Hospitalisation sans consentement : enjeux de la protection des personnes atteintes de troubles mentaux.

·

·

Hospitalisation sans consentement : enjeux de la protection des personnes atteintes de troubles mentaux.

L’Essentiel : Monsieur [P] [I], né le 30 juin 2002, est hospitalisé sans consentement au CHU de [Localité 2] depuis le 2 janvier 2025, en raison de troubles mentaux nécessitant des soins urgents. Le 8 janvier, le Directeur a saisi le tribunal pour un contrôle de l’hospitalisation. Lors de l’audience du 9 janvier, le Procureur a soutenu la mesure. Les certificats médicaux ont confirmé un état de délire et des comportements destructeurs, rendant le patient incapable de consentir aux soins. Le tribunal a décidé de maintenir l’hospitalisation complète, avec possibilité d’appel dans les 10 jours, sans suspension de la décision.

Contexte de l’hospitalisation

Monsieur [P] [I], né le 30 juin 2002, est hospitalisé sans consentement au CHU de [Localité 2] depuis le 2 janvier 2025. Cette admission a été décidée en urgence par le Directeur de l’établissement à la demande d’un tiers, en raison de troubles mentaux nécessitant des soins immédiats.

Procédure judiciaire

Le 8 janvier 2025, le Directeur de l’établissement a saisi le tribunal pour un contrôle de la mesure d’hospitalisation complète. Une audience publique a eu lieu le 9 janvier 2025, où Monsieur [P] [I] a comparu, assisté par un avocat commis d’office. Le Procureur de la République a également formulé des observations écrites en faveur de la poursuite de la mesure.

Évaluation médicale

Selon l’article L.3212-1 du Code de la Santé publique, l’hospitalisation sans consentement est justifiée si les troubles mentaux rendent impossible le consentement du patient. Un certificat médical du 2 janvier 2025 a décrit un état de délire de persécution, d’agressivité et des menaces suicidaires, nécessitant une prise en charge médicale. Un second certificat du 5 janvier 2025 a confirmé la nécessité de l’hospitalisation complète.

Observations du médecin

L’avis du médecin [R] [C] du 8 janvier 2025 a souligné que Monsieur [P] [I] présente des troubles du comportement aggravés par des éléments délirants. Malgré une minimisation de ses symptômes, le patient a montré des comportements destructeurs, justifiant une mesure d’isolement et de contention physique. Le médecin a conclu que le patient est incapable de consentir aux soins.

Déclarations du patient

Lors de l’audience, Monsieur [P] [I] a exprimé des doutes sur l’efficacité de son traitement et a affirmé être lucide sur son état de santé. Il a manifesté le souhait d’intégrer le secteur ouvert de l’établissement, mais les éléments médicaux indiquent que ses troubles mentaux persistent et rendent impossible son consentement.

Décision du tribunal

Le tribunal a statué que les conditions légales pour l’hospitalisation sans consentement de Monsieur [P] [I] sont remplies et demeurent valables. Il a ordonné la poursuite de la mesure sous la forme d’une hospitalisation complète, sans possibilité de mainlevée à ce stade.

Voies de recours

La décision est susceptible d’appel dans un délai de 10 jours devant le Premier Président de la Cour d’Appel de Nîmes. Cet appel ne suspend pas l’exécution de la décision, sauf demande expresse du Procureur de la République.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions légales pour une hospitalisation sans consentement selon le Code de la Santé Publique ?

Selon l’article L.3212-1 du Code de la Santé publique, une personne atteinte de troubles mentaux ne peut être admise en soins psychiatriques sans son consentement que si deux conditions sont remplies :

1° Ses troubles rendent impossible son consentement ;

2° Son état impose des soins immédiats, assortis soit d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète, soit d’une surveillance médicale régulière justifiant une prise en charge sous une autre forme.

Ces dispositions visent à protéger les droits des patients tout en garantissant leur sécurité et celle des autres.

