Tribunal judiciaire de Paris, 25 novembre 2024, RG n° 23/03244
Tribunal judiciaire de Paris, 25 novembre 2024, RG n° 23/03244

Type de juridiction : Tribunal judiciaire

Juridiction : Tribunal judiciaire de Paris

Thématique : Conflit familial et contestation de cession de parts sociales : enjeux de fraude et de validité des actes juridiques.

Résumé

Constitution de la SCI Les Jardins d’Eden

La SCI « Les Jardins d’Eden » a été constituée le 12 mars 1991, avec pour objet l’achat, la vente de terrains, la construction de maisons, ainsi que la location et la gestion d’appartements. Ses associés incluent Monsieur [H] [N], Monsieur [F] [N], Monsieur [A] [N], Madame [Y] [R], et Madame [E] [N], cette dernière ayant cédé ses parts à Madame [R]. Monsieur [H] [N] est le gérant de la SCI, qui a transféré son siège social de Paris à Bobigny en 1997. La SCI possède un domaine de plus de trente hectares, dénommé “Le Moulin d’Angé”, situé dans le Loir et Cher.

Création de la SCI MOLKHAM

La SCI MOLKHAM a été créée le 15 décembre 2016, avec pour associés Madame [G] [S], Madame [P] [N], et Monsieur [Z] [N], tous liés à Monsieur [H] [N]. Le 1er août 2017, un acte sous seing privé a été signé, permettant à ces associés de céder les parts sociales de la SCI Les Jardins d’Eden à la SCI MOLKHAM pour un montant de 25.000 euros.

Assemblées générales et changements de structure

Le 25 octobre 2017, une assemblée générale extraordinaire a décidé de transférer le siège social de la SCI Les Jardins d’Eden à Paris, de nommer Madame [P] [N] comme gérante, et de changer la dénomination sociale en “Les Roses du Cher”. Cette assemblée a également pris acte de la cession des parts sociales. Le 24 janvier 2018, la SCI MOLKHAM a déclaré la dissolution de la SCI Les Jardins d’Eden, devenue “Les Roses du Cher”.

Conflit et plaintes

Monsieur [H] [N] conteste la cession des parts et la tenue de l’assemblée générale, déposant une plainte pour diverses infractions, dont l’escroquerie et le faux. Son père, Monsieur [F] [N], a reconnu avoir réalisé des montages juridiques pour protéger les associés. En juillet 2018, un tribunal a ouvert une procédure de redressement judiciaire pour la SCI Les Jardins d’Eden.

Procédures judiciaires et demandes de sursis

Monsieur [H] [N] a assigné plusieurs membres de la SCI MOLKHAM devant le tribunal judiciaire de Paris, demandant la nullité de la cession de parts et des actes subséquents. En novembre 2023, Madame [G] [S] et Madame [P] ont demandé un sursis à statuer en attendant l’issue d’une procédure pénale en cours. Monsieur [H] [N] a contesté cette demande, tandis que Monsieur [Z] [N] a demandé à être débouté de toutes les accusations.

Décision du juge de la mise en état

Le juge a statué sur la demande de sursis à statuer, concluant qu’il n’était pas nécessaire pour une bonne administration de la justice. Il a également déclaré incompétent pour examiner les demandes de Monsieur [Z] [N], renvoyant l’affaire à une audience ultérieure pour clôture. Les parties doivent soumettre leurs conclusions respectives avant des dates limites fixées par le tribunal.

TRIBUNAL
JUDICIAIRE
DE PARIS [1]

[1] C.C.C.
délivrées le :
à

PEC sociétés civiles

N° RG 23/03244
N° Portalis 352J-W-B7H-CZDHD

N° MINUTE : 1

Assignation du :
20 février 2023

ORDONNANCE DU JUGE DE LA MISE EN ETAT
rendue le 25 novembre 2024

DEMANDEUR

Monsieur [H] [N]
2603 Bonnie court – MERRICK
11566 NEW YORK

représenté par Maître Julien MONTCEL de l’AARPI CHANGO AVOCATS, avocat au barreau de PARIS, avocat plaidant, vestiaire #G0428

DEFENDEURS

Madame [P] [N]
34 rue de Nantes
75019 PARIS

Madame [G] [S] épouse [N]
34 rue de Nantes
75019 PARIS

représentées par Me Denis BRACKA, avocat au barreau de PARIS, avocat plaidant, vestiaire #D2139

Monsieur [Z] [N]
34 RUE DE NANTES
75019 PARIS

représenté par Me Hatem CHELLY, avocat au barreau de PARIS, avocat postulant, vestiaire #B0396 et de Maître Hemissi HEDI, avocat au barreau de TUNIS, avocat plaidant

Société LES ROSES DU CHER (SCI), anciennement SCI LES JARDINS D’EDEN, prise en la personne de Maître [V] [I], en qualité de liquidateur judiciaire
34, rue de Nantes
75019 PARIS

défaillante

MAGISTRAT DE LA MISE EN ETAT

Pascale LADOIRE-SECK, vice-présidente,

assistée de Robin LECORNU, Greffier

DEBATS

A l’audience du 17 juin 2024, avis a été donné aux avocats que l’ordonnance serait rendue le 14 octobre 2024, prorogé au 25 novembre 2024.

