Conditions de la cession des droits
L’ouvrage « Paris à vue d’œil » édité en format poche porte bien atteinte aux droits patrimoniaux de l’auteur Henri Cartier-Bresson. En effet, cet ouvrage a été publié alors que ni les éditions Points, ni la société Schirmer/Mosel n’étaient titulaires des droits de propriété intellectuelle portant sur les photographies reproduites dans l’ouvrage litigieux. Un accord par échange de courrier électronique ayant eu lieu entre le cédant et le cessionnaire des droits du photographe ne pouvait s’interpréter que comme un accord de principe sur la possibilité d’une édition en livre de poche qui n’a été suivi d’aucune proposition contractuelle. Les courriels produits ne pouvaient être considérés comme constituant au profit des éditions Points une cession explicite.
En effet, le code de la propriété intellectuelle stipule (article L 131-2) que « les contrats de représentation, d’édition et de production audiovisuelle définis au présent titre doivent être constatés par écrit. » ; (article L 131-3) « La transmission des droits de l’auteur est subordonnée à la condition que chacun des droits cédés fasse l’objet d’une mention distincte dans l’acte de cession et que le domaine d’exploitation des droits cédés soit délimité quant à son étendue et à sa destination, quant au lieu et quant à la durée. Lorsque des circonstances spéciales l’exigent, le contrat peut être valablement conclu par échange de télégrammes, à condition que le domaine d’exploitation des droits cédés soit délimité conformément aux termes du premier alinéa du présent article […]» ; ( article L 132 -7) s’agissant spécifiquement du contrat d’édition : «Le consentement personnel et donné par écrit de l’auteur est obligatoire […]».
En aucun cas, les mentions obligatoires en cause ne figurent dans l’échange de courriels et en particulier, cet échange de mails ne contient aucune précision sur le nombre d’exemplaires dont la publication est envisagée, ou sur la redevance versée.
Contrefaçon acquise
En l’absence d’autorisation expresse et préalable du titulaire des droits patrimoniaux sur une œuvre, toute imitation, reproduction ou représentation de celle-ci – peu important qu’elle soit partielle ou totale – constitue un acte de contrefaçon, en application de l’article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle qui dispose que : « Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».
De même, l’article L. 335-2 du même code stipule que » Toute édition d’écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. »
Par ailleurs, l’ouvrage « Paris à vue d’œil » publié en format poche par les Editions Points porte atteinte à l’intégrité des photographies d’Henri Cartier-Bresson. Cet ouvrage est par conséquent constitutif d’une atteinte au droit moral de l’auteur.
Fondation Henri Cartier-Bresson
Pour rappel, La Fondation Henri Cartier-Bresson qui est une fondation reconnue d’utilité publique constituée en 2003, est légataire des droits patrimoniaux et moraux portant sur l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson décédé le 3 août 2004. Mélanie Cartier-Bresson, fille du photographe, est bénéficiaire du règlement des redevances d’exploitation portant sur les ouvrages de librairie dont la première publication a été effectuée du vivant de son père. Elle a mandaté la fondation afin de la représenter et d’assurer en son nom et pour son compte la gestion de ces redevances. La société allemande Schirmer/Mosel Verlag GmbH est une maison d’édition fondée en 1974 par messieurs Lothar Schirmer et Erik Mosel, spécialisée dans l’édition de livres d’art. Elle est dirigée par Lothar Schirmer. Un contrat d’édition a été signé entre la société Schirmer/Mosel et monsieur Henri Cartier-Bresson le 3 décembre 1993 pour la première publication en Allemagne du livre photographique intitulé « A propos de Paris », dont le titre initial en français était « Paris à vue d’œil». Aux termes de ce contrat, la société Schirmer/Mosel s’est vue céder par Henri Cartier-Bresson le droit exclusif de publier, éditer en toutes langues et tous pays le livre « A propos de Paris / Paris à vue d’œil », étant précisé que la cession était valable «pour la durée de la propriété littéraire et artistique de l’auteur, ses héritiers et ayants-droit.» mais non pour une édition poche. La première publication du livre « A propos de Paris / Paris à vue d’œil » a eu lieu en 1994. |
