L’Essentiel : L’auteur du Blog « Stratégie » de Challenge a été condamné pour diffamation envers les Laboratoires Servier, accusés de culpabilité dans une enquête judiciaire. Les juges ont jugé que les propos tenus constituaient une atteinte à la présomption d’innocence, un droit protégé par le Code civil et la Convention européenne des droits de l’homme. La condamnation souligne que la presse doit éviter de tirer des conclusions définitives sur la culpabilité avant un jugement irrévocable. Les Laboratoires Servier ont obtenu 2 000 euros de dommages et intérêts, rappelant l’importance de préserver l’impartialité de la justice.
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L’auteur du Blog « Stratégie » de Challenge a été condamné pour diffamation à l’encontre des Laboratoires Servier. Les propos publiés sur le Blog (1) affirmaient que les laboratoires Servier étaient coupable des faits sur lesquels enquêtent les juges d’instruction dans le cadre de l’information judiciaire ouverte. (1) Les Laboratoires Servier « sont des orfèvres de la surpromesse lançant molécule après molécule au bénéfice thérapeutique supplémentaire inexistant, achetant politiques ou mandarins de la médecine pour obtenir autorisations de mise sur le marché et surtout remboursement masquant délibérément les effets secondaires parfois mortels comme dans le cas du Médiator ». Mots clés : Blogs Thème : Blogs A propos de cette jurisprudence : juridiction : Tribunal de Grande instance de Paris | 4 avril 2012 | Pays : France |
Q/R juridiques soulevées :
Quelle a été la décision du tribunal concernant l’auteur du Blog « Stratégie » de Challenge ?L’auteur du Blog « Stratégie » de Challenge a été condamné pour diffamation à l’encontre des Laboratoires Servier. Le tribunal a jugé que les propos tenus sur le blog étaient péremptoires et manifestaient un préjugé quant à la culpabilité des Laboratoires Servier. Cette décision a été fondée sur le fait que les déclarations de l’auteur portaient atteinte à la présomption d’innocence de la société, un droit protégé par l’article 9-1 du Code civil. En conséquence, les Laboratoires Servier ont obtenu 2 000 euros à titre de dommages et intérêts pour cette atteinte à leur réputation. Quelles infractions étaient reprochées aux Laboratoires Servier dans le cadre de cette affaire ?Les Laboratoires Servier étaient accusés d’infractions graves, notamment l’obtention indue d’autorisation, l’escroquerie et la tromperie aggravée. Ces accusations étaient liées à la commercialisation et à la mise sur le marché du médicament Médiator. Les juges d’instruction enquêtaient sur ces faits dans le cadre d’une information judiciaire ouverte. Les propos de l’auteur du blog, qui affirmaient la culpabilité des Laboratoires Servier, ont été jugés comme une atteinte à la présomption d’innocence, car ils présentaient la société comme coupable avant qu’une décision de justice ne soit rendue. Qu’est-ce que la présomption d’innocence et comment est-elle protégée par la loi ?La présomption d’innocence est un droit fondamental qui garantit qu’une personne, qu’elle soit physique ou morale, est considérée comme innocente tant qu’elle n’a pas été déclarée coupable par une décision de justice irrévocable. Ce droit est consacré par l’article préliminaire du Code de procédure pénale et par l’article 6-2 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Les atteintes à ce droit peuvent être réparées selon les dispositions de l’article 9-1 du Code civil, qui stipule que toute personne faisant l’objet d’une enquête ou d’une instruction judiciaire ne doit pas être présentée publiquement comme coupable avant qu’une décision de justice ne soit rendue. Quelles sont les conditions pour qu’une atteinte à la présomption d’innocence soit caractérisée ?Pour qu’une atteinte à la présomption d’innocence soit caractérisée, deux conditions doivent être remplies. Premièrement, l’existence de l’enquête ou de l’instruction doit être mentionnée dans les écrits concernés, sauf si elle est notoire. Deuxièmement, les propos incriminés doivent contenir des conclusions définitives qui manifestent un préjugé tenant pour acquise la culpabilité de la personne concernée. Ces conditions visent à protéger le caractère juste et équitable de la procédure judiciaire, ainsi qu’à préserver l’impartialité de l’autorité judiciaire. Comment la presse peut-elle traiter des affaires pénales sans enfreindre la présomption d’innocence ?La presse a le droit d’évoquer des faits divers ou des affaires pénales, à condition de le faire de manière objective et équilibrée. Elle peut présenter les faits reprochés, mais doit éviter de dénaturer la réalité. La contrainte principale est de s’abstenir de toute conclusion définitive qui pourrait manifester un préjugé quant à la culpabilité de la personne visée avant qu’elle ne soit jugée. Ainsi, la presse peut mettre en lumière des éléments à charge ou à décharge, tant que cela ne porte pas atteinte à la présomption d’innocence. |
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