Usage des réseaux sociaux par les aides-soignants

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Usage des réseaux sociaux par les aides-soignants

L’Essentiel : L’usage des réseaux sociaux par les aides-soignants soulève des enjeux juridiques majeurs, notamment en ce qui concerne le respect de la dignité des patients. Dans une affaire récente, une aide-soignante a été licenciée pour avoir publié une photo inappropriée sur Facebook, prise dans la chambre d’une résidente en fin de vie. Ce comportement, jugé contraire au code de déontologie, a été qualifié de faute grave par les juges, qui ont souligné l’absence de respect envers la résidente. La situation a suscité un émoi au sein du personnel, illustrant l’importance de la réserve et de la dignité dans le secteur hospitalier.

Secteur hospitalier, secteur sensible

L’usage des réseaux sociaux par les professionnels du secteur hospitalier peut poser de nombreuses difficultés juridiques, parmi lesquelles le droit au respect de la dignité de patients. Dans cette nouvelle affaire, le licenciement pour faute grave d’une aide-soignante en maison de retraite, a été validé par les juges.

Faute grave de l’aide-soignante

La faute grave se définit comme un fait ou un ensemble de faits, personnellement imputables au salarié, constituant une violation d’une obligation contractuelle ou un manquement à la discipline de l’entreprise, d’une gravité telle qu’elle rend impossible son maintien dans l’entreprise. La charge de la preuve de la gravité de la faute incombe à l’employeur. Le juge doit tenir compte des éléments qui lui sont alors soumis pour apprécier la gravité de la faute soutenue. En cas de doute, celui-ci profite au salarié. Le contrôle de la matérialité des faits reprochés auquel le juge doit procéder implique une appréciation de leur imputabilité au salarié, de leur caractère objectivement fautif et sérieux justifiant la rupture du contrat de travail, ainsi que de leur gravité rendant impossible le maintien dans l’entreprise.

En l’occurrence, l’employeur a découvert sur  le compte Facebook de la salariée, une photographie prise par une autre collègue de travail, dans l’appartement d’une résidente de la maison de retraite, clairement identifié, sur laquelle elle apparaissait en tenue de travail, portant un masque sur le visage et des gants d’hygiène, dans une pose festive, levant les bras en l’air en signe de victoire. Détail sordide, la résidente occupant cet appartement était en fin de vie, alitée, et donc présente au moment où la photographie a été prise. L’employeur, suivi par les juges, a considéré que ce comportement était contraire au code de déontologie et au règlement intérieur, le jugeant totalement inapproprié et inexcusable, en méconnaissance totale de ses valeurs morales ou éthiques régissant son mode de fonctionnement et la prise en charge des personnes hébergées.

Dignité des personnes âgées

L’article L.311-3 du code de l’action sociale et des familles pose le principe que toute personne prise en charge par des établissements et services sociaux et médico-sociaux a droit au respect de sa dignité, de son intimité. La charte des droits et libertés de la personne accueillie (arrêté du 8 septembre 2003 du ministère de la santé, de la famille et des personnes handicapées) ainsi que la charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante et enfin la charte des valeurs de la résidence, rappellent ces principes de respect de l’intimité du résident et que la personne âgée en fin de vie doit pouvoir terminer sa vie dans le respect de ses convictions et en tenant compte de ses avis. Le règlement intérieur précisait également  qu’il était nécessaire que soit observé un comportement réservé et digne, en tout point conforme aux bonnes moeurs, à la morale et à l’éthique, que toute familiarité avec les résidents est interdite.

La photographie postée sur Facebook mettait en évidence un comportement qualifié à juste titre de festif, notamment de la salariée, en décalage avec la réserve attendue par l’employeur, dès lors que ce comportement a lieu dans la chambre d’une résidente, qui en tout état de cause est décédée peu de temps après. Même si la date exacte à laquelle ce comportement a eu lieu n’était pas établie avec certitude, un tel comportement traduisait un manque de respect à l’égard de la personne âgée résidente de cette chambre, dont l’état de santé était gravement altéré, constitutif d’une faute justifiant la rupture immédiate du contrat de travail étant observé que la publication de cette photographie a suscité une réaction d’émoi et de malaise au sein du personnel de la résidence.

