Montage pictural avec des « Playmobil »

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Montage pictural avec des « Playmobil »

L’Essentiel : Pierre-Adrien Sollier a réussi à faire reconnaître l’originalité de ses œuvres, qui réinterprètent des tableaux classiques en utilisant des figurines Playmobil. Sa démarche, alliant humour et créativité, transforme des personnages emblématiques comme La Joconde ou Superman en figures enfantines, tout en leur conférant une humanité unique. La juridiction a noté que, bien que d’autres artistes du Geek Art utilisent également des jouets, les créations de Sollier se distinguent par leur combinaison originale d’éléments, offrant une esthétique personnelle et une physionomie particulière. Cette originalité lui a permis d’obtenir gain de cause dans une affaire de contrefaçon.

L’idée de reproduire des oeuvres célèbres en remplaçant les personnages par la peinture de figurines reprenant la morphologie de celles en plastique connues dans le monde du jouet sous le nom de ‘Playmobil’, est protégeable par le droit d’auteur.

Affaire Pierre-Adrien Sollier

Le peintre Pierre-Adrien Sollier a ainsi obtenu la
condamnation pour contrefaçon d’un fabricant ayant commercialisé des tonnelets de
vin «bib’Art Playmobil» étant la réplique exacte de ses créations.

Force du droit d‘auteur

L’auteur d’une oeuvre de l’esprit jouit sur cette oeuvre, du
seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et
opposable à tous qui comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral ainsi
que des attributs d’ordre patrimonial. Ce droit est conféré à l’auteur de toute
oeuvre de l’esprit, quels qu’en soient le genre, la forme d’expression, le
mérite ou la destination. Il s’en déduit le principe de la protection d’une
oeuvre, sans formalité, du seul fait de la création d’une forme originale ainsi
que pertinemment rappelé par les premiers juges.

Il incombe cependant à l’auteur de caractériser
l’originalité de la création revendiquée, l’action en contrefaçon étant
subordonnée à la condition que la création, objet de cette action, soit une
oeuvre de l’esprit protégeable au sens de la loi, c’est à dire originale.

Originalité et appropriation d’un genre

Sans prétendre s’approprier un genre, le peintre Pierre-Adrien Sollier a fait valoir avec succès que l’originalité de son travail procédait de la combinaison pour chacune des oeuvres en cause d’un travail consistant à réinterpréter et revisiter des oeuvres ou personnages connus, par un traitement décalé et espiègle, transposant dans l’univers enfantin de personnages en plastique Playmobil des tableaux classiques tels que celui de La Joconde ou des figures mythiques de superhéros comme Superman et Superwoman, ou encore d’une figurine coupée en deux, tout en conférant une humanité à ces personnages par des choix de technique, présentation, formes, proportions, couleurs, position des membres, ou jeux de lumières.  

La juridiction a souligné que si divers artistes notamment
du courant dit Geek Art ont entendu utiliser dans leurs oeuvres des jouets
connus, leurs réalisations produisent des impressions radicalement distinctes y
compris pour la représentation de mêmes personnages célèbres ou d’une même idée
telle la représentation d’un squelette partiel.

Si certains des éléments qui composent chacune des oeuvres revendiquées sont effectivement connus (utilisation d’éléments rappelant un jouet Playmobil ainsi qu’un tableau classique ou un personnage identifiable préexistant) et que, pris séparément, ils appartiennent au fonds commun de l’univers du détournement d’objets, oeuvres célèbres ou figures cultes, ou s’inscrivent dans un courant dit Geek Art né au début des années 2000 utilisant des références ou symboles populaires et classiques, leur combinaison telle que réalisée par le peintre confère à chacune des représentations de personnages, une physionomie particulière qui la distingue tant des jouets qu’elle évoque que d’autres utilisations de tels jouets ou de créations du même genre et qui traduit un parti-pris esthétique empreint de la personnalité de son auteur. Télécharger la décision

Q/R juridiques soulevées :

Quelle est l’idée principale derrière la reproduction d’œuvres célèbres avec des figurines Playmobil ?

L’idée principale consiste à reproduire des œuvres d’art célèbres en remplaçant les personnages originaux par des figurines Playmobil, qui sont des jouets en plastique bien connus.

Cette approche artistique permet de donner une nouvelle vie à des œuvres classiques tout en les rendant accessibles à un public plus jeune.

En intégrant des éléments ludiques et familiers, l’artiste peut ainsi créer un dialogue entre l’art traditionnel et la culture populaire, tout en respectant les droits d’auteur sur ses créations.

Quelles ont été les conséquences de l’affaire Pierre-Adrien Sollier ?

Dans l’affaire Pierre-Adrien Sollier, le peintre a réussi à obtenir la condamnation d’un fabricant qui commercialisait des tonnelets de vin sous le nom de « bib’Art Playmobil », qui étaient des répliques exactes de ses œuvres.

Cette décision judiciaire souligne l’importance de la protection des droits d’auteur et la reconnaissance de l’originalité des créations artistiques.

Elle établit également un précédent concernant l’utilisation de personnages de jouets dans l’art, affirmant que même des adaptations ludiques peuvent être protégées par le droit d’auteur si elles sont considérées comme originales.

Quels sont les droits conférés par le droit d’auteur à un auteur ?

Le droit d’auteur confère à l’auteur d’une œuvre de l’esprit un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.

Ce droit inclut des attributs d’ordre intellectuel et moral, ainsi que des attributs d’ordre patrimonial.

Il est important de noter que ce droit est conféré automatiquement à l’auteur dès la création de l’œuvre, sans qu’aucune formalité ne soit nécessaire.

Cependant, l’auteur doit prouver l’originalité de sa création pour engager une action en contrefaçon.

Comment Pierre-Adrien Sollier a-t-il justifié l’originalité de ses œuvres ?

Pierre-Adrien Sollier a justifié l’originalité de ses œuvres en mettant en avant la combinaison unique de réinterprétations d’œuvres et de personnages connus.

Il a utilisé un traitement décalé et espiègle, intégrant des personnages Playmobil dans des tableaux classiques comme La Joconde ou des figures de superhéros.

Cette approche a permis de conférer une humanité aux personnages par des choix techniques, de présentation, de couleurs et de proportions, créant ainsi une physionomie distincte.

Quelles distinctions ont été faites entre les œuvres de Sollier et celles d’autres artistes ?

La juridiction a noté que, bien que d’autres artistes du courant Geek Art utilisent également des jouets connus, leurs œuvres produisent des impressions radicalement différentes.

Cela signifie que même si certains éléments de l’œuvre de Sollier sont communs, sa combinaison unique d’éléments lui confère une identité propre.

Les œuvres de Sollier se distinguent par leur esthétique et la personnalité de l’auteur, ce qui les rend originales et protégeables par le droit d’auteur.

Ainsi, la combinaison d’éléments connus dans un nouveau contexte artistique est essentielle pour établir l’originalité.


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