Prolongation de la rétention administrative : enjeux et conditions légales.

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Prolongation de la rétention administrative : enjeux et conditions légales.

L’Essentiel : Le tribunal a statué sur la situation de Monsieur [J] [G], ressortissant algérien, en audience publique avec interprète. Le Préfet de Haute-Garonne a demandé la prolongation de sa rétention administrative, initialement prolongée le 3 décembre 2024. Lors de l’audience, le représentant de la Préfecture a plaidé en faveur de cette prolongation, tandis que l’intéressé et son avocat ont présenté leurs observations. Le juge a constaté que des démarches pour un laissez-passer consulaire étaient en cours, conduisant à la décision de prolonger la rétention de quinze jours, avec notification des droits de recours à l’intéressé.

Contexte de l’affaire

En présence d’un interprète en arabe, le tribunal a statué en audience publique sur la situation de Monsieur [J] [G], un ressortissant algérien né le 24 juillet 2005. La requête a été déposée par le Préfet de Haute-Garonne le 1er janvier 2025, demandant la prolongation de la rétention administrative de l’intéressé.

Procédure de rétention

La rétention administrative de Monsieur [J] [G] a été prolongée par une ordonnance du Vice-président du Tribunal judiciaire le 3 décembre 2024, confirmée par la cour d’appel le 5 décembre 2024. Le Préfet et le conseil de l’intéressé ont été informés de la date de l’audience, permettant à l’intéressé de prendre connaissance de la requête et de ses pièces annexes.

Observations des parties

Lors de l’audience, le représentant de la Préfecture a plaidé pour la prolongation de la rétention, tandis que l’intéressé et son avocat, Me Marie-léa Boukoulou, ont également présenté leurs observations.

Motifs de la décision

Le juge a examiné la demande de prolongation de la rétention en vertu de l’article L. 742-5 du code de l’entrée et du séjour des étrangers. Il a constaté que la préfecture avait entrepris des démarches pour obtenir un laissez-passer consulaire, essentiel à l’exécution de la mesure d’éloignement. Les autorités consulaires avaient confirmé leur disposition à délivrer le laissez-passer, conditionnée à la date du vol de départ.

Décision du tribunal

En conséquence, le tribunal a ordonné la prolongation de la rétention administrative de Monsieur [J] [G] pour une durée de quinze jours, prenant effet à l’expiration de la dernière période de rétention. La décision a été rendue publique et assortie de l’exécution provisoire.

Notification et recours

Les parties ont été informées de la décision, et il a été rappelé à l’intéressé ses droits de recours. La décision est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures, avec des instructions pour la déclaration motivée à transmettre au greffe de la Cour d’appel de Toulouse.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions de prolongation de la rétention administrative selon l’article L. 742-5 ?

L’article L. 742-5 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile stipule que le juge des libertés et de la détention peut être saisi pour prolonger la rétention administrative au-delà de la durée maximale prévue à l’article L. 742-4, dans certaines situations.

Ces situations incluent :

1. L’étranger a fait obstruction à l’exécution de la décision d’éloignement.

2. L’étranger a présenté une demande de protection ou d’asile dans le but d’échapper à l’éloignement.

3. La décision d’éloignement n’a pu être exécutée en raison du défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat.

Le juge peut également être saisi en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public.

Si le juge ordonne la prolongation, celle-ci est effective pour une nouvelle période maximale de quinze jours, à compter de l’expiration de la dernière période de rétention.

Comment la préfecture justifie-t-elle la prolongation de la rétention administrative ?

La préfecture a justifié la prolongation de la rétention administrative en démontrant qu’elle avait effectué les démarches nécessaires pour identifier l’intéressé et obtenir un laissez-passer consulaire.

Dès le 4 novembre 2024, la préfecture a saisi le consulat d’Algérie pour l’identification et la délivrance d’un laissez-passer.

Des relances ont été effectuées à plusieurs reprises, et le consulat a finalement indiqué qu’il était disposé à délivrer le laissez-passer, sous réserve de recevoir les informations nécessaires concernant le vol de départ.

Ces éléments montrent que la préfecture a agi de manière diligente pour respecter les exigences légales et administratives, justifiant ainsi la prolongation de la rétention.

Quels sont les délais et modalités de recours contre la décision de prolongation de la rétention ?

La décision de prolongation de la rétention administrative est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures à compter de son prononcé.

L’article stipule que le recours doit être formulé par déclaration motivée, transmise par tous moyens au greffe de la Cour d’appel de Toulouse.

Il est également précisé que la notification de la décision a été faite aux parties concernées, y compris à l’intéressé, qui a été informé des possibilités et des délais de recours.

Cette procédure garantit que les droits de l’étranger sont respectés et qu’il a la possibilité de contester la décision de prolongation.

