L’Essentiel : Le Tribunal judiciaire de Paris a récemment statué sur les atteintes aux droits de diffusion de la Premier League, détenus par le Groupe Canal + et la Société d’édition de Canal Plus. Ces sociétés ont assigné Google pour obtenir des mesures de blocage contre des sites IPTV diffusant illégalement des matchs. Le tribunal a ordonné à Google de mettre en œuvre, dans un délai de trois jours, des mesures de déréférencement pour empêcher l’accès à ces sites jusqu’à la fin de la saison 2024/2025. Cette décision souligne l’importance de protéger les droits d’exploitation audiovisuelle face à la contrefaçon.
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Les services d’IPTV illégaux sont sous le feu des juridictions. Le Tribunal judiciaire de Paris vient à nouveau, de constater l’existence d’atteintes graves et répétées aux droits exclusifs de diffusion de la compétition dite « Premier league » (2024/2025) dont sont titulaires la société Groupe Canal + et la Société d’édition de Canal plus, commises au moyen de différents services de communication en ligne, dont l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de compétitions sportives.
Canal Plus c/ GoogleIl a été ordonné aux sociétés Google Ireland limited et Google LLC, de mettre en oeuvre, au plus tard dans un délai de trois jours suivants la signification de la décision, toutes mesures propres à empêcher, jusqu’à la date du dernier match du championnat de la « Premier League » 2024/2025 actuellement fixée au 25mai 2025, l’accès aux sites et services IPTV. L’article L. 333-10 du code du sportPour rappel, aux termes de l’article L. 333-10 du code du sport, issu de la loi n°2021-1382 du 25 octobre 2021, « I.-Lorsqu’ont été constatées des atteintes graves et répétées au droit d’exploitation audiovisuelle prévu à l’article L. 333-1 du présent code, au droit voisin d’une entreprise de communication audiovisuelle prévu à l’article L. 216-1 du code de la propriété intellectuelle, dès lors que le programme concerné est constitué d’une manifestation ou d’une compétition sportive, ou à un droit acquis à titre exclusif par contrat ou accord d’exploitation audiovisuelle d’une compétition ou manifestation sportive, occasionnées par le contenu d’un service de communication au public en ligne dont l’objectif principal ou l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de compétitions ou manifestations sportives […] ». En application de l’article L. 333-10 du code du sport « afin de prévenir ou de remédier à une nouvelle atteinte grave et irrémédiable à ces mêmes droits, le titulaire de ce droit peut saisir le président du tribunal judiciaire, statuant selon la procédure accélérée au fond ou en référé, aux fins d’obtenir toutes mesures proportionnées propres à prévenir ou à faire cesser cette atteinte, à l’encontre de toute personne susceptible de contribuer à y remédier. La saisine du président du tribunal judiciaireLe président du tribunal judiciaire peut notamment ordonner, au besoin sous astreinte, la mise en œuvre, pour chacune des journées figurant au calendrier officiel de la compétition ou de la manifestation sportive, dans la limite d’une durée de douze mois, de toutes mesures proportionnées, telles que des mesures de blocage ou de retrait ou de déréférencement, propres à empêcher l’accès à partir du territoire français à tout service de communication au public en ligne, identifié ou qui n’a pas été identifié à la date de ladite ordonnance, diffusant illicitement la compétition ou manifestation sportive ou dont l’objectif principal ou l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de la compétition ou manifestation sportive. Les mesures ordonnées par le président du tribunal judiciaire prennent fin, pour chacune des journées figurant au calendrier officiel de la compétition ou de la manifestation sportive, à l’issue de la diffusion autorisée par le titulaire du droit d’exploitation de cette compétition ou de cette manifestation. Le président du tribunal judiciaire peut ordonner toute mesure de publicité de la décision, notamment son affichage ou sa publication intégrale ou par extraits dans les journaux ou sur les services de communication au public en ligne qu’il désigne, selon les modalités qu’il