Conflit de voisinage et enjeux d’expertise technique dans la construction.

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Conflit de voisinage et enjeux d’expertise technique dans la construction.

L’Essentiel : Monsieur [T] [E] est propriétaire d’une maison à [Localité 9] depuis août 2020. Le 18 septembre 2024, il a assigné Monsieur [H] [V] pour obtenir une expertise concernant des nuisances causées par des travaux de rénovation. Ces travaux incluent une restructuration de la maison mitoyenne, entraînant des problèmes tels que des fissures dans la propriété de Monsieur [E]. Le juge des référés a ordonné une expertise contradictoire, désignant Monsieur [R] [D] pour examiner les lieux et déterminer les causes des désordres. Les frais d’expertise, s’élevant à 4 000 euros, seront avancés par Monsieur [T] [E].

Propriété et Acquisition

Monsieur [T] [E] est propriétaire d’une maison de ville située à [Adresse 3] à [Localité 9] depuis août 2020. Le 19 juillet 2021, Monsieur [H] [V] a acquis la maison mitoyenne, située à [Adresse 4].

Assignation et Demande d’Expertise

Le 18 septembre 2024, Monsieur [T] [E] a assigné Monsieur [H] [V] devant le juge des référés du tribunal judiciaire de SAINT-ETIENNE pour obtenir la désignation d’un expert. L’audience est prévue pour le 31 octobre 2024, où Monsieur [E] maintient sa demande, évoquant des travaux de rénovation entrepris par Monsieur [V] qui auraient causé des nuisances et des dommages à sa propriété.

Travaux et Nuisances Signalées

Monsieur [E] a signalé que les travaux de Monsieur [V] incluent une restructuration intégrale de sa maison, une extension pour un logement avec deux chambres, et la création d’une piscine. Il a également mentionné des problèmes tels que l’empiètement sur sa terrasse, une vue plongeante sur sa parcelle, et des fissures dans sa maison, apparues en phase avec les travaux de démolition.

Expertises Réalisées

Une expertise unilatérale a eu lieu le 16 septembre 2022, suivie d’une expertise contradictoire le 16 mars 2023. Monsieur [V] a confirmé qu’il n’effectuerait pas de travaux d’isolation par l’extérieur en limite de propriété, et que son projet côté cour comportait un mur de plus d’1m90, censé ne pas générer de vue directe ou oblique.

Rapport d’Expertise et Intérêt Légitime

Le rapport d’expertise amiable définitif du 26 juin 2023 a révélé que l’habitation de Monsieur [V] est prolongée côté jardin, limitant l’espace de la terrasse de Monsieur [E]. L’expert a noté des fissures dans la maison de Monsieur [E], principalement dans la pièce de vie attenante au mur mitoyen. Monsieur [E] a justifié son intérêt légitime pour obtenir une expertise contradictoire sur les désordres constatés.

Décision du Juge des Référés

Le juge des référés a ordonné une expertise contradictoire, désignant Monsieur [R] [D] pour mener à bien cette mission. L’expert devra examiner les lieux, recueillir les doléances des parties, et déterminer les causes des désordres. Les frais d’expertise, fixés à 4 000 euros, devront être avancés par Monsieur [T] [E].

Contrôle et Suivi de l’Expertise

Madame Séverine BESSE a été désignée pour contrôler le déroulement de l’expertise. L’expert doit communiquer un pré-rapport aux parties et déposer son rapport définitif avant le 21 juin 2025. En cas de refus ou de retard injustifié de l’expert, un remplacement sera prévu. Les dépens sont laissés à la charge de Monsieur [T] [E].

Q/R juridiques soulevées :

Quelle est la base légale pour la demande d’expertise en référé ?

La demande d’expertise en référé est fondée sur l’article 145 du Code de procédure civile, qui stipule :

« S’il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige,

les mesures d’instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en référé. »

Dans le cas présent, Monsieur [T] [E] justifie d’un intérêt légitime à obtenir une expertise pour constater les désordres dans sa maison,

déterminer leur nature, leur origine et les causes, ainsi que les solutions pour y remédier.

L’expertise est donc ordonnée pour établir des preuves avant le procès, ce qui est conforme à l’article précité.

Quels sont les droits et obligations des parties lors de l’expertise ?

Les droits et obligations des parties lors de l’expertise sont encadrés par plusieurs dispositions du Code de procédure civile.

L’article 163 du même code précise que « l’expert doit être impartial et indépendant. »

Il est également stipulé que les parties doivent se faire entendre et peuvent soumettre leurs observations à l’expert.

L’expert a l’obligation de recueillir les doléances des parties et de leur communiquer un pré-rapport,

leur laissant un délai raisonnable pour produire leurs dires écrits.

Cela garantit que chaque partie a la possibilité de défendre ses intérêts et de contester les conclusions de l’expert.

Quelles sont les conséquences d’un refus ou d’un retard injustifié de l’expert ?

