Grand-reporter femme : la discrimination de carrière

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Grand-reporter femme : la discrimination de carrière

Si la rémunération perçue par une journaliste femme ne peut caractériser une discrimination salariale, l’employeur peut toujours être condamné pour avoir créé une inégalité de traitement en n’accordant pas à la salariée le palier adéquat de son statut de journaliste grand reporter.

Affaire France Télévisions

En
l’espèce, une journaliste n’a bénéficié que de deux promotions en 30 ans de
carrière. Le statut de grand reporter était
conforme au contenu des fonctions réelles de la salariée. Le directeur des
programmes de France Télévisions avait répondu à tort à la salariée, que ses
demandes de grand reporter, responsable d’édition, rédacteur en chef adjoint
correspondent à des statuts ou métiers supposaient des conditions de nomination
et de présence au journal télévisé et que ses fonctions étaient uniquement
celles d’une journaliste.

Prescription de l’action

Pour
rappel, concernant la discrimination, en application de l’article L 1134-5 du
code du travail l’action en réparation du préjudice résultant de la
discrimination se prescrit par cinq ans à compter de la révélation de la
discrimination, mais les dommages et intérêts réparent l’entier préjudice
pendant toute sa durée à condition que le salarié n’ait pas eu connaissance de
la discrimination.

Article L. 1132-1 du code du travail

Au sens
de l’article L. 1132-1 du code du travail, aucune personne ne peut être écartée
d’une procédure de recrutement ou de l’accès à un stage ou à une période de
formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou
faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, telle que
définie par l’article 1er de la loi n° 2088-496 du 27 mai 2008’notamment en
matière de rémunération, au sens de l’article L. 3221-3, de mesures
d’intéressement ou de distribution d’actions, de formation, de reclassement,
d’affectation, de qualification, de classification, de promotion
professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son
origine, de son sexe et de ses mœurs, de son orientation ou identité sexuelle,
de son âge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses
caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance,
vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions
politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions
religieuses, de son apparence physique, de son nom de famille ou en raison de
son état de santé ou de son handicap.

Charge de la preuve

En cas
de litige, le salarié concerné présente des éléments de fait laissant supposer
l’existence d’une discrimination directe ou indirecte telle que définie par
l’article 1er de la loi n° 2088-496 du 27 mai 2008, au vu desquels il incombe à
l’employeur de prouver que sa décision est justifiée par des éléments objectifs
étrangers à toute discrimination et le juge forme sa conviction après avoir
ordonné toutes les mesures d’instruction qu’il estime utiles.

Adaptation et la formation à l’emploi

L’employeur avait également manqué à son obligation d’adaptation et de formation conformément aux dispositions de l’article L 6321-1 du code du travail, ce qui n’a pas permis à la salariée de pouvoir évoluer vers d’autres fonctions ; les documents produits ont montré une absence de formation entre 2009 et 2016, L’absence de formation a des conséquences sur une évolution de carrière (3.000 euros pour le préjudice subi). Téléchargez la décision

Questions / Réponses juridiques

Quelles sont les implications de la rémunération d’une journaliste femme dans le cadre de la discrimination salariale ?

La rémunération d’une journaliste femme, même si elle ne peut pas à elle seule prouver une discrimination salariale, peut néanmoins entraîner des conséquences juridiques pour l’employeur. En effet, si l’employeur ne lui accorde pas le palier adéquat correspondant à son statut de journaliste grand reporter, cela peut constituer une inégalité de traitement.

Cette inégalité peut être sanctionnée par la justice, car elle remet en question l’équité des conditions de travail et de rémunération au sein de l’entreprise. Ainsi, même en l’absence de discrimination salariale directe, l’employeur peut être tenu responsable pour ne pas avoir respecté les droits de la salariée.

Quels éléments ont été soulevés dans l’affaire France Télévisions concernant la carrière d’une journaliste ?

Dans l’affaire France Télévisions, il a été constaté qu’une journaliste n’avait bénéficié que de deux promotions au cours de ses 30 années de carrière. Ce manque de progression professionnelle a été mis en lumière, notamment parce que son statut de grand reporter était en adéquation avec ses fonctions réelles.

Le directeur des programmes a, à tort, affirmé que les demandes de la salariée pour obtenir un statut de grand reporter ou d’autres postes de responsabilité étaient inappropriées. Cela a soulevé des questions sur la reconnaissance des compétences et des contributions de la journaliste au sein de l’organisation.

Quelle est la durée de prescription pour une action en réparation du préjudice résultant d’une discrimination ?

Selon l’article L 1134-5 du code du travail, l’action en réparation d’un préjudice lié à une discrimination se prescrit par cinq ans à partir du moment où la discrimination a été révélée.

Il est important de noter que les dommages et intérêts peuvent couvrir l’intégralité du préjudice pendant toute sa durée, à condition que le salarié n’ait pas eu connaissance de la discrimination. Cela signifie que le délai de prescription peut être prolongé si la victime n’est pas informée de la situation discriminatoire.

Quelles sont les protections offertes par l’article L. 1132-1 du code du travail ?

L’article L. 1132-1 du code du travail stipule qu’aucune personne ne peut être écartée d’un processus de recrutement ou d’accès à un stage en raison de critères discriminatoires. Cela inclut des éléments tels que l’origine, le sexe, l’âge, la situation de famille, et d’autres caractéristiques personnelles.

Cet article vise à garantir l’égalité des chances et à prévenir toute forme de discrimination, qu’elle soit directe ou indirecte. Les sanctions peuvent inclure des mesures contre le licenciement ou d’autres actions discriminatoires, renforçant ainsi la protection des salariés.

Comment se déroule la charge de la preuve en cas de litige sur la discrimination ?

En cas de litige concernant une discrimination, le salarié doit présenter des éléments de fait qui laissent supposer l’existence d’une discrimination, qu’elle soit directe ou indirecte.

Une fois ces éléments fournis, il incombe à l’employeur de prouver que sa décision est justifiée par des raisons objectives, sans lien avec la discrimination. Le juge a la responsabilité d’examiner les preuves et peut ordonner des mesures d’instruction pour éclaircir la situation.

Quelles obligations l’employeur a-t-il en matière d’adaptation et de formation à l’emploi ?

L’employeur a l’obligation d’assurer l’adaptation et la formation de ses salariés, conformément à l’article L 6321-1 du code du travail. Dans le cas de la journaliste mentionnée, il a été constaté qu’il y avait une absence de formation entre 2009 et 2016, ce qui a eu un impact négatif sur son évolution de carrière.

Cette négligence a été reconnue comme un préjudice, entraînant une compensation financière de 3.000 euros pour la salariée. Cela souligne l’importance de la formation continue pour permettre aux employés de progresser dans leur carrière et d’acquérir de nouvelles compétences.


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