précise. Comprendre les Risques de Contrefaçon et les Enjeux LégauxL’IPTV (Internet Protocol Television) est une technologie permettant de diffuser des contenus télévisés via internet. Si elle offre des opportunités pour les consommateurs, elle est également au cœur de nombreux débats juridiques en raison de la contrefaçon. En effet, certains services IPTV diffusent illégalement des contenus protégés, notamment des événements sportifs. L’IPTV repose sur le protocole internet pour transmettre des contenus audiovisuels en direct ou à la demande. Contrairement à la télévision traditionnelle, elle utilise une connexion internet, offrant ainsi une grande flexibilité. Les services IPTV incluent des plateformes légales mais aussi des services illicites diffusant des contenus piratés. Fonctionnement de l’IPTV – Diffusion en direct : Permet de regarder des chaînes en temps réel. – VOD (Vidéo à la demande) : Accès à des films et séries à tout moment. – Time-shifting : Revoir des programmes passés. Pourquoi l’IPTV illicite est un problème majeur ? Perte financière pour les ayants droit La contrefaçon via IPTV prive les détenteurs de droits de revenus considérables. Par exemple, les abonnements à des services illicites coûtent souvent une fraction du prix des offres légales, attirant ainsi de nombreux consommateurs. Impact sur les compétitions sportives Les diffuseurs investissent massivement pour acquérir des droits de diffusion exclusifs. L’IPTV pirate compromet ces investissements en rendant les compétitions accessibles gratuitement ou à moindre coût. Sécurité et confidentialité Les services IPTV illicites sont souvent associés à des risques : – Piratage de données : Les plateformes pirates peuvent exploiter les données personnelles des utilisateurs. – Malwares : Certains services contiennent des logiciels malveillants. FAQ 1. Qu’est-ce que l’IPTV ? L’IPTV est une technologie qui permet de diffuser des contenus télévisés via internet, en direct ou à la demande. 2. Quels sont les risques liés à l’utilisation de services IPTV illicites ? Les utilisateurs risquent des amendes, le piratage de leurs données personnelles et l’installation de malwares. 3. Que dit la loi française sur l’IPTV pirate ? Selon l’article L. 333-10 du Code du sport, les ayants droit peuvent demander le blocage des sites diffusant illégalement des compétitions sportives. Résumé de l’affaire : Les sociétés Groupe Canal + et Société d’édition de Canal Plus, spécialisées dans la diffusion de programmes sportifs, ont assigné les sociétés Google Ireland Limited et Google LLC pour obtenir des mesures visant à empêcher l’accès à des sites diffusant illégalement des matchs de la Premier League, dont elles détiennent les droits d’exploitation en France. Les sociétés Google ont été sollicitées pour mettre en œuvre des mesures de déréférencement afin de bloquer l’apparition de ces sites dans leurs résultats de recherche. Le tribunal a constaté des atteintes graves aux droits de diffusion et a ordonné à Google de prendre des mesures dans un délai de trois jours pour empêcher l’accès à ces sites, tout en précisant les modalités de communication entre les parties concernant l’exécution de ces mesures. Les frais de la procédure restent à la charge de chaque partie. REPUBLIQUE FRANÇAISE 10 octobre 2024
Tribunal judiciaire de Paris RG n° 24/11184 TRIBUNAL
JUDICIAIRE DE PARIS [1] [1] Jugement + annexe Expéditions exécutoires délivrées le : ■ 3ème chambre N° RG 24/11184 – N° MINUTE : Assignation du : JUGEMENT PROCEDURE ACCELERE AU FOND
rendu le 10 octobre 2024 DEMANDERESSES S.A. GROUPE CANAL + S.A.S. SOCIETE D’EDITION DE CANAL PLUS représentées par Maître Richard WILLEMANT de la SELEURL WILLEMANT LAW, avocat au barreau de PARIS, vestiaire #J0106 DÉFENDERESSES Société GOOGLE IRELAND LIMITED Décision du 10 Octobre 2024 Société GOOGLE LLC représentées par Maître Alexandra NERI du PARTNERSHIPS HERBERT SMITH FREEHILLS PARIS LLP, avocat au barreau de PARIS, vestiaire #J0025, avocat postulant, et, par Maître Sébastien Proust du PARTENERSHIPS HERBERT SMITH FREEHILLS PARIS LLP, avocat au barreau de PARIS, avocat plaidant ___________________________ COMPOSITION DU TRIBUNAL Madame Anne-Claire LE BRAS, 1ère vice-présidente adjointe assistée