Conséquences juridiques de la séparation de biens dans un mariage sans enfants

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Conséquences juridiques de la séparation de biens dans un mariage sans enfants

L’Essentiel : Mme [J] [D] et M. [B] [O] se sont mariés le [Date mariage 3] 2015 à [Localité 8] (Bénin) sous le régime de séparation de biens. Le 16 janvier 2024, M. [B] [O] a assigné Mme [J] [D] en divorce. Malgré l’absence de représentation légale de l’épouse, le juge a constaté leur résidence séparée et a attribué la jouissance du logement familial à Mme [J] [D]. Le 19 novembre 2024, le divorce a été prononcé, avec mention en marge des actes d’état civil, et les effets du jugement fixés au 5 mai 2023. M. [B] [O] a été condamné aux dépens.

Contexte du mariage

Mme [J] [D] et M. [B] [O] se sont mariés le [Date mariage 3] 2015 à [Localité 8] (Bénin), choisissant le régime de séparation de biens. Leur union n’a pas donné naissance à d’enfants.

Demande de divorce

M. [B] [O] a assigné Mme [J] [D] en divorce par acte d’huissier le 16 janvier 2024, sans préciser de fondement juridique. L’épouse n’a pas constitué avocat ni comparu à l’audience d’orientation.

Ordonnance de mesures provisoires

Le 15 avril 2024, le juge a constaté la résidence séparée des époux et a attribué la jouissance du logement familial à l’épouse, qui doit en assumer les loyers et charges.

Conclusions de M. [B] [O]

Dans ses conclusions signifiées le 12 septembre 2024, M. [B] [O] a demandé le prononcé du divorce, la mention du jugement en marge de l’acte de mariage, et a proposé un règlement des intérêts pécuniaires. Il a également demandé que la date des effets du divorce soit fixée au 5 mai 2023.

Procédure et décision finale

Mme [J] [D] a été régulièrement assignée et informée de la procédure, mais n’a pas constitué avocat. L’ordonnance de clôture a eu lieu le 8 octobre 2024, et la décision a été mise en délibéré pour le 19 novembre 2024.

Jugement prononcé

Le juge a prononcé le divorce des époux [J] [D] et [B] [O], ordonné la mention du jugement en marge des actes d’état civil, et fixé la date des effets du jugement au 5 mai 2023. Mme [J] [D] a obtenu le droit au bail du logement, et M. [B] [O] a été condamné aux dépens de l’instance.

Q/R juridiques soulevées :

Quel est le fondement juridique du divorce prononcé par le tribunal ?

Le divorce a été prononcé par le tribunal sur la base des articles 237 et 238 du Code Civil.

L’article 237 stipule que :

« Le divorce peut être demandé par l’un des époux lorsque les époux sont séparés de corps depuis plus d’un an. »

Cet article établit donc la possibilité de divorce en cas de séparation prolongée.

L’article 238 précise que :

« La séparation de fait des époux, qui doit être constatée, est une condition préalable à la demande de divorce. »

Dans cette affaire, M. [B] [O] a indiqué que les époux étaient séparés depuis le 5 mai 2023, ce qui dépasse le délai d’un an requis par la loi.

Ainsi, le tribunal a pu prononcer le divorce en se fondant sur ces dispositions légales.

Quelles sont les conséquences de la mention du jugement en marge des actes d’état civil ?

La mention du jugement de divorce en marge des actes d’état civil est régie par l’article 462 du Code Civil, qui dispose que :

« Les décisions de justice ayant un effet sur l’état des personnes doivent être mentionnées en marge des actes de l’état civil. »

Cette mention a pour but d’informer les tiers de la situation juridique des époux.

Dans le cas présent, le jugement a ordonné que le dispositif soit mentionné en marge de l’acte de mariage et des actes de naissance des époux.

Cela signifie que, une fois le jugement devenu définitif, les tiers pourront consulter ces actes pour connaître l’état civil des époux, notamment leur statut marital.

