Indivision et enjeux de la liquidation patrimoniale : entre droits des coïndivisaires et contraintes judiciaires.

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Indivision et enjeux de la liquidation patrimoniale : entre droits des coïndivisaires et contraintes judiciaires.

L’Essentiel : Monsieur [W] et Madame [C] ont acquis un immeuble en indivision en 2008, avec une répartition de 70% pour Monsieur [W] et 30% pour Madame [C]. Après leur séparation en 2016, Madame [C] a assigné Monsieur [W] en justice en 2022 pour mettre fin à l’indivision. Le 4 avril 2024, le juge a ordonné la licitation de l’immeuble, fixant une mise à prix de 250 000 euros et une indemnité d’occupation de 1200 euros par mois à Monsieur [W]. Madame [C] a ensuite demandé une baisse d’enchères en raison d’un marché immobilier défavorable. L’affaire a été clôturée en octobre 2024.

Acquisition de l’immeuble

Monsieur [O] [W] et Madame [R] [C] ont acquis en indivision un immeuble à usage d’habitation le 18 juillet 2008, avec une répartition de 70% pour Monsieur [W] et 30% pour Madame [C].

Séparation et conflit d’indivision

Le couple s’est séparé en 2016, et Monsieur [W] n’a pas répondu aux tentatives de Madame [C] pour mettre fin à l’indivision.

Assignation en justice

Le 30 septembre 2022, Madame [C] a assigné Monsieur [W] devant le juge aux affaires familiales du Tribunal judiciaire de Bordeaux, demandant une expertise foncière, une mise à prix, une indemnité d’occupation, la vente par licitation et l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de l’indivision.

Jugement et expertise

Le 2 mars 2023, le juge a ordonné une expertise et désigné un notaire pour les opérations de liquidation. Le rapport d’expertise a été rendu le 1er août 2023.

Décision du juge en avril 2024

Le 4 avril 2024, le juge a ordonné la licitation de l’immeuble avec une mise à prix de 250 000 euros, a fixé une indemnité d’occupation de 1200 euros par mois à Monsieur [W], et a condamné ce dernier à verser 27 698,70 euros à Madame [C] pour l’indemnité d’occupation.

Demande de baisse d’enchères

Le 23 mai 2024, Madame [C] a de nouveau saisi le juge pour demander une baisse d’enchères, invoquant un marché immobilier défavorable.

Clôture de l’affaire

L’ordonnance de clôture a été rendue le 3 octobre 2024, et l’affaire a été plaidée le 7 novembre 2024, avec une mise en délibéré prévue pour le 9 janvier 2025.

Licitation et modalités

Le juge a ordonné la licitation de l’immeuble, précisant que la mise à prix pourrait être réduite en cas de carence d’enchères, et a désigné un avocat pour établir le cahier des charges de la vente.

Condamnation aux dépens

Monsieur [W] a été condamné aux entiers dépens, et les frais de la procédure seront inclus dans les frais privilégiés de la vente.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions de la licitation selon le Code de procédure civile ?

La licitation est régie par plusieurs articles du Code de procédure civile, notamment l’article 1377 qui stipule que le tribunal ordonne la vente par adjudication des biens qui ne peuvent être facilement partagés ou attribués.

Cette vente doit se faire selon les règles prévues aux articles 1271 à 1281 pour les immeubles.

L’article 1273 précise que le tribunal détermine la mise à prix de chacun des biens à vendre et les conditions essentielles de la vente.

Il peut également indiquer qu’à défaut d’enchères atteignant cette mise à prix, la vente pourra se faire sur une mise à prix inférieure qu’il fixe.

Dans le cas présent, l’immeuble en indivision ne peut être partagé, ce qui justifie la demande de licitation.

Comment est déterminée l’indemnité d’occupation dans le cadre d’une indivision ?

L’indemnité d’occupation est fixée par le juge en tenant compte de l’usage privatif du bien indivis par l’un des co-indivisaires.

Dans cette affaire, le juge a condamné Monsieur [O] [W] à verser une indemnité d’occupation de 1200 euros par mois à compter du 1er septembre 2016.

Cette décision repose sur le principe que l’occupant d’un bien indivis doit indemniser les autres co-indivisaires pour l’usage exclusif qu’il en fait.

L’article 815-9 du Code civil précise que « tout indivisaire peut demander à l’autre une indemnité d’occupation ».

Ainsi, l’indemnité d’occupation est calculée sur la base de la valeur locative du bien, ce qui a été fait dans ce cas.