de Laurie ONDELE, greffière DEBATS En application des articles L.212-5-1 du code de l’organisation judiciaire et 839 du code de procédure civile et après avoir recueilli l’accord des parties, la procédure s’est déroulée sans audience. Avis a été donnée aux parties que la décision serait rendue par mise à disposition au greffe le 10 octobre 2024. JUGEMENT Prononcé publiquement par mise à disposition au greffe EXPOSÉ DU LITIGE Les sociétés Groupe Canal + et Société d’édition de Canal Plus (ci-après « SECP ») sont des entreprises de communication audiovisuelle exploitant plusieurs chaînes de télévision, accessibles au public français, majoritairement par abonnement payant. Elles sont notamment spécialisées dans la diffusion en direct et en différé de programmes sportifs, dont la compétition annuelle de football dite « Premier league ». Cet évènement a lieu du 16 août 2024 au 25 mai 2025, et le prochain match est le 19 octobre 2024. Les sites et services IPTV concernés sont accessibles par les noms de domaine suivants : Aux termes de leur assignation signifiée le 04 septembre 2024, la société Groupe Canal+ et la SECP demandent au tribunal, au visa des articles L. 333-10 du code du sport, L. 216-1 du code de la propriété intellectuelle et 481-1 du code de procédure civile, de : – ORDONNER aux sociétés Google de mettre en oeuvre les mesures précitées au plus tard dans un délai de trois jours à compter de la signification du jugement à intervenir ; – ORDONNER aux sociétés Google de mettre en œuvre, toutes mesures de déréférencement propres à empêcher l’apparition à empêcher l’apparition sur le service du moteur de recherche « Google » de tout résultat en réponse à une requête émanant d’internautes à partir du territoire français, pointant vers les sites internet et services IPTV non encore identifiés à la date du jugement à intervenir, sur la base des données d’identification de ces sites internet et services IPTV qui leur seront, le cas échéant, notifiées par l’ARCOM, conformément à l’article L. 333-10 III du code du sport, et ce selon les modalités déterminées par l’ARCOM ; – DIRE que les sociétés Google devront informer, sans délai, la société Groupe Canal + et la SECP, par l’intermédiaire de leurs conseils, de la réalisation des mesures ordonnées à l’égard des sites et services IPTV identifiées précités et, le cas échéant, des difficultés qu’elles rencontreraient ; – DIRE que les sociétés Groupe Canal + et SECP devront informer les sociétés Google de toute modification de la date de fin de la saison 2024/2025 de la compétition « EPL », à laquelle les mesures ordonnées prendront fin ; – RAPPELER que, pendant toute la durée des mesures ordonnées, les sociétés Groupe Canal + et SECP pourront communiquer à l’ARCOM les données d’identification de tout service de communication au public en ligne qui n’était pas été identifié à la date du jugement à intervenir, diffusant illicitement la compétition « EPL », ou dont l’objectif principal ou l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de la compétition « EPL » et ce aux fins de mise en œuvre des pouvoirs conférés à l’ARCOM par les articles L. 333-10 III et L. 333-11 du code du sport ; – DIRE qu’aux fins d’actualisation des mesures ordonnées ou en cas de difficulté dans la mise en œuvre des mesures ordonnées à l’encontre des sites et services IPTV identifiés ou des sites et services IPTV non encore identifiés à la date du jugement à intervenir, les sociétés Groupe Canal + et SECP pourront en tout état de cause saisir le Président du tribunal judiciaire de Paris, sur requête ou en référé ; – RAPPELER que le jugement à intervenir est de droit exécutoire à titre provisoire ; – DIRE n’y avoir lieu à l’application de l’article 700 du Code de procédure civile ; – DIRE que chaque partie conservera la charge de ses frais et dépens. Aux termes de leurs conclusions signifiées le 16 septembre 2024, les sociétés Google demandent au tribunal de : – LIMITER toute mesure de déréférencement éventuellement ordonné : – PRECISER que les domaines et sous-domaines non listés dans l’assignation ou non signalés par la SECP à l’ARCOM ne sont pas visés par la mesure éventuellement ordonnée, et ce, que même lorsqu’ils ont pour racine un domaine ou un