Editorial cinglant : la question de l’injure

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Editorial cinglant : la question de l’injure

Editorial injurieux

Le directeur de la publication d’un magazine de musique a été condamné pour injure envers le   journaliste musical Philippe Manœuvre. L’exception de caricature / satire n’a pas été retenue, l’attaque personnelle était constituée. Cette affaire précise les contours de l’injure au titre des éditoriaux de presse cinglants dirigés exclusivement vers une personne physique.

Définition de l’injure

L’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 définit l’injure comme toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait. La caricature et la satire, même délibérément provocante et grossière, participe de la liberté d’expression et de communication des pensées et des opinions. Toutefois, le droit à l’humour connaît des limites, tels que les atteintes au respect de la dignité de la personne humaine, l’intention de nuire et les attaques personnelles.

Identification de la personne visée

Pour que le délit d’injure publique envers un particulier soit constitué, il n’est pas nécessaire que la personne visée soit nommée ou expressément désignée ; il faut néanmoins que son identification soit rendue possible par les termes du discours ou de l’écrit ou par des circonstances extrinsèques qui éclairent et confirment cette désignation de manière à la rendre évidente.

En l’occurrence, plusieurs lecteurs de la revue ont reconnu le journaliste animateur de télévision et de radio Philippe Manœuvre. Les précisions données par l’éditorialiste ne pouvaient laisser aucun doute sur l’identification du journaliste, au moins pour son entourage et les connaisseurs du sujet.

Exception de caricature

Pour contester le caractère injurieux de ses propos, l’éditorialiste a fait valoir sans succès que son style humoristique et satirique est reconnu dans la profession, qu’il est, en effet, réputé pour ses éditoriaux cinglants. Les juges ont considéré qu’il résulte de la lecture des propos poursuivis que le directeur de publication s’est servi de l’éditorial d’un magazine d’information musicale, non pas pour critiquer, éventuellement avec causticité, une production musicale ou littéraire, mais pour prendre comme cible Philippe Manœuvre avec une litanie d’adjectifs outrageants tels que « petit corps malingre » « bas du front » « grand malade » etc. manifestant clairement son souci exclusif de le rabaisser par des attaques personnelles portant atteinte à sa dignité et dépassant ainsi les limites de la liberté d’expression.

Télécharger la décision

Questions / Réponses juridiques

Quelle a été la décision du tribunal concernant l’éditorial injurieux ?

La décision du tribunal a été de condamner le directeur de la publication d’un magazine de musique pour injure envers le journaliste Philippe Manœuvre.

Cette condamnation a été prononcée malgré la tentative de l’éditorialiste de se défendre en invoquant l’exception de caricature ou de satire.

Les juges ont estimé que l’attaque personnelle était clairement constituée, ce qui a permis de définir les contours de l’injure dans le cadre des éditoriaux de presse.

Comment la loi définit-elle l’injure ?

L’injure est définie par l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 comme toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait.

Cela signifie que même sans accusation précise, des propos peuvent être considérés comme injurieux s’ils portent atteinte à la dignité d’une personne.

La caricature et la satire, bien que provocantes, sont protégées par la liberté d’expression, mais elles doivent respecter la dignité humaine et ne pas viser à nuire.

Quelles sont les conditions pour qu’un délit d’injure publique soit constitué ?

Pour qu’un délit d’injure publique soit constitué, il n’est pas nécessaire que la personne visée soit nommée explicitement.

Il suffit que les termes employés permettent d’identifier la personne, soit par le discours lui-même, soit par des circonstances extérieures.

Dans cette affaire, plusieurs lecteurs ont reconnu Philippe Manœuvre grâce aux précisions données par l’éditorialiste, rendant son identification évidente.

Pourquoi l’exception de caricature n’a-t-elle pas été retenue dans cette affaire ?

L’exception de caricature n’a pas été retenue car les juges ont considéré que les propos de l’éditorialiste ne relevaient pas d’une critique humoristique ou satirique.

Au lieu de cela, ils ont constaté que l’éditorial était une attaque personnelle ciblée contre Philippe Manœuvre, utilisant des adjectifs outrageants.

Ces attaques visaient clairement à rabaisser le journaliste, dépassant ainsi les limites de la liberté d’expression et portant atteinte à sa dignité.


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