Quelles sont les conséquences de l’absence de constitution d’avocat par un des co-indivisaires ?

L’absence de constitution d’avocat par Monsieur [O] [W] n’empêche pas le juge de statuer sur les demandes formulées par Madame [C].

Selon l’article 472 du Code de procédure civile, le juge peut faire droit à la demande si celle-ci apparaît recevable, régulière et bien fondée, même en l’absence de défense.

Cela signifie que le juge peut ordonner la licitation et fixer les modalités de la vente sans que Monsieur [W] ait besoin de se défendre.

Cependant, cette absence peut avoir des conséquences sur la possibilité pour Monsieur [W] de contester les décisions prises, car il n’a pas exercé son droit de défense.

Il est donc crucial pour un co-indivisaire de se faire représenter pour protéger ses intérêts dans une procédure de ce type.

Quelles sont les modalités de la vente par adjudication selon le Code de procédure civile ?

Les modalités de la vente par adjudication sont définies par les articles 1278 à 1281 du Code de procédure civile.

Ces articles précisent que la vente doit se faire aux enchères publiques, avec une mise à prix déterminée par le tribunal.

L’article 1278 indique que le cahier des charges doit être établi par un avocat, qui en précise les conditions de vente.

De plus, l’article 1279 stipule que la vente doit être annoncée publiquement, permettant ainsi d’attirer les enchérisseurs.

Dans le cas présent, Maître [U] [Y] a été désigné pour établir le cahier des charges et organiser la vente, conformément aux règles établies.

Les modalités de la vente incluent également la possibilité de baisse de la mise à prix en cas de carence d’enchères, ce qui a été prévu dans le jugement.

Quelles sont les implications de la décision de justice sur les frais de la procédure ?

La décision de justice stipule que Monsieur [O] [W] est condamné aux entiers dépens, ce qui signifie qu’il devra supporter tous les frais liés à la procédure.

Selon l’article 699 du Code de procédure civile, les dépens comprennent les frais de justice, y compris les frais d’expertise et d’avocat.

De plus, les frais de la présente procédure seront inclus dans les frais privilégiés de la vente, ce qui signifie qu’ils seront réglés par l’adjudicataire en sus du prix d’adjudication.

Cela souligne l’importance pour les co-indivisaires de bien gérer les aspects financiers de la procédure, car les frais peuvent rapidement s’accumuler.

Ainsi, la décision de justice a des implications financières significatives pour Monsieur [W], qui devra assumer les coûts de la procédure en plus de l’indemnité d’occupation.

Tribunal judiciaire de Bordeaux
CABINET JAF 9
N° RG 24/04477 – N° Portalis DBX6-W-B7I-ZEN2

N° RG 24/04477 – N° Portalis DBX6-W-B7I-ZEN2

Minute n°25/

AFFAIRE :

[R], [I], [A] [C]

C/

[O] [W]

Grosse délivrée
le
à
Maître [U] [Y] de la SELEURL FRANCOIS DEAT AVOCAT

TRIBUNAL JUDICIAIRE DE BORDEAUX

CABINET JAF 9

JUGEMENT DU 09 JANVIER 2025

COMPOSITION DU TRIBUNAL :
Lors des débats et du délibéré

Madame Marianne JAMET, Première Vice-Présidente adjointe,
Juge aux affaires familiales

assistée de Madame Bettina MOREL, faisant fonction de Greffier

DÉBATS :

A l’audience du 07 Novembre 2024,

JUGEMENT :

Réputé contradictoire,
Premier ressort,
Par mise à disposition au greffe,

DEMANDERESSE :

Madame [R], [I], [A] [C]
née le [Date naissance 1] 1977 à [Localité 9] (Hauts-de-Seine)
DEMEURANT :
[Adresse 10]
[Adresse 10]
[Localité 4]

représentée par Maître [U] [Y] de la SELEURL [U] [Y] AVOCAT, avocat au barreau de BORDEAUX

DÉFENDEUR :

Monsieur [O] [W]
né le [Date naissance 2] 1971 à [Localité 8] (Seine-Saint-Denis)
DEMEURANT :
[Adresse 5]
[Localité 3]

défaillant

Tribunal judiciaire de Bordeaux
CABINET JAF 9
N° RG 24/04477 – N° Portalis DBX6-W-B7I-ZEN2

FAITS ET PRÉTENTIONS DES PARTIES

Monsieur [O] [W] et Madame [R] [C] ont acquis en indivision le 18 juillet 2008 un immeuble à usage d’habitation sis [Localité 3] (Gironde), [Adresse 5] à concurrence de 70% de la propriété indivise pour Monsieur [W] et 30% pour Madame [C].