sous-domaine listé dans l’assignation ; – RAPPELER QUE, s’agissant des services de communication au public non encore identifiés, et conformément aux dispositions du III de l’article L. 333-10 du code du sport, la mesure éventuellement ordonnée ne pourra être mise en oeuvre que lorsque les agents habilités et assermentés de l’ARCOM auront constaté que chacun desdits services – CONDAMNER la SECP à supporter les dépens de l’instance. Conformément aux dispositions de l’article L. 212-5-1 du code de l’organisation judiciaire, la procédure s’est déroulée sans audience et l’affaire a été mise en délibéré au 10 octobre 2024. MOTIFS DE LA DECISION
I- Sur la qualité à agir Aux termes de l’article L. 333-10 du code du sport, « […] 2° L’entreprise de communication audiovisuelle, dans le cas où elle a acquis un droit à titre exclusif, par contrat ou accord d’exploitation audiovisuelle, sur une compétition ou manifestation sportive, que cette compétition ou manifestation sportive soit organisée sur le territoire français ou à l’étranger, dès lors que ce droit est susceptible de faire l’objet ou fait l’objet de l’atteinte mentionnée audit premier alinéa. » peut saisir le président du tribunal judiciaire dans les conditions posées à l’alinéa premier de ce même article. La FAPL détient les droits exclusifs de diffusion audiovisuelle et de retransmission de la Premier League. II- Sur les atteintes aux droits Aux termes de l’article L. 333-10 du code du sport, issu de la loi n°2021-1382 du 25 octobre 2021, « I.-Lorsqu’ont été constatées des atteintes graves et répétées au droit d’exploitation audiovisuelle prévu à l’article L. 333-1 du présent code, au droit voisin d’une entreprise de communication audiovisuelle prévu à l’article L. 216-1 du code de la propriété intellectuelle, dès lors que le programme concerné est constitué d’une manifestation ou d’une compétition sportive, ou à un droit acquis à titre exclusif par contrat ou accord d’exploitation audiovisuelle d’une compétition ou manifestation sportive, occasionnées par le contenu d’un service de communication au public en ligne dont l’objectif principal ou l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de compétitions ou manifestations sportives […] ». La société Groupe Canal + et la SECP ont fait dresser par huissier de justice plusieurs procès-verbaux de constat qui permettent d’établir que les sites et services IPTV accessibles depuis les adresses litigieuses, diffusent des compétitions ou manifestations sportives, notamment des matchs de football, sur certains desquels le groupe Canal + et la SECP attestent disposer d’un droit exclusif d’exploitation et/ou de droits voisins. C’est ainsi que : – Les 17 et 18 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [13] FC c. [14] et [7] FC c. [8] de la Premier league, par l’usage d’un DNS alternatif. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°18.1 et 18.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +. Les flux vidéo proviennent des adresses et <[010].apl357.me>. – Les 16 et 17 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [13] FC c. [14] de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°19.1 et 19.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <1qwebplay.xyz>. – Les 16 et 17 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [13] FC c. [14] de la Premier league, par l’usage d’un DNS alternatif. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°20.1 et 20.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <1qwebplay.xyz>. – Les 16 et 17 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [5] c. [19] Wanderers de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°21.1 et 21.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <1qwebplay.xyz>. – Les 16 et 17 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [13] FC c. [14] de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°22.1 et 22.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <1qwebplay.xyz>. – Les 16 et 17 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [13] FC c. [14] de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°23.1 et 23.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <1qwebplay.xyz>. – Les 16 et 17 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [13] FC c. [14] de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°24.1 et 24.