Comment se déroule le partage des intérêts patrimoniaux après le divorce ?

Le partage des intérêts patrimoniaux est encadré par les articles 1359 et suivants du Code de procédure civile.

L’article 1359 stipule que :

« Les parties doivent procéder à un partage amiable de leurs intérêts patrimoniaux. »

En cas de désaccord, l’article 1360 prévoit que :

« Les parties peuvent saisir le juge pour qu’il statue sur le partage. »

Dans cette affaire, le jugement rappelle aux parties qu’elles doivent d’abord tenter un partage amiable de leurs biens.

Si elles n’y parviennent pas, elles devront alors se conformer aux procédures judiciaires prévues par la loi pour régler leurs différends patrimoniaux.

Quelles sont les implications de l’attribution du droit au bail à l’épouse ?

L’attribution du droit au bail à Mme [J] [D] est conforme aux dispositions du Code Civil concernant le logement familial.

L’article 215 du Code Civil précise que :

« Les époux ont le droit de jouir du logement conjugal. »

En cas de divorce, le juge peut attribuer le droit au bail à l’un des époux, comme cela a été fait dans cette affaire.

Cela signifie que Mme [J] [D] a le droit de continuer à occuper le logement, à condition de s’acquitter des charges afférentes.

Cette décision vise à protéger les intérêts de l’épouse et à lui assurer un lieu de vie stable après la séparation.

Quelles sont les conséquences de la non-signification du jugement dans le délai imparti ?

L’article 478 du Code de procédure civile stipule que :

« Le jugement réputé contradictoire doit être signifié au défendeur dans le délai de 6 mois, sous peine d’être non avenu. »

Cela signifie que si le jugement n’est pas signifié dans ce délai, il perd son effet juridique.

Dans cette affaire, le tribunal a rappelé cette obligation, soulignant l’importance de la signification pour garantir les droits des parties.

Ainsi, si M. [B] [O] ne fait pas signifier le jugement dans les six mois suivant sa prononciation, celui-ci pourrait être déclaré non avenu, ce qui annulerait les effets du divorce.

Cour d’appel de Rennes
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE RENNES
[Adresse 5] – tél : [XXXXXXXX01]

Cabinet C

3ème Chambre Civile

Le 19 Novembre 2024

N° RG 24/00437 –
N° Portalis DBYC-W-B7I-KX7P

Epoux [O]

(divorce)

1 Copie exécutoire délivrée
à l’avocat
le :

1 copie dossier

TROISIEME CHAMBRE CIVILE

JUGEMENT

DEMANDEUR :

Monsieur [B] [S] [O]
né le [Date naissance 2] 1987 à [Localité 8] (BÉNIN), demeurant [Adresse 7]
représenté par Me Isabelle DAVROULT, avocat au barreau de RENNES

DEFENDEUR :

Madame [J] [X], [L], [U] [D]
née le [Date naissance 4] 1978 à [Localité 9] (BÉNIN), demeurant [Adresse 6]
défaillant

COMPOSITION

Guillaume BAILHACHE, Vice président Juge aux affaires familiales,

Assisté de Laurence FOUILLET, Greffier, lors du prononcé, qui a signé la présente décision.

JUGEMENT

réputé contradictoire, public et en premier ressort
mis à disposition au greffe le 19 Novembre 2024

EXPOSE DU LITIGE

Mme [J] [D] et M. [B] [O] se sont mariés le [Date mariage 3] 2015 à [Localité 8] (Bénin), en optant pour le régime de séparation de biens, prévu par le régime local. Aucun enfant n’est issu de leur union.

Par acte d’huissier signifié le 16 janvier 2024, M. [B] [O] a fait assigner Mme [J] [D] en divorce devant la présente juridiction, sans indiquer de fondement juridique à sa demande.