COUR D’APPEL DE TOULOUSE
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE TOULOUSE

Vice-président

ORDONNANCE PRISE EN APPLICATION DES DISPOSITIONS DU CODE D’ENTRÉE ET DE SÉJOUR DES ETRANGERS
(demande de 3ème prolongation)
_______________________________________________________________________________________
N° de MINUTE N° RG 25/00005 – N° Portalis DBX4-W-B7J-TVAK

le 02 Janvier 2025

Nous, Béatrice DENARNAUD,,vice-président désigné par le président du tribunal judiciaire de TOULOUSE, assistée de Céline TEULIERE, greffier ;

En présence de M. [R] [Y], interprète en arabe, serment préalablement prêté,

Statuant en audience publique ;

Vu les articles L742-1, L742-4, L742-5, R743-1 à R743-8 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ;

Vu notre saisine par requête de M. LE PREFET DE HAUTE-GARONNE reçue le 01 Janvier 2025 à 09h18, concernant :

Monsieur [J] [G]
né le 24 Juillet 2005 à [Localité 2] (ALGERIE)
de nationalité Algérienne

Vu la deuxième ordonnance du Vice-président du Tribunal judiciaire territorialement compétent en date du 3 décembre 2024 ordonnant la 2ème prolongation de la rétention administrative de l’intéressé confirmée par ordonnance de la cour d’appel en date du 5 décembre 2024 ;
Vu l’ensemble des pièces de la procédure ;
Monsieur le Préfet sus-désigné ayant été avisé de la date et de l’heure de l’audience ;
Le conseil de l’intéressé ayant été avisé de la date et de l’heure de l’audience ;
Attendu que l’intéressé et son conseil ont pu prendre connaissance de la requête et de ses pièces annexes ;

************

Ouï les observations du représentant de la Préfecture qui a sollicité la prolongation de la mesure de rétention administrative ;

Ouï les observations de l’intéressé ;

Ouï les observations de Me Marie-léa BOUKOULOU, avocat au barreau de TOULOUSE ;

************
MOTIFS DE LA DECISION

SUR LA DEMANDE DE PROLONGATION

Par application de l’article L. 742-5 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, le juge des libertés et de la détention peut, à titre exceptionnel, peut à nouveau être saisi aux fins de prolongation du maintien en rétention au-delà de la durée maximale de rétention prévue à l’article L. 742-4, lorsqu’une des situations suivantes apparaît dans les quinze derniers jours :
1° L’étranger a fait obstruction à l’exécution d’office de la décision d’éloignement ;
2° L’étranger a présenté, dans le seul but de faire échec à la décision d’éloignement :
a) une demande de protection contre l’éloignement au titre du 9° de l’article L. 611-3 ou du 5° de l’article L. 631-3;
b) ou une demande d’asile dans les conditions prévues aux articles L. 754-1 et L. 754-3 ;
3° La décision d’éloignement n’a pu être exécutée en raison du défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat dont relève l’intéressé et qu’il est établi par l’autorité administrative compétente que cette délivrance doit intervenir à bref délai.

Le juge peut également être saisi en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public.
L’étranger est maintenu en rétention jusqu’à ce que le juge ait statué.
Si le juge ordonne la prolongation de la rétention, celle-ci court à compter de l’expiration de la dernière période de rétention pour une nouvelle période d’une durée maximale de quinze jours »

Il résulte de la procédure que dès le 4 novembre 2024, la préfecture a saisi le consulat d’Algérie d’une demande d’identification et de délivrance d’un laissez-passer consulaire, qu’une relance a été adressée le 12 novembre 2024, que le 13 novembre, les autorités consulaires ont transmis la date d’audition fixée au 20 novembre 2024, que par courrier du 22 novembre, ces mêmes autorités ont sollicité la transmission des empreintes au format NIST, transmission effectuée le 25 novembre 2024, qu’une relance a été adressée par la préfecture le 3 décembre 2024 puis le 10 décembre et enfin le 16 décembre.
Le 27 décembre 2024, les autorités consulaires ont informé de ce qu’elles étaient disposées à délivrer un laissez passer consulaire dans l’attente des photographies et des coordonnées exactes de départ, une demande de routing ayant été sollicité le 30 décembre 2024, avec une première disponibilité à partir du 6 janvier.

De ces éléments, il ressort que l’autorité préfectorale justifie avoir effectué, pendant la période précédente de prolongation de la rétention administrative, les démarches nécessaires pour déterminer l’identité et la nationalité exactes de l’intéressé et pour obtenir un laissez-passer afin de mettre à exécution la mesure d’éloignement, la délivrance du laissez-passer étant désormais conditionné à la date précise du vol de départ.

Il convient, en conséquence, d’ordonner la prolongation du maintien de rétention administrative de l’intéressé pour une durée de 15 jours.

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement en premier ressort, par décision assortie de l’exécution provisoire,

ORDONNONS LA PROLONGATION DE LA RETENTION de monsieur [J] [G] pour une durée de QUINZE jours;

DISONS que l’application de ces mesures prendra fin au plus tard à l’expiration d’un délai de QUINZE JOURS à compter de l’expiration du précédent délai imparti par l’ordonnance prise le 3 décembre 2024 par le juge délégué du tribunal judiciaire territorialement compétent.

Le greffier
Le 02 Janvier 2025 à

Le Vice-président

Les parties soussignées ont reçu notification de la présente décision.
Disons avoir informé l’étranger des possibilités et des délais de recours contre toutes les décisions le concernant.
Rappelons que cette décision est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures à compter de son prononcé par déclaration motivée transmise
par tous moyens au greffe de la Cour d’appel de Toulouse et de manière privilégiée sur la boîte structurelle [Courriel 1]

signature de l’intéressé Monsieur [G] [J]

Préfecture avisée par mail de même suite

avocat avisé par mail

signature de l’interprète


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