L’article 164 du Code de procédure civile prévoit que « en cas de refus, d’empêchement ou de retard injustifié de l’expert commis,

il est pourvu d’office à son remplacement. »

Cela signifie que si l’expert ne respecte pas ses obligations, le tribunal peut désigner un nouvel expert pour poursuivre la mission.

Cette disposition vise à garantir que l’expertise se déroule dans des délais raisonnables et que les parties ne subissent pas de préjudice en raison de la négligence de l’expert.

Qui supporte les frais d’expertise et comment sont-ils avancés ?

Selon la décision, l’avance des frais d’expertise est à la charge de Monsieur [T] [E], qui doit consigner la somme de 4 000,00 euros

avant le 21 décembre 2024 à la régie du tribunal judiciaire de Saint-Étienne.

Cette obligation est conforme à l’article 2 de la loi n° 2007-1787 du 20 décembre 2007, qui stipule que « les frais d’expertise sont à la charge de la partie qui les a sollicités,

sauf décision contraire du juge. »

Ainsi, Monsieur [T] [E] doit avancer les frais, mais il pourra éventuellement les récupérer en cas de succès dans le litige.

Les dépens sont également laissés à sa charge, ce qui signifie qu’il supporte les coûts liés à la procédure.

MINUTE
N° RG : 24/00599 – N° Portalis DBYQ-W-B7I-IOGG
AFFAIRE : [T] [E] Profession : coordinateur technique dans le spectacle vivant. C/ [H] [V]

TRIBUNAL JUDICIAIRE DE SAINT ETIENNE

ORDONNANCE DE REFERE DU
21 Novembre 2024

VICE PRESIDENTE : Alicia VITELLO

GREFFIERE : Céline TREILLE

DEMANDEUR

Monsieur [T] [E] né le 29 Juin 1974 à [Localité 8], demeurant [Adresse 3]

représenté par Maître Anthony SUC de la SCP CORNILLON-CHARBONNIER-SUC, avocats au barreau de SAINT-ETIENNE,

DEFENDEUR

Monsieur [H] [V], demeurant [Adresse 5]

représenté par Me François PAQUET-CAUET, avocat au barreau de SAINT-ETIENNE, substitué par Me Luc GIDON, avocat au barreau de SAINT-ETIENNE,

DEBATS : à l’audience publique du 31 Octobre 2024
DELIBERE : audience du 21 Novembre 2024

DECISION: contradictoire en 1er ressort, prononcée publiquement par mise à disposition au greffe en application des articles 450 à 453 du code de procédure civile, les parties préalablement avisées

EXPOSE DU LITIGE

Monsieur [T] [E] est propriétaire d’une maison de ville sise [Adresse 3] à [Localité 9] depuis le mois d’août 2020.

Le 19 juillet 2021, Monsieur [H] [V] a acquis la maison mitoyenne à celle du requérant, située [Adresse 4].

Par acte de commissaire de justice en date du 18 septembre 2024, Monsieur [T] [E] a fait assigner Monsieur [H] [V] devant le juge des référés du tribunal judiciaire de SAINT-ETIENNE, afin d’obtenir la désignation d’un expert.

L’affaire est retenue à l’audience du 31 octobre 2024, à laquelle, au visa de l’article 145 du code de procédure civile, Monsieur [E] maintient sa demande et expose que, suite à son acquisition, Monsieur [V] a entrepris des travaux de rénovation, ayant pour objet la restructuration intégrale de la maison, l’extension côté terrain pour un logement avec deux chambres, la possible création d’une piscine, le tout avec mise en œuvre d’un procédé d’isolation performant, et enfin l’aménagement des espaces verts. Il affirme avoir été interpelé par les travaux entrepris par son voisin, notamment concernant la mise en œuvre d’une isolation thermique extérieure, générant un empiètement sur sa terrasse ; la création d’une toiture-terrasse côté cour, créant une vue plongeante sur sa parcelle ; et l’apparition de fissures dans sa maison, en phase avec les travaux de démolition. Il déclare qu’à l’été 2022, son voisin l’a informé de sa volonté d’effectuer des travaux de rabaissement de plancher afin de créer un étage praticable à la place des combles, alors que ces travaux n’apparaissent pas sur les déclarations préalables et qu’ils nécessitent des interventions sur un mur appartenant à Monsieur [E]. Il précise qu’une expertise unilatérale s’est tenue le 16 septembre 2022, puis une expertise contradictoire a eu lieu le 16 mars 2023 et que Monsieur [V] a confirmé qu’il n’effectuerait pas de travaux d’isolation par l’extérieur en limite de propriété et que son projet côté cour comporte un mur de plus d’1m90 en limite de propriété, ce qui ne devrait pas générer de vue directe ou oblique.

Monsieur [H] [V] formule protestations et réserves d’usage quant à la mesure d’instruction sollicitée.