L’épouse n’a pas constitué avocat, ni même comparu à l’audience d’orientation.

Suivant ordonnance du 15 avril 2024, le juge de la mise en état statuant sur les mesures provisoires a constaté la résidence séparée des époux et attribué la jouissance du logement familial à l’épouse, à charge pour elle d’en payer les loyers et charges afférents.

Au terme de ses dernières conclusions signifiées au défendeur le 12 septembre 2024, puis notifiées par voie électronique le 16 septembre 2024, M. [B] [O] demande au tribunal de :

– Prononcer le divorce des époux [O] par application des dispositions des articles 237 et 238 du Code Civil, les époux étant séparés depuis le 5 mai 2023, soit depuis plus d’un an au jour de la décision à intervenir,
– Ordonner mention du dispositif du jugement à intervenir, en marges de l’acte de mariage des époux et de l’acte de naissance de chacun d’eux :
– Dire que Monsieur [O] a formulé une proposition de règlement des intérêts pécuniaires et patrimoniaux des époux, conformément aux exigences de l’article 252 du Code Civil,
– FIXER la date des effets du divorce au 5 mai 2023, date à laquelle les époux ont cessé de collaborer et de cohabiter,
– Dire que le droit au bail de l’ancien domicile conjugal sera attribué à Madame [D], épouse [O], à charge pour elle de s’acquitter des charges du
logement, s’agissant d’une location.

Régulièrement assignée, puis destinataire d’un avis d’information sur la procédure, Mme [J] [D] n’a pas constitué avocat.

Conformément à l’article 455 du Code de procédure civile, renvoi sera fait à ces écritures s’agissant des moyens développés par le demandeur.

L’ordonnance de clôture est intervenue le 8 octobre 2024.

Il a été procédé à un dépôt des dossiers au greffe, sans débats, en application de l’article 799 alinéa 3 du code de procédure civile. La décision a été mise en délibéré au 19 novembre 2024, pour être prononcée par mise à disposition au greffe.

[DÉBATS NON PUBLICS – Motivation de la décision occultée]
PAR CES MOTIFS

Le juge aux affaires familiales, statuant publiquement après débats en chambre du conseil, par jugement réputé contradictoire et en premier ressort :

VU l’assignation signifiée le 16 janvier 2024 ;

PRONONCE le divorce des époux [J] [D] et [B] [O] ;

DIT que le dispositif du présent jugement fera l’objet d’une mention en marge de l’acte de mariage des époux dressé le 27 mai 2015 par l’officier d’état civil de [Localité 8] (Bénin) ainsi qu’en marge de l’acte de naissance de chacun d’eux, nés respectivement :

– Mme [J], [X], [L], [U] [D] : le [Date naissance 4] 1978 à [Localité 9] (Bénin)
– M. [B], [S] [O] : le [Date naissance 2] 1987 à [Localité 8] (Bénin) ;

DIT qu’une fois le présent jugement devenu définitif, son dispositif sera transcrit sur le registre prévu à cet effet au Service Central de l’Etat civil du Ministère des Affaires Etrangères à NANTES, les époux étant nés à l’étranger ;

RAPPELLE que les parties doivent procéder à un partage amiable de leurs intérêts patrimoniaux et qu’à défaut d’y parvenir, elles devront procéder conformément aux dispositions des articles 1359 et suivants du code de procédure civile ;

DIT que la date des effets du jugement dans les rapports entre époux pour ce qui concerne leurs biens est fixée au 5 mai 2023 ;

ATTRIBUE à Mme [J] [D] le droit au bail du logement situé à [Localité 10] au [Adresse 6] ;

CONDAMNE M. [B] [O] aux dépens de l’instance ;

RAPPELLE qu’en vertu de l’article 478 du Code de procédure civile le jugement réputé contradictoire doit être signifié au défendeur dans le délai de 6 mois, sous peine d’être non avenu.

LE GREFFIER LE JUGE


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