Le couple s’est séparé en 2016 et Monsieur [O] [W] n’a pas donné suite aux tentatives amiables de Madame [C] pour sortir de l’indivision existante entre eux.

Suivant exploit de commissaire de justice en date du 30 septembre 2022, Madame [C] a fait assigner Monsieur [W] devant le juge aux affaires familiales du Tribunal judiciaire de Bordeaux aux fins de voir ordonner une expertise foncière de l’immeuble indivis, proposer une mise à prix, déterminer le montant de l’indemnité d’occupation, ordonner la vente par licitation et enfin ordonner l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de l’indivision.

Monsieur [O] [W], bien qu’ayant reçu l’acte en personne, n’a pas constitué avocat.

Par jugement en date du 2 mars 2023, le juge a ordonné avant dire droit une expertise laquelle a été confiée à Madame [K] [M], l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de l’indivision et désigné Maître [F] [S], en qualité de notaire commis aux opérations.

Le rapport d’expertise a été rendu le 1er août 2023.

Par jugement en date du 4 avril 2024, le juge aux affaires familiales a :
– ordonné, préalablement aux opérations de comptes liquidation et partage de l’indivision, la licitation devant le Tribunal judiciaire de Bordeaux, de l’immeuble situé [Adresse 5] à [Localité 3], cadastré section AO n° [Cadastre 7] et n° [Cadastre 6] pour une contenance totale de 00 ha 10 a 86 ca, sur la mise à prix de 250 000, 00 € ;
– dit que cette licitation sera poursuivie devant le Tribunal judiciaire de BORDEAUX par Maître [U] [Y], SELARL [U] [Y], membre de l’AARPI 175 AVOCATS, ou tout autre avocat, qui sera chargé d’établir le cahier des conditions de la vente dans les formes prescrites par les dispositions des articles 1278 à 1281 du code de procédure civile, et conformément aux règles générales de ventes sur adjudication et aux règles spéciales concernant la vente des

biens indivis et le cas échéant des règles générales des ventes sur adjudication, si elles ne sont pas contraires aux règles précédentes ;
– dit que Monsieur [O] [W] est redevable envers l’indivision d’une indemnité d’occupation afférente au bien indivis, fixée à 1200 euros par mois à compter du 1er septembre 2016 et jusqu’à la fin de la jouissance privative ;
– condamné Monsieur [O] [W] à verser à Madame [R], [I], [A] [C] la somme de 27 698, 70 euros relative à l’indemnité d’occupation pour la période allant du 1er septembre 2016 au 30 juin 2023 ;
– renvoyé les parties devant Maître [F] [S], notaire commis à [Localité 11] (Gironde), pour dresser l’acte liquidatif et de partage ;
– condamné Monsieur [O] [W] aux entiers dépens et dit que les frais d’expertise seront partagés par moitié ;
– condamné Monsieur [O] [W] à verser à Madame [R], [I], [A] [C] une indemnité de 4 688, 20 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile.

Par acte de commissaire de justice en date du 23 mai 2024, Madame [R], [I], [A] [C] a de nouveau saisi le juge aux affaires familiales pour voir autoriser la baisse d’enchères lors de la vente du bien. Elle expose que le marché immobilier est défavorable et craint que la vente n’aboutisse pas.

Monsieur [O] [W] n’a pas constitué avocat.

L’ordonnance de clôture est intervenue le 3 octobre 2024.

L’affaire, plaidée à l’audience du 7 novembre 2024, a été mise en délibéré au 9 janvier 2025.

MOTIFS

Il appartient au juge, si le défendeur ne comparait pas, de ne faire droit à la demande que dans la mesure où celle-ci apparaît recevable, régulière et bien fondée, conformément aux dispositions de l’article 472 du Code de procédure civile.

Sur la licitation

Aux termes de l’article 1377 du Code de procédure civile, le tribunal ordonne, dans les conditions qu’il détermine, la vente par adjudication des biens qui ne peuvent être facilement partagés ou attribués. La vente est faite, pour les immeubles, selon les règles prévues aux articles 1271 à 1281 et, pour les meubles, dans les formes prévues aux articles R. 221-33 à R. 221-38 et R. 221-39 du Code des procédures civiles d’exécution.