L’affaire est mise en délibéré au 21 novembre 2024.

MOTIFS DE LA DECISION

Aux termes de l’article 145 du code de procédure civile, s’il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, les mesures d’instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en référé.

En l’espèce, selon le rapport d’expertise amiable définitif du 26 juin 2023, l’habitation de Monsieur [H] [V] est prolongée côté jardin, ce qui délimite la terrasse de Monsieur [E]. Le mur de l’habitation de Monsieur [V] est déjà en limite de propriété, ce qui limite fortement les travaux sur ce mur. L’expert relève que Monsieur [V] a fait construire en limite de propriété un garage, couvert par une toiture-terrasse qui offre une vue directe sur la parcelle de Monsieur [E]. Les plans des déclarations préalables évoquent bien l’accessibilité de cette toiture-terrasse, aménagée pour partie en terrasse. Concernant les fissures dans l’habitation de Monsieur [E], l’expert retient principalement les fissures situées dans la pièce de vie principale, attenante au mur mitoyen. Ces fissures, d’aspect linéaire, affectent le plafond.

Monsieur [T] [E] justifie d’un intérêt légitime à obtenir la désignation d’un expert chargé de constater de façon contradictoire les désordres, d’en déterminer la nature, l’origine et les causes, les solutions propres à y remédier ainsi que d’en évaluer le coût.

Il convient par conséquent d’ordonner une expertise au contradictoire de l’ensemble des parties, à charge pour Monsieur [T] [E] qui la sollicite, d’en faire l’avance des frais.

Les dépens sont laissés à la charge de Monsieur [T] [E], qui profite seul de la mesure.

PAR CES MOTIFS

Le juge des référés,

ORDONNE une expertise au contradictoire de l’ensemble des parties ;

DIT qu’elle sera suivie sous le système OPALEXE;

DESIGNE, pour y procéder,
Monsieur [R] [D],
[Adresse 2]
[Localité 6]
Port. : [XXXXXXXX01]
Mèl : [Courriel 7]
avec la mission suivante :

– Se rendre sur les lieux situés [Adresse 3] à [Localité 9], après avoir dûment convoqué les parties ;

– Se faire communiquer tous les documents utiles à la solution du litige ;

– Recueillir les doléances des parties et leurs explications ;

– Examiner la maison de Monsieur [E] en général et le mur en particulier ainsi que l’existence de vue plongeante depuis le fonds [V] ;

– Déterminer les causes des désordres et défauts constatés dans la maison et sur le mur, notamment dans le rapport d’expertise unilatéral du 21 novembre 2022 et dans le rapport d’expertise définitif contradictoire amiable du 26 juin 2023 ;

– Donner son avis sur les responsabilités encourues en déterminant notamment si les désordres trouvent leur origine ensuite des travaux réalisés par Monsieur [V] sur sa propre maison ;

– Chiffrer les préjudices y afférents ;

– Faire toutes observations utiles à la solution du litige ;

DIT que l’expert peut s’adjoindre tout spécialiste de son choix, à charge pour lui d’en informer préalablement le magistrat chargé du contrôle des expertises et de joindre l’avis du sapiteur à son rapport ; dit que si le sapiteur n’a pas pu réaliser ses opérations de manière contradictoire, son avis doit être immédiatement communiqué aux parties par l’expert ;

DESIGNE Madame Séverine BESSE, première vice-présidente, pour contrôler le déroulement de la mesure ;

DIT que l’expert doit communiquer un pré rapport aux parties en leur impartissant un délai raisonnable, au moins quatre semaines, pour la production de leurs dires écrits auxquels il doit répondre dans son rapport définitif, qu’il doit déposer au service des expertises EN VERSION PAPIER avant le 21 juin 2025 en un original, après en avoir adressé un exemplaire à chacune des parties en cause ;

FIXE l’avance des frais d’expertise à valoir sur le montant des honoraires de l’expert à la somme de 4 000,00 euros qui devra être consignée par Monsieur [T] [E] avant le 21 décembre 2024 à la régie du tribunal judiciaire de Saint-Étienne ;

DIT qu’à l’issue de la première et au plus tard de la deuxième réunion des parties, l’expert soumet au juge chargé du contrôle de l’expertise et communique aux parties, un état prévisionnel détaillé de ses frais et honoraires, et, en cas d’insuffisance de la provision allouée demande la consignation d’une provision supplémentaire ;

DIT qu’en cas de refus, d’empêchement ou de retard injustifié de l’expert commis, il est pourvu d’office à son remplacement ;

LAISSE les dépens à la charge de Monsieur [T] [E].

La Greffière, La Vice Présidente,
Céline TREILLE Alicia VITELLO

LE 21 Novembre 2024
GROSSE + COPIE à:
– Me SUC
COPIES à :
– Me PAQUET-CAUET
– Régie
– dossier
– dossier expertise
Dématérialisé : [R] [D](Expert) par opalexe


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