→ Questions / Réponses juridiques
Quelles sont les conditions de cession des droits d’auteur selon le texte ?Les conditions de cession des droits d’auteur sont clairement définies par le code de la propriété intellectuelle. Selon l’article L 131-2, les contrats de représentation, d’édition et de production audiovisuelle doivent être constatés par écrit. Cela signifie qu’un simple échange de courriels, comme celui entre le cédant et le cessionnaire des droits du photographe, ne peut pas être considéré comme un contrat valide. De plus, l’article L 131-3 stipule que chaque droit cédé doit être mentionné distinctement dans l’acte de cession. Cela inclut des précisions sur l’étendue, la destination, le lieu et la durée des droits cédés. Dans le cas présent, les courriels échangés ne contiennent aucune de ces mentions obligatoires, ce qui rend la cession invalide. Enfin, l’article L 132-7 précise que le consentement de l’auteur doit être donné par écrit. En l’absence de ces éléments, la cession des droits ne peut être considérée comme valide. Qu’est-ce qui constitue une contrefaçon selon le texte ?La contrefaçon est définie dans le texte comme toute imitation, reproduction ou représentation d’une œuvre sans l’autorisation expresse et préalable du titulaire des droits patrimoniaux. L’article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle stipule que toute représentation ou reproduction, qu’elle soit intégrale ou partielle, est illicite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit. De plus, l’article L. 335-2 précise que toute édition d’œuvres, qu’il s’agisse d’écrits, de compositions musicales, de dessins ou d’autres productions, est considérée comme une contrefaçon si elle est réalisée en mépris des lois relatives à la propriété des auteurs. Cela signifie que même une publication partielle d’une œuvre sans autorisation constitue un délit. Dans le cas de l’ouvrage « Paris à vue d’œil », il est clairement indiqué qu’il porte atteinte à l’intégrité des photographies d’Henri Cartier-Bresson, ce qui constitue une atteinte à son droit moral. Quel est le rôle de la Fondation Henri Cartier-Bresson ?La Fondation Henri Cartier-Bresson, reconnue d’utilité publique depuis 2003, est le légataire des droits patrimoniaux et moraux de l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson, qui est décédé en 2004. Cette fondation a été créée pour protéger et promouvoir l’œuvre du photographe, en veillant à ce que ses droits soient respectés. Mélanie Cartier-Bresson, la fille du photographe, est la bénéficiaire des redevances d’exploitation des ouvrages publiés durant la vie de son père. Elle a mandaté la fondation pour gérer ces redevances en son nom. Cela signifie que la fondation a la responsabilité de s’assurer que les droits d’auteur sont respectés et que toute exploitation de l’œuvre se fait conformément à la loi. La fondation joue donc un rôle déterminant dans la protection de l’héritage artistique d’Henri Cartier-Bresson, en s’assurant que ses œuvres ne soient pas utilisées sans autorisation appropriée. Quel contrat a été signé entre Henri Cartier-Bresson et Schirmer/Mosel ?Un contrat d’édition a été signé le 3 décembre 1993 entre Henri Cartier-Bresson et la société allemande Schirmer/Mosel Verlag GmbH. Ce contrat concernait la première publication en Allemagne du livre photographique intitulé « A propos de Paris », qui est également connu sous le titre « Paris à vue d’œil ». Selon les termes de ce contrat, Henri Cartier-Bresson a cédé à Schirmer/Mosel le droit exclusif de publier et d’éditer le livre dans toutes les langues et tous les pays. Cependant, il est important de noter que cette cession était valable uniquement pour la durée de la propriété littéraire et artistique de l’auteur, ainsi que pour ses héritiers et ayants droit, mais elle ne couvrait pas une édition en format poche. La première publication de ce livre a eu lieu en 1994, et ce contrat a établi les bases légales pour l’exploitation de l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson en Allemagne, tout en précisant les limites de cette exploitation. |
Laisser un commentaire