L’article 1273 précise que le tribunal détermine la mise à prix de chacun des biens à vendre et les conditions essentielles de la vente. Il peut préciser qu’à défaut d’enchères atteignant cette mise à prix, la vente pourra se faire sur une mise à prix inférieure qu’il fixe.

Il résulte des éléments dont le juge dispose que l’immeuble sis [Localité 3] (Gironde) constitue le seul élément d’actif de l’indivision et ne peut, par définition, être partagé, les parties ayant chacune des droits sur le bien.

Madame [R], [I], [A] [C] souhaite la vente du bien, à laquelle Monsieur [W] averti par l’assignation et présent lors de l’expertise foncière du bien, n’a pas répondu et n’a pas manifesté d’intention quant à un potentiel rachat des parts de Madame [C].

Le rapport d’expertise judiciaire en date du 1er août 2023 évalue la valeur vénale du bien à 358 000 € et sa mise à prix à 250 000 €.

En conséquence, il y a lieu de faire droit à la demande de Madame [C] avec une mise à prix de 250 000 € et de désigner Maître [U] [Y], SELARL [U] [Y], membre de l’AARPI 175 AVOCATS, afin de déposer au Greffe du Tribunal judiciaire de Bordeaux un cahier des charges et des conditions de vente sur licitation aux enchères publiques en un seul lot.

Les modalités de la licitation seront précisées au dispositif.

Monsieur [O] [W], qui reste taisant à la procédure, doit être condamné aux dépens.

PAR CES MOTIFS

Madame Marianne JAMET, Première Vice-Présidente adjointe, Juge aux affaires familiales, statuant publiquement, par mise à disposition au greffe, par jugement réputé contradictoire et en premier ressort,

ORDONNE, préalablement aux opérations de comptes liquidation et partage de l’indivision, la licitation devant le Tribunal judiciaire de Bordeaux, de l’immeuble situé [Adresse 5] à [Localité 3], cadastré section AO n° [Cadastre 7] et n° [Cadastre 6] pour une contenance totale de 00 ha 10 a 86 ca, sur la mise à prix de 250 000, 00 €, avec faculté de baisse d’un quart, puis d’un tiers en cas de carence d’enchères ;

DIT que cette licitation sera poursuivie devant le Tribunal judiciaire de BORDEAUX par Maître [U] [Y], SELARL [U] [Y], membre de l’AARPI 175 AVOCATS, ou tout autre avocat, qui sera chargé d’établir le cahier des conditions de la vente dans les formes prescrites par les dispositions des articles 1278 à 1281 du code de procédure civile, et conformément aux règles générales de ventes sur adjudication et aux règles spéciales concernant la vente des biens indivis et le cas échéant des règles générales des ventes sur adjudication, si elles ne sont pas contraires aux règles précédentes ;

DIT que cette vente aura lieu aux clauses et conditions ordinaires et de droit précisées dans un cahier des charges dressé par Maître [U] [Y] commis pour la vente, après accomplissement de toutes les formalités légales ;

AUTORISE d’ores et déjà le poursuivant, afin d’attirer les enchérisseurs, et ce en application de l’article R322-37 du CPCE, à faire paraître une publicité complémentaire à raison de deux insertions dans le quotidien de son choix et sur internet ;

DIT que le poursuivant pourra faire dresser un procès-verbal descriptif et les diagnostics obligatoires des immeubles et assurer la visite des biens mis en vente, à raison de deux fois deux heures, par un commissaire de justice de son choix avec faculté de délégation en cas d’empêchement, lequel si besoin, pourra procéder à l’ouverture des portes, avec l’assistance d’un serrurier le cas échéant, conformément à l’article L142-1 du CPCE, et au besoin avec le concours de la force publique ;

DIT que tout occupant sera tenu de laisser visiter l’immeuble objet de la vente ;

DIT que le prix d’adjudication sera consigné entre les mains de Monsieur le Bâtonnier de l’ordre, jusqu’à publication du jugement d’adjudication puis remis au notaire commis pour les besoins des opérations de compte, liquidation et partage de l’indivision ;

DIT que les frais de la présente procédure seront inclus dans les frais privilégiés de la vente et réglés par l’adjudicataire en sus du prix d’adjudication ;

CONDAMNE Monsieur [O] [W] aux entiers dépens.

La présente décision a été signée par Madame Marianne JAMET, Première Vice-Présidente adjointe, Juge aux Affaires Familiales et par Madame Bettina MOREL, faisant fonction de Greffier.

LE GREFFIER LE JUGE AUX AFFAIRES FAMILIALES


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