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <1qwebplay.xyz>. – Les 17 et 18 août 2024, le site accessible à l’adresse <[015].me>, après redirection vers les noms de domaine <[016].me> et , diffusait les matchs [13] FC c. [14] et [7] FC c. [8] de la Premier league, par l’usage d’un DNS alternatif. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°26.1 et 26.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <[010].apl357.me>. – Les 16 et 17 août 2024, le site accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [5] c. [19] Wanderers de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°27.1 et 27.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur la chaîne Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. Les flux vidéo proviennent de l’adresse <1qwebplay.xyz>. – Les 16 et 17 août 2024, le service IPTV accessible à l’adresse diffusait les matchs [17] c. [11] et [13] FC c. [14] de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°28.1 et 28.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur les chaînes Canal + Foot et Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. – Les 16 et 17 août 2024, le service IPTV accessible aux adresses et diffusait les matchs [17] c. [11] et [13] FC c. [14] de la Premier league. Les procès-verbaux de constat dressés par l’ALPA (pièce Canal n°29.1 et 29.2) attestent que les images et le son sont identiques à ceux diffusés au même moment sur les chaînes Canal + Foot et Canal +, y compris par l’usage d’un DNS alternatif. Les sites litigieux ont pour objectif principal la diffusion de compétitions sportives, notamment de football, sur une partie au moins desquelles la société groupe Canal + et la SECP jouissent d’un droit exclusif d’exploitation et/ou un droit voisin des entreprises de communication audiovisuelle. Ils donnent accès à des données, qui ne sont pas des correspondances privées. Il s’agit donc de services de communication au public en ligne. Il est, par ailleurs, observé que, bien que les sites énumérés soient majoritairement accessibles en langue anglaise, leur usage est néanmoins aisé pour des utilisateurs francophones. Il ressort de l’ensemble de ces éléments que les différents sites accessibles par les noms de domaine susvisés portent des atteintes graves et répétées aux droits des sociétés demanderesses sur la compétition sportive dite « Premier League », au moyen d’un service dont l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de compétitions sportives. * La société Groupe Canal + et la SECP sont donc fondées à solliciter la prescription de mesures propres à prévenir ou faire cesser la violation de leurs droits sur le championnat dit « Premier League ». III- Sur les mesures sollicitées Aux termes de l’article L. 333-10 du code du sport « afin de prévenir ou de remédier à une nouvelle atteinte grave et irrémédiable à ces mêmes droits, le titulaire de ce droit peut saisir le président du tribunal judiciaire, statuant selon la procédure accélérée au fond ou en référé, aux fins d’obtenir toutes mesures proportionnées propres à prévenir ou à faire cesser cette atteinte, à l’encontre de toute personne susceptible de contribuer à y remédier. II.-Le président du tribunal judiciaire peut notamment ordonner, au besoin sous astreinte, la mise en œuvre, pour chacune des journées figurant au calendrier officiel de la compétition ou de la manifestation sportive, dans la limite d’une durée de douze mois, de toutes mesures proportionnées, telles que des mesures de blocage ou de retrait ou de déréférencement, propres à empêcher l’accès à partir du territoire français à tout service de communication au public en ligne, identifié ou qui n’a pas été identifié à la date de ladite ordonnance, diffusant illicitement la compétition ou manifestation sportive ou dont l’objectif principal ou l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de la compétition ou manifestation sportive. Les mesures ordonnées par le président du tribunal judiciaire prennent fin, pour chacune des journées figurant au calendrier officiel de la compétition ou de la manifestation sportive, à l’issue de la diffusion autorisée par le titulaire