Type de juridiction : Tribunal judiciaire
Juridiction : Tribunal judiciaire d’Évry
Thématique : Proportionalité et régularité des mesures d’isolement en milieu psychiatrique
→ RésuméMadame [S] [I] a été hospitalisée au Centre hospitalier [1] depuis le 15 novembre 2024. Soumise à une mesure d’isolement depuis le 23 novembre, cette décision a été contestée par son avocate, Me Caroline VARIN, qui a souligné l’absence d’information à la patiente et à sa famille. Le tribunal, après examen, a jugé que les motifs de prolongation de l’isolement n’étaient pas suffisamment justifiés. En conséquence, il a ordonné la mainlevée de cette mesure, stipulant qu’aucune nouvelle mesure ne pourrait être appliquée dans les 48 heures, sauf nouveaux éléments.
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T R I B U N A L
JUDICIAIRE
D’EVRY
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Cabinet du magistrat du siège du tribunal judiciaire
Henry MAPEL, Vice président
N° dossier: N° RG 24/03589 – N° Portalis DB3Q-W-B7I-QRVO
MINUTE N°
NAC : 14T
ORDONNANCE STATUANT SUR UNE MESURE EN
MATIÈRE d’isolement
Article L. 3222-5-1 du code de la santé publique
Rendue le 26 Novembre 2024
Henry MAPEL, Vice président, magistrat du siège du tribunal judiciaire d’ÉVRY – COURCOURONNES chargé du contrôle des mesures privatives et restriction de liberté prévues par le code de la santé publique statuant sans audience selon la procédure écrite de principe prévue aux articles L3211-12-2 et L3222-5-1 du Code de la santé publique;
Vu l’article 17 de la loi n° 2022-46 du 22 janvier 2022 renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire et modifiant le code de la santé publique, modifiant notamment l’article L3222-5-1 du Code de la santé publique ;
Vu le décret n° 2022-419 du 23 mars 2022 modifiant la procédure applicable devant le magristrat du siège du tribunal judiciaire d’ÉVRY – COURCOURONNES chargé du contrôle des mesures privatives et restriction de liberté prévues par le code de la santé publique en matière d’isolement et de contention mis en oeuvre dans le cadre de soins psychiatriques ;
Vu la décision de M. LE DIRECTEUR DU CENTRE HOSPITALIER [1] en date du 15 novembre 2024 plaçant en hospitalisation sous contrainte,
Madame [S] [I]
née le 17 Juin 2000 à [Localité 2]
représentée par Me Caroline VARIN, avocat au barreau d’ESSONNE ;
Vu la décision médicale motivée du docteur [L] [F]en date du 23 novembre 2024 plaçant en mesure d’isolement Madame [S] [I] à compter du 23 novembre 2024 à 11h38;
Vu la demande du directeur de l’établissement psychatrique acceuillant le patient, enregistrée par le greffe le 26 Novembre 2024 par laquelle il sollicite l’autorisation de poursuivre la mesure d’isolement de Madame [S] [I] ;
Vu la décision médicale motivée du docteur [L] [C] du 25 novembre 2024 selon lequel la mesure d’isolement de Madame [S] [I] doit être prolongée
Vu les réquisitions du MINISTÈRE PUBLIC déposées le 26 novembre 2024 ;
Vu les conclusions de Me Caroline VARIN, pour Madame [S] [I];
EXPOSE DU LITIGE
Madame [S] [I] a fait l’objet d’une hospitalisation complète au Centre hospitalier [1], depuis le 15 novembre 2024.
Madame [S] [I] est soumis(e) à une mesure d’isolement sur le fondement de l’article L.3222-5-1 du code de la santé publique depuis le 23 novembre 2024 à 11h38.
Le directeur de l’établissement psychatrique acceuillant le patient a saisi le juge aux fins de statuer en faveur de la poursuite de la mesure d’isolement de l’intéressé.
Dans ses réquisitions, le Ministère public s’en rapporte à l’appréciation de la juridiction.
Dans ses conclusions, Me Caroline VARIN représentant Madame [S] [I] soutient que la procédure est irrégulière et que l’isolement n’est pas proportionné à l’état du patient. De plus, le conseil soulève l’absence d’information du patient et de sa famille concernant la mesure.
MOTIFS DE LA DÉCISION
Il convient de statuer selon la procédure écrite.
Sur le fond:
Il résulte des éléments de la procédure que les conditions d’une nouvelle prolongation de la mesure sont insuffisamment motivées conformément aux exigences de l’article L3222-1-5 du code de la santé publique, en ce que la décision de prolongation de la mesure d’isolement établie le 26 novembre 2024 à 12h21 par le docteur [O] [T] mentionne » patient imprévisible , présentant un risque d’agitation avec passage à l’acte hétéro-agressif ». Cette mention qui n’est pas étayée par des éléments circonstanciés ne peut suffire à caractériser l’existence d’un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou pour autrui auquel seul l’isolement, pratique de dernier recours, serait de nature à mettre fin ou à prévenir. Par conséquent, il n’est pas établi que la mesure d’isolement soit adaptée, nécessaire et proportionnée à la situation de la personne faisant l’objet de soins et il convient de constater son irrégularité, sans qu’il soit nécessaire de statuer sur les autres moyens de l’appelant.
PAR CES MOTIFS
Le magistrat du siège du tribunal judiciaire d’ÉVRY – COURCOURONNES chargé du contrôle des mesures privatives et restriction de liberté prévues par le code de la santé publique, statuant sans audience selon la procédure écrite, par décision mise à disposition au greffe, susceptible d’appel devant le Premier Président de la Cour d’appel de Paris,
CONSTATONS l’irrégularité de la procédure ;
ORDONNONS LA MAINLEVÉE de la mesure d’isolement ;
RAPPELONS qu’une nouvelle mesure d’isolement ne peut intervenir dans les 48 prochaines heures, sauf élément nouveau.
Laissons les dépens de la présente à la charge de l’Etat ;
Ainsi fait et jugé à Evry le 26 Novembre 2024 à 15 heures 45 ;
Le juge
Henry MAPEL, Vice président
Vu au parquet le
le procureur de la République
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