Protection des mineurs sur les réseaux sociaux : C8 sanctionnée par l’ARCOM

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Protection des mineurs sur les réseaux sociaux : C8 sanctionnée par l’ARCOM

La publication des vidéos de réseaux sociaux de mineurs dans les émissions de télévision doit faire l’objet d’une vigilance particulière. L’émission Touche pas à mon poste a écopé d’une sanction de 50 000 euros.

Sanction de l’émission « Touche pas à mon poste »

Il ressort du compte rendu de visionnage de l’émission « Touche pas à mon poste », diffusée sur C8 le 30 janvier 2023, que durant la séquence intitulée « 20 minutes people », le présentateur de l’émission et les chroniqueurs ont évoqué une polémique récente relative à des vidéos d’une jeune fille, alors âgée de 14 ans, parues sur un de ses comptes de réseau social.

Lors de cette séquence, plusieurs vidéos de la jeune fille ont été diffusées en plan rapproché et pendant une durée importante, et l’une des chroniqueuses de l’émission a notamment déclaré à son sujet : « Pour moi, c’est le summum de la vulgarité », « Donc pour moi, c’est hyper vulgaire, avec sa langue, sa bouche, ses nichons … ».

La réputation des mineurs sur les écrans


Les propos tenus à l’encontre d’une mineure identifiée relatifs à son apparence physique sont particulièrement violents, grossiers et dépréciatifs. De plus, son comportement sur la vidéo est qualifié en ces termes : « Parce que c’est la nouvelle génération, on a le droit d’être des te-pu ? ».


Ces faits sont de nature à porter atteinte aux droits de la jeune fille au respect de son honneur et de sa réputation. Cette séquence caractérise ainsi un manquement de l’éditeur aux stipulations précitées de l’article 2-3-4 de sa convention, relatives au droit à l’honneur et à la réputation d’une personne, qui plus est mineure.

L’obligation de maîtrise de l’antenne


En ce qui concerne l’obligation de maîtrise de l’antenne :

Il ressort du compte-rendu de visionnage de cette émission que les vidéos de la jeune fille, et des images issues de celles-ci, ont été diffusées de façon répétée par l’éditeur afin d’alimenter le débat en plateau, notamment lors des réactions des chroniqueurs, au moyen notamment d’un dispositif de scission de l’écran.

Si une partie des chroniqueurs a pu tenir des propos plus mesurés, il n’en demeure pas moins que ces interventions ont conduit à relancer le débat au lieu de le modérer. Enfin, si le présentateur a indiqué en fin d’émission : « Et on rappelle … et, et, je trouve que vous allez un peu loin. On rappelle que […] est mineure donc allez-y mollo hein quand même », cette remarque, tardive, n’a pas condamné explicitement les propos portant atteinte à l’honneur et à la réputation de la jeune fille.


Dans ces conditions, l’antenne a été insuffisamment maîtrisée par l’éditeur.

Pouvoir de sanction de l’ARCOM

Pour rappel, en vertu de l’article 4-2-2 de la convention du 29 mai 2019 : « Si l’éditeur ne se conforme pas à une mise en demeure, (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) peut, dans les conditions prévues à l’article 42-1 de la loi du 30 septembre 1986 modifiée, prononcer contre l’éditeur une des sanctions suivantes : 1. une sanction pécuniaire, dans les conditions prévues à l’article 42-2 de la loi du 30 septembre 1986 modifiée ; (…). ».

L’article 4-2-4 de la même convention prévoit que : « Les pénalités contractuelles mentionnées aux articles 4-2-2 et 4-2-3 sont prononcées par (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) dans le respect des garanties fixées par les articles 42 et suivants de la loi du 30 septembre 1986 modifiée. ».

