Comportement « antisémite » d’un avocat : la radiation encourue

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Comportement « antisémite » d’un avocat : la radiation encourue

L’Essentiel : Un avocat a été sanctionné pour avoir déposé une requête en récusation fondée sur la judaïcité d’un magistrat, ce qui a été jugé comme un manquement grave aux principes de délicatesse, de courtoisie et de dignité de la profession. La requête insinuait que l’appartenance religieuse du magistrat compromettait son impartialité, portant ainsi atteinte à sa dignité. La Cour de cassation a confirmé la radiation de l’avocat, considérant que la sanction était proportionnée à la gravité de ses propos et à son absence de regret, le rendant indigne d’exercer la profession d’avocat.

Motivation de la requête en récusation

Un avocat a été poursuivi, devant le conseil de discipline pour manquements à la délicatesse, la modération, la courtoisie et la dignité, après le dépôt, à l’occasion d’une instance pénale, d’une requête en récusation contre le  vice-président d’un tribunal de grande instance. La requête était fondée sur la judaïcité réelle ou supposée du magistrat considéré comme de parti pris en faveur d’une prévenue, dont le père était prénommé Moïse, et en défaveur de la partie civile que l’avocat représentait.

Manquement à l’honneur de la profession d’avocat

Il était reproché à l’avocat d’avoir manqué aux obligations de délicatesse, de modération, de courtoisie et de dignité qui régissent la profession d’avocat ainsi qu’à l’honneur de sa profession en portant par les écrits contenus dans sa requête en récusation une « atteinte inacceptable à la dignité et à l’intégralité morale du magistrat ». L’avocat avait également contrevenu aux dispositions du règlement intérieur du barreau selon lesquelles l’avocat doit s’abstenir « de toute attaque personnelle superflue ou termes inutilement blessants » et  de « réserver aux juges, dans l’indépendance et la dignité, le respect dû à leur fonction ».

Le raisonnement de l’avocat à l’appui de sa requête en récusation constituait un manquement grave aux principes essentiels de la      profession dès lors qu’il laissait entendre que l’appartenance supposée d’un magistrat à la même confession juive que le père d’un prévenu est de nature à mettre en doute son impartialité en raison de la dite appartenance. Il a ainsi porté   atteinte à la dignité et à l’intégrité morale du magistrat concerné dont la judaïcité supposée est considérée comme ayant des conséquences néfastes sur l’exercice de ses fonctions. Ce manquement constituait également une atteinte personnelle, superflue et blessante à l’égard du magistrat.

Proportionnalité de la sanction

La radiation de l’avocat a été confirmée par les juges suprêmes. Si le choix de la sanction relève de l’appréciation des juges du fond, au vu de l’ensemble des circonstances de l’espèce, il appartient au juge de cassation de vérifier que la sanction retenue n’est pas hors de proportion avec la faute commise et qu’elle a pu, dès lors, être légalement prise. La Cour de cassation a retenu que la sanction était proportionnée en raison de la gravité de l’atteinte aux principes essentiels de délicatesse, courtoisie et dignité de la profession, ainsi que l’absence de regret de l’intéressé qui n’a pris conscience ni de l’ineptie de ses propos ni de leur retentissement sur l’ensemble de la profession. Par son comportement, l’avocat s’était montré indigne d’exercer la profession d’avocat.

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Q/R juridiques soulevées :

Quelle était la motivation de la requête en récusation de l’avocat ?

La motivation de la requête en récusation de l’avocat était fondée sur la judaïcité réelle ou supposée du vice-président d’un tribunal de grande instance. L’avocat a soutenu que cette appartenance religieuse pouvait influencer le magistrat, le rendant partial envers une prévenue dont le père était prénommé Moïse.

Cette accusation de parti pris a été considérée comme un manquement grave aux principes de la profession d’avocat, car elle insinuait que l’identité religieuse d’un magistrat pouvait affecter son impartialité.

Quels manquements ont été reprochés à l’avocat ?

L’avocat a été accusé de manquements aux obligations de délicatesse, de modération, de courtoisie et de dignité, qui sont des valeurs fondamentales de la profession.

Il a été reproché à l’avocat d’avoir porté une « atteinte inacceptable à la dignité et à l’intégrité morale du magistrat » par les écrits de sa requête.

De plus, il a contrevenu aux règles du barreau, qui stipulent que les avocats doivent s’abstenir de toute attaque personnelle superflue et doivent respecter les juges dans l’exercice de leurs fonctions.

Comment la Cour de cassation a-t-elle justifié la sanction ?

La Cour de cassation a confirmé la radiation de l’avocat, considérant que la sanction était proportionnée à la gravité des manquements.

Elle a souligné que l’atteinte aux principes de délicatesse, de courtoisie et de dignité était sérieuse, et que l’avocat n’avait montré aucun regret pour ses propos.

L’absence de prise de conscience de l’ineptie de ses écrits et de leur impact sur la profession a également été un facteur déterminant dans la décision de la Cour.

Quelles conséquences la requête en récusation a-t-elle eu sur la profession d’avocat ?

La requête en récusation a eu des conséquences significatives sur la réputation de la profession d’avocat.

En insinuant que l’appartenance religieuse d’un magistrat pouvait influencer son impartialité, l’avocat a porté atteinte à l’intégrité de la justice.

Ce type de comportement est perçu comme indigne d’un avocat, car il remet en question les valeurs fondamentales de la profession, telles que le respect et la dignité.

Quels principes essentiels de la profession d’avocat ont été violés ?

Les principes essentiels violés incluent la délicatesse, la modération, la courtoisie et la dignité.

Ces valeurs sont cruciales pour maintenir la confiance du public dans le système judiciaire et pour garantir que les avocats agissent avec intégrité.

L’atteinte à ces principes, comme dans le cas de la requête en récusation, peut entraîner des sanctions sévères, comme la radiation, pour préserver l’honneur de la profession.


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