Tribunal judiciaire de Paris, 17 décembre 2015
Tribunal judiciaire de Paris, 17 décembre 2015

Type de juridiction : Tribunal judiciaire

Juridiction : Tribunal judiciaire de Paris

Thématique : Statut juridique d’une chanson

Résumé

Une chanson peut être considérée comme une œuvre composite ou de collaboration, selon les conditions de sa création. Dans le cas de la mise en musique d’un poème d’Aragon par Jean Ferrat, la qualification d’œuvre composite a été retenue. Aragon n’avait pas prévu que ses poèmes seraient mis en musique, et il n’y avait pas de collaboration concertée entre les deux artistes. Ainsi, les chansons en question relèvent de la qualification d’œuvres composites, ce qui signifie que leur propriété appartient uniquement à l’auteur de l’œuvre nouvelle, tout en respectant les droits de l’auteur de l’œuvre préexistante.

Oeuvre de collaboration, œuvre composite

Une chanson n’est pas nécessairement une œuvre de collaboration entre le parolier et le compositeur. Il est nécessaire d’analyser les conditions de sa création, ainsi certaines chansons peuvent constituer des œuvres dérivées ou composites, tandis que d’autres peuvent constituer des œuvres de collaboration dans la mesure où le texte des paroles et la musique auront été conçus l’un par rapport à l’autre, dans une communauté d’inspiration qui en scelle l’indivisibilité.

En l’espèce, s’agissant de la mise en musique d’un poème d‘Aragon, la qualification d’œuvre  composite a été retenue. L’oeuvre composite est définie par l’article L 113-2 du code de la propriété intellectuelle comme une oeuvre nouvelle à laquelle est incorporée une œuvre préexistante sans la collaboration de l’auteur de cette dernière.

Louis ARAGON a écrit ces poèmes sans savoir qu’ils seraient mis en musique par Jean FERRAT, et il n’était pas démontré une participation concertée entre Jean FERRAT et Louis ARAGON, le poète a seulement donné a posteriori son autorisation sur la reprise intégrale ou partielle de son texte dans la chanson. A défaut de preuve de l’existence d’une collaboration entre le parolier et le compositeur, les chansons objets du litige constituées de poèmes d’Aragon mis en musique par Ferrat relevaient de la qualification d’œuvres composites.

Conséquences de la qualification

L’oeuvre composite est la propriété unique de l’auteur qui l’a réalisée, sous réserve des droits de l’auteur de l’oeuvre préexistante. Lorsqu’une chanson est une œuvre de collaboration, le principe de l’indivisibilité s’applique : dans une action en contrefaçon fondée sur la violation des droits patrimoniaux, tous les coauteurs doivent être mis en la cause pour défendre l’ensemble de l’oeuvre contrefaite. Il est aussi admis la possibilité d’une exploitation séparée d’une contribution lorsqu’une éventuelle convention ne l’interdit pas, et que la part contributive peut être aisément séparable de l’oeuvre.

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