Type de juridiction : Tribunal judiciaire
Juridiction : Tribunal judiciaire de Paris
Thématique : Changement d’usage d’un local : amende et indemnités en jeu
→ RésuméContexte de l’affaireLa ville de [Localité 6] a engagé une procédure judiciaire contre la SCI de [Localité 8] par une assignation datée du 25 juillet 2024, devant le tribunal judiciaire de Paris. L’audience s’est tenue le 16 décembre 2024, où la ville a maintenu ses demandes, notamment la constatation d’une infraction et la condamnation de la SCI à une amende civile de 50 000 €. Arguments de la ville de [Localité 6]La ville de [Localité 6] soutient que le local en question est à usage d’habitation et qu’aucun changement d’affectation n’a été autorisé. Elle affirme que la SCI a loué ce bien en courte durée à des clients de passage, ce qui ne correspond pas à un usage d’habitation principal. La ville demande également le remboursement de 2 000 € pour les frais de justice. Réponse de la SCI de [Localité 8]En réponse, la SCI de [Localité 8] conteste les accusations et demande le rejet des demandes de la ville. Elle réclame également des dommages et intérêts pour procédure abusive. La SCI argue que la preuve de l’usage d’habitation n’est pas établie et que le local est à usage commercial, citant des documents historiques pour soutenir sa position. Éléments de preuve et analyseLa ville a produit une fiche H2 indiquant que le local était affecté à l’habitation au 1er janvier 1970. En revanche, la SCI a fourni des documents attestant de l’usage commercial du local, mais ceux-ci n’ont pas suffi à contredire les éléments présentés par la ville. Les preuves de la SCI n’ont pas été jugées convaincantes par le tribunal. Décision du tribunalLe tribunal a constaté que la SCI de [Localité 8] avait effectivement changé l’usage du local sans autorisation, en le louant à des clients de passage. En conséquence, la SCI a été condamnée à une amende civile de 35 000 € et a été déboutée de sa demande de dommages et intérêts. De plus, elle a été condamnée aux dépens et à verser 1 500 € à la ville de Paris pour les frais de justice. ConclusionLa décision a été rendue le 20 janvier 2025, confirmant la position de la ville de [Localité 6] sur l’usage d’habitation du local et la nécessité d’une autorisation pour tout changement d’usage. La SCI de [Localité 8] a été tenue responsable des infractions constatées. |
TRIBUNAL
JUDICIAIRE
DE PARIS
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N° RG 24/55272 – N° Portalis 352J-W-B7I-C5K25
N° : 5
Assignation du :
25 Juillet 2024
[1]
[1] 2 Copies exécutoires
délivrées le:
JUGEMENT rendu selon la PROCEDURE ACCELEREE au FOND
le 20 janvier 2025
par Lucie LETOMBE, Juge au Tribunal judiciaire de Paris, agissant par délégation du Président du Tribunal,
Assistée de Pascale GARAVEL, Greffier.
DEMANDERESSE
Madame la Maire de la VILLE DE [Localité 6] représentant ladite Ville
Hôtel de Ville
Direction des Affaires Juridiques
[Adresse 3]
[Localité 4]
représentée par Maître Stéphane DESFORGES de la SELARL LE SOURD DESFORGES, avocats au barreau de PARIS – #K0131
DEFENDERESSE
La S.C.I. DE [Localité 8]
[Adresse 2]
[Localité 1]
représentée par Me Raphaël RICHEMOND, avocat au barreau de PARIS – #G0400
DÉBATS
A l’audience du 16 Décembre 2024, tenue publiquement, présidée par Lucie LETOMBE, Juge, assistée de Pascale GARAVEL, Greffier,
Nous, Président,
Après avoir entendu les conseils des parties,
EXPOSE DU LITIGE
Par assignation en date du 25 juillet 2024, la ville de [Localité 6] a attrait la SCI de [Localité 8] devant le président du tribunal judiciaire de Paris, saisi selon la procédure accélérée au fond.
A l’audience du 16 décembre 2024, la ville de [Localité 6], par l’intermédiaire de son conseil, a maintenu les termes de son assignation et demande à la juridiction de :
– constater l’infraction commise par la SCI de [Localité 8],
– condamner la SCI de [Localité 8] à lui payer une amende civile de 50 000 €,
– condamner la SCI de [Localité 8] à payer à la ville de Paris la somme de 2 000 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile, outre les dépens.
Au soutien de ses prétentions, la ville de Paris fait notamment valoir que le local en cause est à usage d’habitation, qu’aucun changement d’affectation n’a eu lieu, que ce bien a fait l’objet par la SCI de [Localité 8] de locations courte durée à une clientèle de passage qui n’y élit pas domicile, et que ce local ne constitue pas le domicile principal de la défenderesse.
Par conclusions déposées à l’audience et soutenues oralement, la SCI de [Localité 8], représentée par son conseil, demande au juge des référés de :
– débouter la ville de [Localité 6] de l’ensemble de ses demandes,
– condamner la ville de [Localité 6] à lui verser la somme de 5 000 € à titre de dommages et intérêts pour procédure abusive,
– condamner la ville de [Localité 6] à lui verser la somme de 5 000 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile, outre les dépens.
Elle allègue que la preuve de l’usage d’habitation n’est pas rapportée par la ville de [Localité 6], et qu’elle démontre que son local est à usage commercial soutenant que :
– la fiche immeuble du lot n°5 indique que la société Bramato a fait l’objet d’une fusion/absorption par la société George Mery (depuis lors devenue la SCI de [Localité 8]), confirmant ainsi la perpétuation du caractère commercial de l’activité et de l’usage du local depuis 1948, début de l’exploitation des lieux par la société Bramato,
– les pages 74 et 75 de la pièce n°2 adverse sont illisibles,
– il est affirmé par erreur en page 79 de la pièce adverse n°2 que Monsieur [L] serait, en tant que locataire, « entré en 1959 » alors qu’il est question de la SARL Bramato.
Elle soutient que la société Bramato, société commerciale, était propriétaire du logement litigieux, et que Monsieur [L], son gérant, n’occupait pas personnellement le local à titre d’habitation mais que seule la société Bramato l’occupait à titre commercial. Elle prétend que Monsieur [L] n’avait pas compris la nature et la portée de la fiche H2 qu’il a remplie.
Il est renvoyé aux dernières écritures des parties pour un plus ample exposé des faits, moyens et prétentions qui y sont contenus.
La date de délibéré a été fixée au 20 janvier 2025.
PAR CES MOTIFS
La présente juridiction, statuant publiquement, selon la procédure accélérée au fond, par mise à disposition au greffe au jour du délibéré, par décision contradictoire et en premier ressort,
Condamne la SCI de [Localité 8] à payer une amende civile de 35 000 € conformément aux dispositions de l’article L.651-2 du code de la construction et de l’habitation, dont le montant sera versé à la ville de Paris ;
Déboute la SCI de [Localité 8] de sa demande de dommages et intérêts ;
Condamne la SCI de [Localité 8] aux dépens ;
Condamne la SCI de [Localité 8] à payer à la ville de Paris la somme de 1 500 € au titre des dispositions de l’article 700 du code de procédure civile.
Déboute les parties du surplus de leurs demandes.
Fait à Paris le 20 janvier 2025
Le Greffier, Le Président,
Pascale GARAVEL Lucie LETOMBE
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