du droit d’exploitation de cette compétition ou de cette manifestation. Le président du tribunal judiciaire peut ordonner toute mesure de publicité de la décision, notamment son affichage ou sa publication intégrale ou par extraits dans les journaux ou sur les services de communication au public en ligne qu’il désigne, selon les modalités qu’il précise. » Les conditions posées par l’article L. 333-10 du code du sport étant remplies, il sera fait droit aux demandes selon les modalités précisées au dispositif de la présente décision étant relevé qu’il apparaît proportionné de laisser un délai aux fournisseurs de services de moteur de recherche en ligne de trois jours maximum suivant la signification de la présente décision, pour mettre en œuvre la mesure de déréférencement ordonnée, le délai de trois jours étant décompté ici conformément aux dispositions des articles 641 et 642 du code de procédure civile. Les mesures de déréférencement concerneront les noms de domaine mentionnés dans la liste annexée au présent jugement, et permettant l’accès aux sites et services IPTV litigieux, dont le caractère entièrement ou essentiellement illicite a été établi. Compte tenu de leur nécessaire subordination à un nom de domaine, les mesures s’étendront à tous les sous domaines associés à un nom de domaine mentionné dans cette liste. Selon l’article L. 333-10 du code du sport in fine, « III.-Pour la mise en œuvre des mesures ordonnées sur le fondement du II portant sur un service de communication au public en ligne non encore identifié à la date de l’ordonnance, et pendant toute la durée de ces mesures restant à courir, le titulaire de droits concerné communique à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique les données d’identification du service en cause, selon les modalités définies par l’autorité. Lorsque les agents habilités et assermentés de l’autorité mentionnés à l’article L. 331-14 du code de la propriété intellectuelle constatent que le service mentionné au premier alinéa du présent III diffuse illicitement la compétition ou la manifestation sportive ou a pour objectif principal ou parmi ses objectifs principaux une telle diffusion, le président de l’autorité ou, en cas d’empêchement, tout membre du collège de l’autorité désigné par lui notifie les données d’identification de ce service aux personnes mentionnées par l’ordonnance prévue au II afin qu’elles prennent les mesures ordonnées à l’égard de ce service pendant toute la durée de ces mesures restant à courir. En cas de difficulté relative à l’application du deuxième alinéa du présent III, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut demander aux services de se justifier. Sans préjudice d’une telle demande, le président du tribunal judiciaire peut être saisi, en référé ou sur requête, pour ordonner toute mesure propre à faire cesser l’accès à ces services. IV.-L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique adopte des modèles d’accord que les titulaires de droits mentionnés au I, la ligue professionnelle, l’entreprise de communication audiovisuelle ayant acquis un droit à titre exclusif et toute personne susceptible de contribuer à remédier aux atteintes mentionnées au même I sont invités à conclure. L’accord conclu entre les parties précise les mesures qu’elles s’engagent à prendre pour faire cesser d’éventuelles violations de l’exclusivité du droit d’exploitation audiovisuelle de la manifestation ou compétition sportive et la répartition du coût des mesures ordonnées sur le fondement du II. » Les mesures concernant les services non encore identifiés doivent être demandées à l’ARCOM selon les modalités rappelées ci-dessus et au dispositif de la présente décision, laquelle est exécutoire par provision, tandis que chaque partie conservera la charge de ses propres dépens et de ses frais irrépétibles. PAR CES MOTIFS
