Type de juridiction : Cour d’appel
Juridiction : Cour d’appel d’Aix-en-Provence
Thématique : Gestion de site internet : obtenir des codes d’accès en référé
→ RésuméEn cas de litige avec un prestataire internet, il est possible d’obtenir en référé les codes d’accès d’un site, à condition qu’il n’y ait pas de contestation sérieuse. Par exemple, une société a assigné son webmaster pour obtenir ces codes après avoir décidé de changer de prestataire. Cependant, le juge a censuré l’ordonnance en appel, soulignant l’existence d’une contestation sérieuse. Le webmaster a démontré que l’utilisation de certains outils n’était pas stipulée dans le contrat, et que les accès au serveur relevaient de sa propriété intellectuelle, rendant l’obligation de remise des codes contestable.
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[well type= » »][icon type= »fa fa-cube » color= »#dd3333″] Réflexe juridique
En cas de litige avec son prestataire internet, il est possible d’obtenir en référé les codes d’accès de gestion d’un site internet. Cette mesure suppose toutefois l’absence de contestation sérieuse.
Référé sous conditions
Suivant devis, une société a confié à un webmaster une mission d’assistance technique relative à son site internet. La société a décidé de confier le support technique du site à un autre prestataire, invitant son webmaster à lui communiquer l’ensemble des codes nécessaires. Invoquant l’absence de réaction ce dernier, la société l’a assigné en référé d’heure à heure pour obtenir la remise, sous astreinte, de tous les codes de gestion et d’accès relatifs à son site internet, au visa des articles 808 et 809 du code de procédure civile.
Ordonnance censurée
Par ordonnance réputée contradictoire, le juge des référés du TGI a condamné le webmaster à communiquer à la société les codes de gestion de son nom de domaine et de ses sites internet. Cette ordonnance a été censurée en appel en raison de l’existence d’une contestation sérieuse.
Notion de contestation sérieuse
Le webmaster poursuivi a fait valoir avec succès ne pas avoir utilisé WordPress pour réaliser le site. Effectivement, l’utilisation de ce système n’apparaissait pas dans le cahier des charges du site. En ce qui concerne les accès au serveur d’hébergement du site, le webmaster a fait valoir avec succès que cela revenait à communiquer le code source du site sans contrepartie financière alors que ce code source était sa propriété. En vertu de l’article. L. 112-2 et L. 111-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle les logiciels y compris le matériel de conception préparatoire sont considérés comme des oeuvres de l’esprit sur lesquels leur auteur a un droit de propriété incorporelle exclusif à certaines conditions. Il n’appartient pas au juge des référés d’apprécier si l’auteur remplit les conditions du droit de propriété intellectuelle sur le ou les codes sources d’un site dès lors qu’il est le créateur de ce site et qu’il n’y a pas de contrat de cession de droit d’auteur conclu entre les parties. L’obligation était donc sérieusement contestable.
Communication de données informatiques
En application de l’article 808 du code de procédure civile, le juge des référés du Tribunal judiciaire peut, dans tous les cas d’urgence, ordonner toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend. L’article 809 du code de procédure civile permet au juge des référés, même en présence d’une contestation sérieuse, de prescrire les mesures conservatoires ou de remise en état qui s’imposent, soit pour prévenir un dommage imminent soit pour faire cesser un trouble manifestement illicite.
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