès des mineurs à des contenus pornographiques.Quelles actions l’ARCOM peut-il entreprendre en cas de sites miroirs ?Le président de l’ARCOM peut également agir contre des sites miroirs, c’est-à-dire des services de communication au public en ligne accessibles sous d’autres adresses. Dans ce cas, il peut saisir le président du tribunal judiciaire de Paris pour demander des mesures visant à faire cesser le référencement de ces services par les moteurs de recherche ou les annuaires. Cette capacité d’action permet au ARCOM de lutter efficacement contre la diffusion de contenus pornographiques accessibles aux mineurs, même lorsque ces contenus sont hébergés sur des adresses différentes.Quelles sont les sanctions prévues par l’article 227-24 du Code pénal ?L’article 227-24 du Code pénal stipule que la fabrication, le transport, ou la diffusion de messages à caractère pornographique, susceptibles d’être vus par des mineurs, est passible de trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 75 000 euros. Cette infraction est constituée même si l’accès des mineurs à ces contenus résulte d’une simple déclaration de leur part indiquant qu’ils sont âgés d’au moins dix-huit ans. Cela souligne la responsabilité des éditeurs de services de communication en ligne dans la protection des mineurs.Quelles mesures de vérification technique sont à venir ?Les éditeurs de sites pornographiques ont la liberté de choisir les moyens techniques pour empêcher l’accès des mineurs à leurs contenus. Cependant, le dispositif législatif impose deux étapes principales : d’abord, une mise en demeure pour prendre des mesures de protection, puis, en cas d’inefficacité, une saisine du tribunal pour ordonner des actions contre les fournisseurs d’accès. l’ARCOM est également chargé d’adopter des lignes directrices concernant la fiabilité des procédés techniques, après consultation de l’ARCEP et de la CNIL. Ces lignes directrices devraient préciser les exigences techniques à respecter pour garantir l’efficacité des mesures de protection. |
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