Abus de CDD d’usage : préjudice pour déloyauté contractuelle

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Abus de CDD d’usage : préjudice pour déloyauté contractuelle

Nouveau chef de préjudice en cas d’abus de CDD d’usage : l’abus de CDD d’usage peut constituer une exécution déloyale du contrat de travail.

Exécution du contrat de travail de bonne foi

En application de l’article L. 1222-1 du Code du Travail, le contrat de travail doit être exécuté de bonne foi. La bonne foi se présumant, la charge de la preuve de l’exécution déloyale du contrat de travail par l’employeur incombe au salarié.

Exécution déloyale

Constitue une exécution déloyale du contrat de travail le fait de maintenir le salarié pendant 16 ans dans une situation de précarité et de dépendance à l’égard de l’employeur, lequel a entretenu l’espoir illusoire de l’intégrer un jour en contrat à durée indéterminée, en établissant une concurrence «malsaine» entre les différents salariés embauchés exclusivement en contrat à durée déterminée.

Préjudice distinct

La demande en dommages-intérêts pour exécution déloyale ne fait pas double emploi avec l’indemnité de requalification, ni avec les indemnités de précarité de 10 % versées à l’issue de chaque contrat à durée déterminée.

Le préjudice distinct est indemnisable dès lors que la salariée n’a pas perçu le salaire tenant compte de son ancienneté, la prime d’ancienneté de carte de presse qui lui était due, et que la privation de ce complément non négligeable de rémunération a entraîné pour elle un préjudice alors qu’elle a manifesté à plusieurs reprises son intention d’obtenir un contrat à durée indéterminée et de quitter le statut dans lequel elle était maintenue (6 500 euros à titre de dommages-intérêts pour exécution déloyale du contrat de travail). Télécharger la décision

Questions / Réponses juridiques

Quels sont les risques de requalification d’un Autoentrepreneur en contrat de travail ?

La requalification d’un Autoentrepreneur en contrat de travail peut survenir lorsque le donneur d’ordres exerce un pouvoir de contrôle et de direction sur l’Autoentrepreneur. Cela inclut l’application de sanctions, ce qui indique une relation de subordination.

La relation de travail ne dépend pas seulement de la volonté des parties, mais des conditions réelles d’exercice de l’activité. Si l’Autoentrepreneur exécute son travail sous l’autorité d’un employeur qui donne des ordres, contrôle l’exécution et sanctionne les manquements, le risque de requalification est élevé.

Il est donc déterminant pour les entreprises de traiter les Autoentrepreneurs comme des prestataires indépendants, sans exercer de contrôle excessif sur leur travail.

Comment un Autoentrepreneur peut-il être requalifié en contrat de travail ?

Un Autoentrepreneur peut être requalifié en contrat de travail si son donneur d’ordres agit comme un employeur. Cela se manifeste par des directives claires, une organisation du temps et du lieu de travail, ainsi que des objectifs mensuels imposés.

Dans un cas jugé, un Autoentrepreneur a été considéré comme un salarié parce qu’il devait répondre à des prospects dans un délai précis et se rendre à des rendez-vous fixés par la société.

De plus, l’utilisation d’outils de travail fournis par l’entreprise, comme un ordinateur ou un véhicule, renforce le contrôle exercé sur l’Autoentrepreneur, ce qui peut mener à une requalification.

Quelles sont les présomptions d’indépendance d’un Autoentrepreneur ?

Selon l’article L. 8221-6 du code du travail, certaines catégories de personnes sont présumées ne pas être liées par un contrat de travail avec leur donneur d’ordres. Cela inclut les Autoentrepreneurs immatriculés au registre du commerce, les dirigeants de sociétés, et d’autres professionnels inscrits dans des registres spécifiques.

Cependant, cette présomption peut être renversée si ces personnes fournissent des prestations dans des conditions qui établissent un lien de subordination juridique avec le donneur d’ordres.

Dans ce cas, la dissimulation d’emploi salarié peut être prouvée, et le donneur d’ordres peut être tenu de payer des cotisations sociales pour la période concernée.

Quelles conséquences pour le donneur d’ordres en cas de requalification ?

Si un Autoentrepreneur est requalifié en contrat de travail, le donneur d’ordres peut faire face à des conséquences juridiques et financières. En cas de condamnation pour travail dissimulé, il est tenu de payer les cotisations et contributions sociales dues pour la période de dissimulation.

Cela inclut les sommes versées à l’Autoentrepreneur pendant la période où il était considéré comme un salarié.

De plus, le donneur d’ordres pourrait également faire face à des sanctions pénales, ce qui souligne l’importance de respecter les conditions de travail et d’éviter toute relation de subordination non déclarée.

Comment un Autoentrepreneur peut-il prouver son lien de subordination ?

Un Autoentrepreneur peut prouver son lien de subordination en démontrant que les conditions de travail imposées par le donneur d’ordres sont caractéristiques d’un contrat de travail. Cela peut inclure des communications par email détaillant les obligations et les attentes, ainsi que des preuves de contrôle sur son activité.

Dans un cas spécifique, un Autoentrepreneur a réussi à renverser la présomption de non-salariat en montrant que, malgré son statut, il était soumis à des conditions de travail qui établissaient un lien de subordination.

Les éléments tels que la mise à disposition d’outils de travail, l’organisation des horaires, et la dépendance économique à l’égard de la société sont des indicateurs clés qui peuvent être utilisés pour établir ce lien.


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