ORDONNANCE

Rendue publiquement par mise à disposition au Greffe
Réputée contradictoire
Susceptible d’appel dans les conditions de l’article 795 du code de procédure civile

RAPPEL DES FAITS ET DE LA PROCEDURE

La SCI « Les Jardins d’Eden » qui a notamment pour objet l’achat, la vente de tous terrains bâtis ou non bâtis, la contruction de toute maison d’habitation individuelle ou collective, la location, la gestion d’appartements et locaux a été constituée le 12 mars 1991.

Ses associés sont :
– Monsieur [H] [N], propriétaire de 20 parts sociales ;
– Monsieur [F] [N], père de Monsieur [H] [N], propriétaire de 20 parts sociales ;
– Monsieur [A] [N], frère de Monsieur [H] [N], propriétaire de 20 parts sociales ;
– Madame [Y] [R], mère de Monsieur [H] [N], propriétaire de 20 parts sociales ;
– Madame [E] [N], sœur de Monsieur [H] [N], qui a par la suite cédé ses 20 parts sociales à Mme [R], et n’est aujourd’hui plus associée.

Le gérant de la SCI Les Jardins d’Eden est Monsieur [H] [N] lequel vit aux Etats-Unis.

Son siège social initial situé à Paris a été transféré à Bobigny le 20 février 1997.

La SCI Les Jardins d’Eden est propriétaire d’un domaine de plus de trente hectares dit “Le Moulin d’Angé” situé dans le Loir et Cher.

La SCI MOLKHAM dont le siège social est situé 34, rue de Nantes à Paris 19ème arrondissement a été créée le 15 décembre 2016.

Ses associés sont :
-Madame [G] [S] épouse [N], belle-mère de Monsieur [H] [N]
– Madame [P] [N], demi-sœur de Monsieur [H] [N]
– M. [Z] [N], demi-frère de Monsieur [H] [N].

Par acte sous seing privé du 1er août 2017, Monsieur [H] [N], Monsieur [F] [N], Monsieur [A] [N] et Madame [Y] [R] ont cédé à la SCI MOLKHAM les cent parts sociales composant le capital social de la SCI Les Jardins d’Eden moyennant la somme de 25.000 euros.

L’assemblée générale extraordinaire de la SCI Les Jardins d’Eden qui s’est réunie le 25 octobre 2017 a décidé de :
– transférer son siège social au 34, rue de Nantes à Paris 19ème arrondissement,
– nommer Madame [P] [N] en qualité de gérante,
– adopter comme nouvelle dénomination sociale “Les Roses du Cher”
– a pris acte de la cession de parts sociales du 1er août 2017, son capital social étant désormais divisé en 100 parts sociales détenues par la SCI MOLKHAM.

Le même jour, les statuts de la SCI Les Jardins d’Eden devenue “Les Roses du Cher” ont été mis à jour.

Par décision du 24 janvier 2018 publiée le 08 juin 2018, la SCI MOLKHAM en sa qualité d’associée unique a déclaré la dissolution de la SCI Les Jardins d’Eden devenue “Les Roses du Cher”.

L’acte de cessions de parts sociales du 1er août 2017, le procès-verbal de l’assemblée générale du 25 octobre 2017 et les statuts mis à jour de la SCI Les Jardins d’Eden ont été déposés au registre du commerce et des sociétés le 23 février 2018.

Monsieur [H] [N] qui conteste avoir procédé à la cession de parts sociales du 1er août 2017 et avoir été convoqué et participé à l’assemblée générale extraordinaire du 25 octobre 2017, a déposé plainte auprès du procureur de la République le 27 mars 2018 pour tentative d’escroquerie, recel d’escroquerie, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, usurpation de signature, abus de confiance et escroquerie en bande organisée.

Par courier du 28 mars 2018 adressé à Monsieur [H] [N] , le père de ce dernier, Monsieur [F] [N], a admis avoir réalisé “ces montages juridiques” pour les “défendre tous contre l’adversité”.

Par jugement du 05 juillet 2018, le tribunal judiciaire de Bobigny a ouvert une procédure de redressement judiciaire à l’égard de la SCI Les Jardins d’Eden et Maître [V] [I] a été désigné en qualité de mandataire judiciaire.

Lors de l’assemblée générale extraordinaire qui s’est réunie le 30 janvier 2020, les associés de la SCI MOLKHAM devenue la SCI LES ROSES DU CHER le 14 juin 2018, ont décidé de sa dissolution et Madame [P] [N] a été désignée en qualité de liquidateur.

