Vengeance du salarié par convocation de la Presse

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Vengeance du salarié par convocation de la Presse

Mauvaise foi du salarié

S’il est vrai qu’aucun salarié ne peut être licencié pour avoir témoigné ou pour avoir relaté des faits de discrimination, il peut être licencié pour faute lourde pour avoir évoqué abusivement et de mauvaise foi, des discriminations à l’embauche de la part de son employeur par voie de conférence de presse médiatisée.

Affaire LIDL

Dans cette affaire, la Cour de cassation a validé le licenciement pour faute lourde d’un salarié, délégué syndical.  Le salarié avait exagéré à des fins personnelles les critiques émises par d’autres salariés. Les accusations de harcèlement formulées par le salarié à l’encontre de son responsable hiérarchique et de deux de ses collègues, étaient soit très générales et imprécises, soit exagéraient volontairement des faits et étaient en lien avec un différend personnel.

Le salarié avait sciemment organisé une conférence de presse destinée à « ternir l’image » de son employeur au cours de laquelle il avait porté des accusations infondées de harcèlement moral et de faits de discrimination dénaturés et volontairement sortis de leur contexte.

Au cours de la conférence de presse, la salarié a dénoncé des pratiques de LIDL qui auraient consisté à ne pas embaucher d’hommes au motif « qu’un homme ne peut subvenir au besoin de sa famille avec le contrat à 26 heures proposé et qu’ils étaient donc des voleurs potentiels » ; il aurait également été recommandé aux cadres « de ne pas embaucher de femmes seules avec enfant, au motif qu’il s’agirait de voleuses potentielles ».

Détournement contextuel

En réalité, la fiche type d’entretien de la société a permis de constater que LIDL retenait plusieurs critères figurant dans la fiche d’évaluation des candidats à l’embauche et proposait  d’affecter à chaque critère un item (non, moyen, ok) dont le total situait le candidat plutôt dans la colonne « non, moyen ou ok ». Ces critères étaient au nombre de 15 parmi lesquels figurait  un critère intitulé « état physique (âge..). Ce critère maladroit et peu opportun paraissait  effectivement privilégier les candidats jeunes et en bonne santé. La société LIDL a exposé que ce critère, comme celui de la taille du candidat pour le recrutement dans des magasins côtiers étaient justifiés par la particularité de l’emploi proposé. La Cour a jugé que le fait de retenir parmi les critères à l’embauche, l’adaptation des conditions physiques du candidat aux contraintes matérielles du poste est une décision justifiée par des éléments objectifs étrangers à toute discrimination. Cette dénonciation d’une prétendue discrimination à l’embauche formulée publiquement, de façon volontairement caricaturale était donc abusive.

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Questions / Réponses juridiques

Quelles sont les conditions dans lesquelles un salarié peut être licencié pour mauvaise foi ?

Un salarié ne peut pas être licencié pour avoir témoigné ou relaté des faits de discrimination. Cependant, il peut être licencié pour faute lourde s’il évoque abusivement et de mauvaise foi des discriminations à l’embauche de son employeur, notamment par le biais d’une conférence de presse médiatisée.

Cette distinction est cruciale car elle protège les salariés qui dénoncent des comportements discriminatoires tout en sanctionnant ceux qui utilisent ces accusations à des fins personnelles ou pour nuire à l’image de leur employeur.

Le licenciement pour faute lourde implique que le salarié a agi de manière intentionnelle et malveillante, ce qui justifie une rupture immédiate de son contrat de travail sans préavis ni indemnité.

Quels étaient les faits reprochés au salarié dans l’affaire LIDL ?

Dans l’affaire LIDL, la Cour de cassation a validé le licenciement pour faute lourde d’un salarié délégué syndical qui avait exagéré les critiques formulées par d’autres employés.

Les accusations de harcèlement moral portées par ce salarié à l’encontre de son responsable et de deux collègues étaient soit vagues, soit exagérées, et liées à un différend personnel.

Le salarié avait organisé une conférence de presse pour ternir l’image de LIDL, où il a fait des accusations infondées de harcèlement et de discrimination, dénaturant les faits et les sortant de leur contexte.

Comment la société LIDL a-t-elle justifié ses critères de recrutement ?

LIDL a expliqué que ses critères de recrutement, qui incluaient des éléments comme l’état physique des candidats, étaient justifiés par des considérations objectives liées aux exigences du poste.

La société a précisé que ces critères étaient basés sur des éléments matériels et non discriminatoires, comme la nécessité d’adapter les conditions physiques des candidats aux contraintes spécifiques de l’emploi proposé.

La Cour a jugé que ces critères, bien que maladroits, ne constituaient pas une discrimination, mais plutôt une nécessité opérationnelle.

Ainsi, la dénonciation publique de ces pratiques par le salarié, de manière caricaturale et abusive, a été considérée comme infondée.

Quelles leçons peut-on tirer de cette affaire concernant la dénonciation des discriminations ?

Cette affaire souligne l’importance de la manière dont les accusations de discrimination sont formulées. Les salariés doivent être prudents et s’assurer que leurs allégations sont fondées et précises.

Dénoncer des pratiques discriminatoires est essentiel, mais le faire de manière abusive ou exagérée peut entraîner des conséquences graves, y compris le licenciement pour faute lourde.

Il est crucial pour les salariés de comprendre que la protection contre les représailles pour avoir dénoncé des discriminations ne s’étend pas à des comportements malveillants ou à des accusations infondées.

Cette affaire rappelle également aux employeurs l’importance de mettre en place des pratiques de recrutement transparentes et justifiables pour éviter des accusations de discrimination.


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