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Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les difficultés juridiques liées à l’usage des réseaux sociaux par les professionnels du secteur hospitalier ?

L’usage des réseaux sociaux par les professionnels du secteur hospitalier soulève plusieurs difficultés juridiques, notamment en ce qui concerne le respect de la dignité des patients.

Les professionnels de santé, en particulier ceux travaillant dans des établissements sensibles comme les maisons de retraite, doivent faire preuve d’une grande prudence dans leur communication en ligne.

La publication d’images ou de commentaires inappropriés peut non seulement nuire à la réputation de l’établissement, mais également violer des lois sur la protection des données personnelles et le droit à l’image des patients.

Dans le cas d’une aide-soignante licenciée pour avoir partagé une photo inappropriée sur Facebook, les juges ont validé ce licenciement en raison de la gravité de la faute, soulignant l’importance de respecter les valeurs éthiques et morales dans le secteur hospitalier.

Comment est définie la faute grave dans le contexte du licenciement d’un salarié ?

La faute grave est définie comme un ensemble de faits imputables au salarié qui constitue une violation d’une obligation contractuelle ou un manquement à la discipline de l’entreprise.

Elle est d’une telle gravité qu’elle rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise. La charge de la preuve de cette gravité incombe à l’employeur, qui doit démontrer que les faits reprochés sont sérieux et justifient la rupture du contrat de travail.

Le juge, dans ce contexte, doit examiner les éléments présentés pour évaluer la gravité de la faute. En cas de doute, ce dernier doit toujours en faveur du salarié.

Dans l’affaire de l’aide-soignante, le comportement jugé inapproprié a été considéré comme une faute grave, justifiant ainsi son licenciement.

Quel était le comportement de l’aide-soignante qui a conduit à son licenciement ?

L’aide-soignante a été licenciée après que son employeur a découvert une photographie sur son compte Facebook, où elle apparaissait en tenue de travail dans une pose festive, levant les bras en l’air.

Cette photo avait été prise dans l’appartement d’une résidente en fin de vie, qui était présente au moment de la prise de vue.

Le comportement de l’aide-soignante a été jugé totalement inapproprié et contraire au code de déontologie, ainsi qu’au règlement intérieur de l’établissement.

Les juges ont considéré que ce comportement manquait de respect envers la résidente, ce qui a conduit à la validation de son licenciement pour faute grave.

Quels principes régissent le respect de la dignité des personnes âgées dans les établissements médico-sociaux ?

Le respect de la dignité des personnes âgées est encadré par plusieurs textes législatifs et réglementaires.

L’article L.311-3 du code de l’action sociale et des familles stipule que toute personne prise en charge par des établissements sociaux et médico-sociaux a droit au respect de sa dignité et de son intimité.

De plus, la charte des droits et libertés de la personne accueillie, ainsi que celle de la personne âgée dépendante, rappellent l’importance de respecter l’intimité des résidents.

Ces documents soulignent également que les personnes âgées en fin de vie doivent pouvoir terminer leur existence dans le respect de leurs convictions et de leurs souhaits.

Le règlement intérieur des établissements précise qu’un comportement digne et réservé est attendu de la part du personnel, interdisant toute familiarité avec les résidents.

Quelle a été la réaction du personnel suite à la publication de la photographie ?

La publication de la photographie par l’aide-soignante a suscité une réaction d’émoi et de malaise au sein du personnel de la résidence.

Ce type de comportement, jugé festif et inapproprié dans un contexte aussi sensible, a été perçu comme un manque de respect envers la résidente en fin de vie.

Le personnel, qui est souvent en contact direct avec les résidents, a ressenti une profonde indignation face à cette violation des valeurs éthiques et morales qui régissent leur travail.

Cette réaction a renforcé la décision de l’employeur de procéder au licenciement de l’aide-soignante, soulignant l’importance de maintenir un environnement respectueux et digne pour les personnes âgées.


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