Type de juridiction : Cour de cassation
Juridiction : Cour de cassation
Thématique : Prescription de la diffamation en ligne
→ RésuméDans l’affaire de diffamation publique, M. [F] [V] a poursuivi M. [B] [M] suite à la diffusion de vidéos sur Facebook. Le tribunal a constaté la prescription de l’action publique, renvoyant le prévenu des fins de la poursuite. M. [V] a fait appel, arguant que la cour d’appel aurait dû examiner la responsabilité civile. Cependant, la Cour de cassation a confirmé que le délai de prescription commence à la première publication, et que la simple modification du nom du titulaire de la page ne relance pas ce délai. Les faits étaient donc prescrits, et l’appel a été rejeté.
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Lorsque des poursuites pour diffamation publique sont engagées à raison de la diffusion, sur le réseau internet, d’un message figurant sur un site, le point de départ du délai de prescription de l’action publique et de l’action civile prévu par l’article 65 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse doit être fixé à la date du premier acte de publication, qui est celle à laquelle le message a été mis pour la première fois à la disposition des utilisateurs.
La modification du seul nom du titulaire de ladite page ne constitue pas une nouvelle mise en ligne des propos qui ferait courir un nouveau délai.
Il s’ensuit que les faits objet de la poursuite sont atteints par la prescription de l’action publique.
Résumé de l’affaire
Les points essentiels
Examen du moyen
Enoncé du moyen
Violation des articles 6, § 1 de la Convention européenne des droits de l’homme et 593 du code de procédure pénale
Le moyen est pris de la violation des articles 6, § 1, de la Convention européenne des droits de l’homme et 593 du code de procédure pénale.
Critique de l’arrêt attaqué
Le moyen critique l’arrêt attaqué en ce qu’il a débouté M. [V] de ses demandes alors que la cour d’appel, qui était tenue d’évoquer les faits et de statuer sur la responsabilité civile, ne pouvait débouter la partie civile au motif que la décision du tribunal, qui a constaté la prescription de l’action publique, était définitive, sans examiner ni la régularité de la procédure et notamment la prescription des faits, ni les faits permettant de mettre en évidence la responsabilité civile des prévenus.
– Somme allouée à la partie civile: non spécifiée
→ Réglementation applicable
– Code de procédure pénale
Article du Code pénal cité:
Article 29-1: La diffamation commise envers une personne physique est punie de X euros d’amende.
Article du Code de procédure pénale cité:
Article 7: L’action publique se prescrit par X années.
→ Mots clefs associés & définitions
– Procédure
– Diffamation publique
– Tribunal correctionnel
– Citation à comparaître
– Prescription de l’action publique
– Appel du jugement
– Procédure: Ensemble des règles et des étapes à suivre pour régler un litige devant un tribunal.
– Diffamation publique: Fait de tenir des propos mensongers ou diffamatoires à l’encontre d’une personne en public.
– Tribunal correctionnel: Juridiction chargée de juger les infractions pénales les moins graves.
– Citation à comparaître: Convocation officielle à se présenter devant un tribunal pour répondre à des accusations.
– Prescription de l’action publique: Délai au-delà duquel une infraction ne peut plus être poursuivie en justice.
– Appel du jugement: Recours permettant à une partie mécontente d’un jugement de faire réexaminer l’affaire par une juridiction supérieure.
REPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
Cour de cassation
Pourvoi n°
23-86.920
N° 00757
GM
11 JUIN 2024
REJET
M. BONNAL président,
R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E
________________________________________
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
_________________________
ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE,
DU 11 JUIN 2024
M. [F] [V], partie civile, a formé un pourvoi contre l’arrêt n° 715 de la cour d’appel de Reims, chambre correctionnelle, en date du 29 novembre 2023, qui l’a débouté de ses demandes après relaxe de M. [B] [M] du chef de diffamation publique envers un particulier.
Un mémoire personnel a été produit.
Sur le rapport de Mme Merloz, conseiller référendaire, et les conclusions de M. Lemoine, avocat général, après débats en l’audience publique du 14 mai 2024 où étaient présents M. Bonnal, président, Mme Merloz, conseiller rapporteur, Mme Labrousse, conseiller de la chambre, et M. Maréville, greffier de chambre,
la chambre criminelle de la Cour de cassation, composée en application de l’article 567-1-1 du code de procédure pénale, des président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.
1. Il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de la procédure ce qui suit.
2. Le 7 avril 2022, M. [F] [V] a fait citer à comparaître devant le tribunal correctionnel M. [B] [M] du chef de diffamation publique envers un particulier à la suite de la publication, les 9 août et 16 décembre 2021, de vidéos sur la page Facebook du « [1] » renommé, le 3 mars 2022, « [2] », qui évoquaient l’éviction d’une personne dudit mouvement de contestation en raison de son comportement dangereux.
3. Par jugement du 11 avril 2023, le tribunal correctionnel a constaté la prescription de l’action publique et renvoyé le prévenu des fins de la poursuite, sans prononcer sur l’action civile.
4. M. [V] a relevé appel du jugement.
Enoncé du moyen
5. Le moyen est pris de la violation des articles 6, § 1, de la Convention européenne des droits de l’homme et 593 du code de procédure pénale.
6. Le moyen critique l’arrêt attaqué en ce qu’il a débouté M. [V] de ses demandes alors que la cour d’appel, qui était tenue d’évoquer les faits et de statuer sur la responsabilité civile, ne pouvait débouter la partie civile au motif que la décision du tribunal, qui a constaté la prescription de l’action publique, était définitive, sans examiner ni la régularité de la procédure et notamment la prescription des faits, ni les faits permettant de mettre en évidence la responsabilité civile des prévenus.
7. C’est à tort que, pour débouter la partie civile de ses demandes, l’arrêt attaqué, statuant sur le seul appel de la partie civile d’un jugement de relaxe, énonce que la décision rendue par les premiers juges ayant retenu la prescription de l’action publique est désormais définitive.
8. En effet, l’appel de la partie civile à l’encontre d’un jugement de relaxe a pour effet de déférer à la juridiction du second degré l’action en réparation des conséquences dommageables qui peuvent résulter de la faute civile du prévenu définitivement relaxé, cette faute devant être démontrée à partir et dans la limite des faits objet de la poursuite.
9. Il s’en déduit que, saisie du seul appel de la partie civile formé à l’encontre d’un jugement ayant constaté l’extinction de l’action publique et débouté l’intéressé de ses demandes, la cour d’appel doit vérifier que les faits objet de la poursuite ne sont pas, en tout ou en partie, atteints par la prescription de l’action publique.
10. Cependant, l’arrêt n’encourt pas la censure dès lors que, lorsque des poursuites pour diffamation publique sont engagées à raison de la diffusion, sur le réseau internet, d’un message figurant sur un site, le point de départ du délai de prescription de l’action publique et de l’action civile prévu par l’article 65 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse doit être fixé à la date du premier acte de publication, qui est celle à laquelle le message a été mis pour la première fois à la disposition des utilisateurs.
11. En l’espèce, il résulte de la citation du 7 avril 2022 que la publication litigieuse a été diffusée sur une page internet le 16 décembre 2021, la modification du seul nom du titulaire de ladite page, le 3 mars 2022, ne constituant pas une nouvelle mise en ligne des propos qui ferait courir un nouveau délai. Il s’ensuit que les faits objet de la poursuite sont atteints par la prescription de l’action publique.
12. Ainsi, le moyen doit être écarté.
13. Par ailleurs, l’arrêt est régulier en la forme.
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