C’est dans ce contexte que Monsieur [H] [N] a par acte de commissaire de justice du 20 février 2023 fait assigner Madame [G] [S] épouse [N], Madame [P] [N] et M. [Z] [N] devant le tribunal judiciaire de Paris aux fins de :
“A titre principal,
– Juger que l’acte de cession du 1er août 2017, le procès-verbal d’assemblée générale extraordinaire du 25 octobre 2017 et tous les actes subséquents à cette cession sont entachés de fraude ;
– Prononcer la nullité de l’acte de cession du 1er août 2017, du procès-verbal d’assemblée générale extraordinaire du 25 octobre 2017, de l’acte de dissolution du 28 janvier 2018 et en conséquence la nullité de la transmission universelle de patrimoine de la SCI Les Jardins d’Eden à la SCI MOLKHAM.
A titre subsidiaire,
– Ordonner la commission d’un expert en écritures.
En tout état de cause :
– Condamner solidairement Madame [P] [N], Madame [G] [S] et M. [Z] [N] à verser à M. [H] [N] la somme de 30.000 € à titre de dommages et intérêts ;
– Condamner chacun des défendeurs, à savoir, Madame [P] [N], Madame [G] [S] et M. [Z] [N], à verser à M. [H] [N] la somme de 5.000€ au titre de l’article 700 du Code de procédure civile ;

– Condamner les défendeurs aux entiers dépens.”

Par conclusions d’incident notifiées le 24 novembre 2023, Madame [G] [S] épouse [N] et Madame [P] [N] ont sollicité le sursis à statuer dans l’attente de l’issue de la procédure d’instruction pendante devant le tribunal judiciaire de Paris.

Aux termes de ses conclusions notifiées le 03 juin 2024, Monsieur [H] [N] demande au juge de la mise en état de :
“- DIRE ET JUGER mal fondée et inopportune la demande de sursis à statuer dans l’attente de l’issue de la procédure pénale ;
En conséquence,
– DÉBOUTER Madame [P] [N] et Madame [G] [S] de leur demande de sursis à statuer ;
– CONDAMNER solidairement Madame [P] [N] et Madame [G] BEN
ABDELMOUMEN aux dépens et à payer à M. [H] [N] la somme de 1.500 euros au titre de l’article 700 du Code de procédure civile.”

Aux termes de ses conclusions notifiées le 13 juin 2024, Monsieur [Z] [N] demande au juge de la mise en état de :
“- Débouter M. [H] [N] de toutes ses demandes, fins et conclusions
A titre subsidiaire :
– Constater que M. [Z] [N] était mineur non émancipé représenté par sa mère Madame [G] [S] Ep [N]
En conséquence
Il ne sera exclu de l’ordonnance d’expertise à intervenir
A titre reconventionnel
– Condamner monsieur [H] [N] au paiement de la somme de 5.000 € au titre de l’article 700 du Code de procédure civile”

Pour un plus ample exposé des prétentions et des moyens des parties, il convient de se référer aux dernières conclusions des parties, en application des dispositions de l’article 455 du code de procédure civile.

Les parties ont été appelées à l’audience du juge de la mise en état du 17 juin 2024.

PAR CES MOTIFS

Le juge de la mise en état, statuant par ordonnance réputée contradictoire mise à disposition au Greffe, susceptible d’appel dans les conditions de l’article 795 du code de procédure civile,

Déboute Madame [G] [S] épouse [N] et Madame [P] [N] de leur demande de sursis à statuer,

Se déclare incompétent pour statuer sur les demandes de Monsieur [Z] [N] et renvoie leur examen au tribunal statuant au fond,

Renvoie l’affaire à l’audience du juge de la mise en état de la 1ère chambre 3ème section de ce tribunal du 28 avril 2025 pour clôture et :
– conclusions au fond de Madame [G] [S] épouse [N] et Madame [P] [N] avant le 15 février 2025 ;
– conclusions en réplique de Monsieur [H] [N] avant le 15 avril 2025.

Rappelle que sauf convocation spécifique à l’initiative du juge de la mise en état ou d’entretien avec ce dernier sollicité par les conseils, les audiences de mise en état se tiennent sans présence des conseils, par échange de messages électroniques via le RPVA ; que les éventuelles demandes d’entretien avec le juge de la mise en état doivent être adressées, par voie électronique, au plus tard la vieille de l’audience à 12h00 en précisant leur objet, l’entretien se tenant alors le jour de l’audience susvisée à 14h00.

Réserve les dépens et frais irrépétibles ;

Faite et rendue à Paris le 25 novembre 2024

Le Greffier Le juge de la mise en état
Robin LECORNU Pascale LADOIRE-SECK

 


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