Le tribunal, Constate l’existence d’atteintes graves et répétées aux droits exclusifs de diffusion de la compétition dite « Premier league » (2024/2025) dont sont titulaires la société Groupe Canal + et la Société d’édition de Canal plus, commises au moyen de différents services de communication en ligne, dont l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de compétitions sportives ; Ordonne en conséquence aux sociétés Google Ireland limited et Google LLC, de mettre en oeuvre, au plus tard dans un délai de trois jours suivants la signification de la présente décision, toutes mesures propres à empêcher, jusqu’à la date du dernier match du championnat de la « Premier League » 2024/2025 actuellement fixée au 25mai 2025, l’accès aux sites et services IPTV identifiés ci-dessus ainsi qu’aux sites et services IPTV non encore identifiés à la date de la présente décision, à partir du territoire français y compris dans les départements ou régions d’outre-mer et collectivités uniques ainsi que dans les îles Wallis et Futuna, en Nouvelle-Calédonie et dans les Terres australes et antarctiques françaises, et/ou par leurs internautes, par tout moyen efficace, et notamment par le déréférencement des sites et services IPTV accessibles par les noms de domaine et des sous-domaines associés dont la liste figure dans le tableau annexé au présent jugement, faisant partie de la minute, qui sera transmise au format CSV exploitable par les demanderesses aux sociétés Google Ireland limited et Google LLC (pièce Canal n°32); Precise que le délai de trois jours maximum prévus ci-dessus sera décompté conformément aux dispositions des articles 641 et 642 du code de procédure civile ; Ordonne à la société Groupe Canal + et à la Société d’édition de Canal plus d’informer dans les plus brefs délais les sociétés Google Ireland limited et Google LLC de toute modification de la date du dernier match du championnat de la « Premier league » 2024/2025 actuellement fixée au 25 mai 2025, à laquelle les mesures ordonnées prendront fin ; Dit que les sociétés Google Ireland limited et Google LLC devront informer le Groupe Canal + et la Société d’édition de Canal Plus de la réalisation de ces mesures et, le cas échéant, des difficultés qu’elles rencontreraient ; Dit qu’en cas de difficultés d’exécution dans la mise en place des mesures de déréférencement ou pour les besoins de l’actualisation des sites et services IPTV visés, la partie la plus diligente pourra saisir la juridiction, en référé ou sur requête ; Dit que les sociétés Google Ireland limited et Google LLC pourront, en cas de difficultés, en référer au président du tribunal judiciaire statuant en référé, le cas échéant à heure indiquée, afin d’être autorisées à lever la mesure de déréférencement ; Dit que le Groupe Canal + et la Société d’édition de Canal Plus devront indiquer aux fournisseurs de services de moteur de recherche en ligne les noms de domaine dont elles auraient appris qu’ils ne sont plus actifs ou dont l’objet a changé afin d’éviter les coûts de déréférencement inutiles ; Rappelle que pendant toute la durée des présentes mesures, le Groupe Canal + et la Société d’édition de Canal Plus pourront communiquer à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique les données d’identification de tout service de communication au public en ligne qui n’a pas encore été identifié à la date de la présente décision, diffusant illicitement les matchs du championnat de la « Premier league » 2024/2025, ou dont l’objectif principal ou l’un des objectifs principaux est la diffusion sans autorisation de matchs du championnat de la « Premier league » 2024/2025, aux fins de mise en œuvre des pouvoirs conférés à cette autorité par les articles L. 333-10 III et L. 333-11 du code du sport ; Laisse à chaque partie la charge de ses propres dépens ; Dit n’y avoir lieu à application des dispositions de l’article 700 du code de procédure civile ; Rappelle que la présente décision est exécutoire par provision. Fait et jugé à Paris le 10 Octobre 2024 La greffière La Présidente |
Q/R juridiques soulevées :