Il est donc essentiel que les certificats médicaux établis par des professionnels de santé attestent de l’incapacité du patient à consentir aux soins, ainsi que de la nécessité d’une hospitalisation complète pour assurer une surveillance médicale adéquate.

Comment la jurisprudence interprète-t-elle l’incapacité de consentir aux soins ?

La jurisprudence a établi que l’incapacité de consentir aux soins doit être fondée sur des éléments médicaux concrets. Dans le cas de Monsieur [P] [I], le certificat médical du Docteur [S] a mis en évidence un « délire de persécution » et des comportements agressifs, ce qui a justifié son hospitalisation sans consentement.

De plus, l’avis du médecin [R] [C] a confirmé que le patient minimisait ses troubles et ne pouvait pas fournir d’explications rationnelles à son comportement.

Ces éléments montrent que l’incapacité de consentir aux soins n’est pas seulement une question de volonté, mais aussi de l’état psychologique du patient, qui doit être évalué par des professionnels de santé qualifiés.

Quelles sont les conséquences d’une décision d’hospitalisation sans consentement ?

La décision d’hospitalisation sans consentement a des conséquences significatives pour le patient. Selon l’article L.3212-1 et suivants du Code de la Santé publique, cette mesure doit être régulièrement réévaluée pour s’assurer qu’elle reste justifiée.

Dans le cas présent, la décision de maintenir Monsieur [P] [I] en hospitalisation complète a été fondée sur des certificats médicaux récents qui attestent de la persistance de ses troubles mentaux.

Il est également important de noter que cette décision est susceptible d’appel, ce qui permet au patient ou à son représentant légal de contester la mesure devant le Premier Président de la Cour d’Appel de Nîmes dans un délai de 10 jours.

Quels sont les droits du patient en matière d’hospitalisation sans consentement ?

Le patient a des droits spécifiques en matière d’hospitalisation sans consentement, notamment le droit d’être informé de la mesure qui le concerne et de ses motifs.

L’article L.3212-4 du Code de la Santé publique stipule que le patient doit être informé de son état de santé et des soins qui lui sont proposés.

De plus, le patient a le droit d’être assisté par un avocat, comme cela a été le cas pour Monsieur [P] [I], qui a été assisté par Me Fahd MIHIH lors de l’audience.

Ces droits visent à garantir que le patient puisse faire valoir ses intérêts et contester la mesure d’hospitalisation si nécessaire.

ORDONNANCE DU : 09 Janvier 2025
DOSSIER N° : N° RG 25/00020 – N° Portalis DBX2-W-B7J-K2LD

TRIBUNAL JUDICIAIRE DE NIMES
magistrat du tribunal judiciaire de NIMES

ORDONNANCE
En matière de soins sans consentement

Nous, Patricia ANDREAU, première vice-présidente, magistrat du tribunal judiciaire de NIMES, , siégeant à l’Annexe du tribunal judiciaire du CHU de [Localité 2] assisté de Madame RAMILLON, Greffier ,

Vu la procédure concernant :

Monsieur [P] [I]
né le 30 Juin 2002 à
[Adresse 1]
[Adresse 1]

actuellement hospitalisé sans consentement au CHU de [Localité 2] depuis le 2 janvier 2025;

Vu la décision portant admission en soins psychiatriques prise le 2 janvier 2025 en urgence par Monsieur le Directeur de l’Etablissement à la demande d’un tiers ;

Vu la saisine en date du 08 Janvier 2025 de Monsieur le Directeur de l’Etablissement hospitalier tendant au contrôle de la mesure d’hospitalisation complète ;

Vu le dossier prévu à l’article R 3211-11 du Code de la Santé Publique ;

Vu l’audience publique en date du 09 Janvier 2025 tenue à l’Annexe du tribunal judiciaire du CHU de [Localité 2] à laquelle a comparu le patient

Monsieur [P] [I] , dûment avisé, assisté par Me Fahd MIHIH, avocat commis d’office

Vu les observations écrites de Monsieur le Procureur de la République, favorable à la poursuite de la mesure, absent à l’audience ;

MOTIFS

Selon l’article L.3212-1 du Code de la Santé publique, une personne atteinte de troubles mentaux ne peut être admise en soins psychiatriques sans son consentement sur la décision du directeur d’un établissement psychiatrique que si :
1° Ses troubles rendent impossible son consentement ;
2° son état impose des soins immédiats assortis soit d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète, soit d’une surveillance médicale régulière justifiant une prise en charge sous une autre forme.