L’article 42-2 de la loi du 30 septembre 1986 dispose que : « Le montant de la sanction pécuniaire doit être fonction de la gravité des manquements commis et en relation avec les avantages tirés du manquement, sans pouvoir excéder 3 % du chiffre d’affaires hors taxes, réalisé au cours du dernier exercice clos calculé sur une période de douze mois. Ce maximum est porté à 5 % en cas de nouvelle violation de la même obligation. »


En deuxième lieu, aux termes de l’article 2-3-4 de la convention du 29 mai 2019, l’éditeur « respecte les droits de la personne relatifs à sa vie privée, à son image, à son honneur et à sa réputation tels qu’ils sont définis par la loi et la jurisprudence. »


En troisième lieu, aux termes de l’article 2-2-1 de cette même convention : « L’éditeur est responsable du contenu des émissions qu’il diffuse. Il conserve en toutes circonstances la maîtrise de son antenne. »

Questions / Réponses juridiques

Quelle sanction a été infligée à l’émission « Touche pas à mon poste » ?

L’émission « Touche pas à mon poste », diffusée sur C8, a été sanctionnée par une amende de 50 000 euros. Cette sanction fait suite à la diffusion de vidéos d’une mineure, âgée de 14 ans, qui ont été présentées de manière inappropriée lors d’une séquence intitulée « 20 minutes people ». Les chroniqueurs de l’émission ont tenu des propos dégradants à l’égard de la jeune fille, ce qui a soulevé des préoccupations quant à la protection des mineurs dans les médias. La sanction a été prononcée pour manquement aux obligations de respect de l’honneur et de la réputation des personnes, en particulier des mineurs, comme stipulé dans la convention de l’éditeur.

Quels propos ont été tenus à l’encontre de la mineure ?

Les propos tenus à l’encontre de la jeune fille étaient particulièrement violents et dépréciatifs. Une chroniqueuse a qualifié son comportement de « vulgarité » et a utilisé des termes très offensants pour décrire son apparence physique. Ces commentaires ont été jugés inappropriés et ont porté atteinte à la réputation de la mineure, ce qui constitue une violation de ses droits au respect de son honneur. Les critiques sur son comportement et son apparence physique ont été considérées comme un manquement grave aux obligations de l’émission envers les mineurs.

Comment l’émission a-t-elle géré la diffusion des vidéos ?

L’émission a diffusé les vidéos de la jeune fille de manière répétée, alimentant ainsi le débat en plateau. Les images ont été montrées en plan rapproché, ce qui a intensifié l’impact des commentaires des chroniqueurs. Bien que certains chroniqueurs aient tenté de modérer leurs propos, la dynamique de l’émission a conduit à une relance du débat plutôt qu’à une modération. Le présentateur a fait une remarque tardive sur le fait que la jeune fille était mineure, mais cela n’a pas suffi à atténuer les effets négatifs des commentaires précédents.

Quelles sont les obligations de l’éditeur en matière de contenu diffusé ?

L’éditeur a des obligations strictes en matière de contenu diffusé, notamment le respect des droits des personnes concernant leur vie privée, leur image, leur honneur et leur réputation. Ces obligations sont définies par la loi et la jurisprudence, et l’éditeur doit conserver la maîtrise de son antenne en toutes circonstances. En cas de manquement, l’éditeur peut être sanctionné par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). Les sanctions peuvent inclure des amendes, qui doivent être proportionnelles à la gravité des manquements et aux avantages tirés de ceux-ci.

Quelles sont les conséquences d’un manquement aux obligations de diffusion ?

Les conséquences d’un manquement aux obligations de diffusion peuvent inclure des sanctions pécuniaires imposées par l’ARCOM. Selon la loi, le montant de la sanction doit être proportionnel à la gravité des manquements et ne peut excéder 3 % du chiffre d’affaires hors taxes de l’éditeur pour l’exercice précédent. En cas de récidive, ce maximum peut être porté à 5 %. De plus, l’éditeur est responsable du contenu diffusé et doit s’assurer que les droits des personnes, en particulier des mineurs, sont respectés.

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