Quels sont les enjeux juridiques liés à l’IPTV illégale ?L’IPTV (Internet Protocol Television) est une technologie qui permet de diffuser des contenus télévisés via Internet. Bien qu’elle offre des avantages aux consommateurs, elle soulève des préoccupations juridiques majeures, notamment en matière de contrefaçon. Les services IPTV illégaux diffusent souvent des contenus protégés, comme des événements sportifs, sans autorisation. Cela constitue une violation des droits d’exploitation audiovisuelle, ce qui peut entraîner des pertes financières significatives pour les ayants droit. Les diffuseurs investissent massivement pour acquérir des droits exclusifs de diffusion. L’IPTV pirate compromet ces investissements en rendant les compétitions accessibles gratuitement ou à moindre coût, ce qui nuit à l’économie des droits d’auteur. De plus, les services IPTV illicites sont souvent associés à des risques de sécurité, tels que le piratage de données personnelles et l’installation de malwares sur les appareils des utilisateurs. Quelles mesures ont été ordonnées par le tribunal judiciaire de Paris ?Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné aux sociétés Google Ireland Limited et Google LLC de prendre des mesures pour empêcher l’accès aux sites et services IPTV diffusant illégalement des matchs de la Premier League. Ces mesures doivent être mises en œuvre dans un délai de trois jours suivant la signification de la décision. Elles incluent le déréférencement des sites concernés dans les résultats de recherche de Google, afin de limiter leur visibilité et d’empêcher leur accès à partir du territoire français. Les mesures ordonnées s’appliquent jusqu’à la date du dernier match de la saison 2024/2025, actuellement fixée au 25 mai 2025. Le tribunal a également précisé que les sociétés Google doivent informer les demanderesses de l’exécution des mesures et des éventuelles difficultés rencontrées. Comment l’article L. 333-10 du code du sport encadre-t-il ces situations ?L’article L. 333-10 du code du sport, issu de la loi n°2021-1382 du 25 octobre 2021, permet aux titulaires de droits d’exploitation audiovisuelle de saisir le président du tribunal judiciaire en cas d’atteintes graves et répétées à leurs droits. Cet article stipule que lorsque des atteintes sont constatées, le titulaire peut demander des mesures proportionnées pour prévenir ou faire cesser ces atteintes. Cela inclut des mesures de blocage, de retrait ou de déréférencement des services de communication au public en ligne diffusant illicitement des compétitions sportives. Le tribunal peut ordonner ces mesures pour une durée maximale de douze mois, et elles prennent fin à l’issue de la diffusion autorisée par le titulaire des droits. Cela permet de protéger les droits des ayants droit tout en offrant un cadre légal pour agir contre les violations. Quels sont les impacts financiers de l’IPTV illégale sur les ayants droit ?L’IPTV illégale a des conséquences financières significatives pour les ayants droit, notamment en privant les diffuseurs légaux de revenus considérables. Les services illicites proposent souvent des abonnements à des prix très inférieurs à ceux des offres légales, attirant ainsi de nombreux consommateurs. Cette situation entraîne une perte de revenus pour les entreprises qui investissent dans l’acquisition de droits de diffusion. Par exemple, les diffuseurs légaux dépensent des sommes importantes pour obtenir des droits exclusifs, et la diffusion illégale compromet ces investissements en rendant les compétitions accessibles sans frais. En conséquence, la contrefaçon via IPTV non seulement nuit aux finances des ayants droit, mais elle impacte également l’ensemble de l’écosystème sportif, en réduisant les ressources disponibles pour le développement et la promotion des événements sportifs. Quels risques encourent les utilisateurs de services IPTV illicites ?Les utilisateurs de services IPTV illicites s’exposent à plusieurs risques, tant juridiques que techniques. Sur le plan juridique, ils peuvent faire face à des amendes pour avoir accédé à des contenus protégés sans autorisation. De plus, ces services sont souvent associés à des problèmes de sécurité. Les plateformes illégales peuvent exploiter les données personnelles des utilisateurs, ce qui expose ces derniers à des risques de piratage. Les utilisateurs peuvent également être victimes de malwares, car certains services IPTV contiennent des logiciels malveillants qui peuvent endommager leurs appareils ou compromettre leur sécurité en ligne. En somme, l’utilisation de services IPTV illicites présente des dangers non seulement sur le plan légal, mais aussi en matière de sécurité personnelle et de protection des données. |
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