Monsieur [P] [I] a été hospitalisé sans son consentement au vu du certificat médical établi par le Docteur [S] en date du 2 janvier 2025 faisant état de “délire de persécution, auto et hétéro agressivité verbale, menace de se suicider (se trancher la gorge avec un cutter), arrêt cocaïne depuis 48h selon ses dires” état nécessitant une prise en charge médicale ;

Monsieur [P] [I] a été maintenu en hospitalisation complète au regard du certificat médical établi par le docteur [J] [T] en date du 5 janvier 2025 ;

Aux termes de l’avis motivé du [R] [C] en date du 8 janvier 2025, ce médecin indique : “patient admis pour des troubles du comportement à domicile se majorant sous tendus par des éléments délirants de persécution. Depuis son admission, le patient minimise totalement la symptomatologie, la rationnalise, il minimise voire nie les troubles du comportement engendrés âr cette symptomatologie persécutoire (se balade avec une lame de cutter, hypervigilance …). Cette symptomatologie a été possiblement exacerbée par une consommation massive de toxiques mais s’intègre dans une pathologie psychiatrique. Dans le service, il a présenté à plusieurs reprises des troubles du comportement, il a notamment détruit hier la porte de sa chambre ce qui a justifié une mesure mutuelle d’isolement et de contention physique. Le patient n’en donne aucune explication rationnelle, le discours reste très superficiel. Ces éléments le rendent incapable de consentir aux soins”, et qu’en conséquence, la mesure de soins psychiatriques sans consentement avec hospitalisation à temps complet doit se poursuivre ;

Lors de l’audience, Monsieur [P] [I] s’est exprimé .Il a fait valoir par la voie de son conseil qu’il s’interroge sur l’efficacité de son traitement actuel, en tout état de cause il est lucide sur son état de santé et son besoins de soins. Il souhaite intégrer le secteur ouvert de l’établissement .

Il résulte des éléments médicaux versés au soutien de la requête et des débats, que les troubles mentaux décrits aux certificats médicaux rappelés ci-dessus sont persistants à ce jour et rendent impossible son consentement sur la durée.

L’état de la personne nécessite une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète.

P A R C E S M O T I F S

Statuant publiquement et en premier ressort ;

Vu les articles L 3212-1 et suivants du code de la santé publique;

Disons que les conditions légales de l’hospitalisation sans consentement de Monsieur [P] [I] sont remplies depuis son admission et demeurent remplies à ce jour.

Disons n’y avoir lieu à ordonner la mainlevée de cette mesure.

Ordonnons la poursuite de la mesure sous la forme d’une hospitalisation complète

La présente ordonnance est susceptible d’appel dans les 10 jours de sa notification devant le Premier Président de la Cour d’Appel de NÎMES. Cet appel ne suspend pas l’exécution de la présente décision sauf demande expresse de Monsieur le Procureur de la République formulée dans le délai de 6 h.

Fait en notre Cabinet au Palais de Justice de NIMES le 09 Janvier 2025.

Le Greffier La Présidente

Copie de la présente ordonnance a été adressée par mail à Monsieur le Directeur de l’Etablissement

Copie de la présente ordonnance a été portée à la connaissance de Monsieur [P] [I] par notification et remise d’une copie par l’intermédiaire du Directeur de l’Etablissement

Copie de la présente Ordonnance a été adressée par mail à l’avocat

Copie de la présente Ordonnance a été adressée par lettre simple au tiers demandeur

Monsieur le Procureur de la république a été avisé par mail de la présente décision

Le 09 Janvier 2025
Le Greffier


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Chat Icon