Afin d’établir les temps de service d’un salarié, l’employeur ne peut produire les extraits d’un logiciel de géolocalisation déclaré à la CNIL mais dont les fonctionnalités n’ont pas été portées à la connaissance du CHSCT et du comité d’entreprise. Le Risque pour l’employeur : licenciement sans cause réelle et sérieuse, la preuve de la faute du salarié étant irrecevable
Temps de service des salariés
Le logiciel en cause permettant un contrôle automatisé de l’activité des salariés a été déclaré à la CNIL. Le salarié avait été formé à son utilisation au cours d’une formation et il avait bien été averti que la société s’était dotée d’un logiciel permettant d’effectuer un suivi constant des infractions et des survitesses et que des sanctions sévères pourraient être prises à l’encontre des contrevenants aux réglementations sociale et européenne. Information des instances représentatives du personnelToutefois, rien ne permettait d’établir que le CHSCT et le comité d’entreprise ont été régulièrement informés et consultés préalablement conformément à l’ancien article L. 432-2-1 alinéa 3 du code du travail dont les dispositions ont été transposées successivement aux articles L. 2323-32 et L. 2323-47 du même code. Il en est de même s’agissant du rapport annuel d’information du comité d’entreprise non daté qui ne visait pas expressément le logiciel en question. Enfin, la société ne saurait justifier sa carence au seul motif qu’elle n’avait pas accès au local du comité d’entreprise, étant rappelé que l’employeur présidait cette institution et qu’en application de l’ancien article R. 434-1 du code du travail (devenu R. 2325-2) et dont aucune violation n’est alléguée, elle était destinataire des procès-verbaux.
Preuve irrecevableLa société ne pouvait dès lors se fonder sur les données de géolocalisation du logiciel pour sanctionner son salarié.
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→ Questions / Réponses juridiques
Quel est le rôle de la CNIL dans l’utilisation des logiciels de géolocalisation par les employeurs ?La CNIL, ou Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, est l’autorité française chargée de veiller à la protection des données personnelles. Lorsqu’un employeur souhaite utiliser un logiciel de géolocalisation pour surveiller ses salariés, il doit déclarer ce logiciel à la CNIL. Cette déclaration permet de s’assurer que le logiciel respecte les normes de protection des données. De plus, l’employeur doit informer les instances représentatives du personnel, comme le CHSCT et le comité d’entreprise, des fonctionnalités du logiciel. Si ces conditions ne sont pas respectées, les données collectées peuvent être considérées comme irrecevables en cas de litige, ce qui expose l’employeur à des risques juridiques, notamment un licenciement sans cause réelle et sérieuse. Quelles sont les conséquences pour l’employeur en cas de non-respect des obligations d’information ?Le non-respect des obligations d’information envers le CHSCT et le comité d’entreprise peut avoir des conséquences graves pour l’employeur. En effet, si l’employeur ne prouve pas qu’il a informé et consulté ces instances, les données collectées via le logiciel de géolocalisation peuvent être jugées irrecevables. Cela signifie que l’employeur ne peut pas s’appuyer sur ces données pour justifier une sanction ou un licenciement. En conséquence, un salarié pourrait être licencié sans cause réelle et sérieuse, ce qui pourrait entraîner des poursuites judiciaires et des indemnités à verser au salarié. De plus, l’employeur pourrait faire face à des sanctions administratives de la part de la CNIL pour non-respect des obligations de transparence et de protection des données. Comment l’employeur peut-il se prémunir contre des sanctions liées à l’utilisation de logiciels de géolocalisation ?Pour se prémunir contre des sanctions, l’employeur doit suivre plusieurs étapes clés. Tout d’abord, il doit s’assurer que le logiciel de géolocalisation est déclaré auprès de la CNIL et qu’il respecte les normes de protection des données. Ensuite, il est déterminant d’informer et de consulter les instances représentatives du personnel, comme le CHSCT et le comité d’entreprise, sur l’utilisation de ce logiciel. Cela inclut la présentation des fonctionnalités du logiciel et des conséquences potentielles pour les salariés. L’employeur doit également veiller à documenter toutes les communications et consultations effectuées, afin de pouvoir prouver qu’il a respecté ses obligations légales. Enfin, il est recommandé de former les salariés à l’utilisation du logiciel et de leur expliquer leurs droits en matière de protection des données. En suivant ces étapes, l’employeur peut réduire les risques de litiges et de sanctions. Quelles sont les implications de la preuve irrecevable dans le cadre d’un licenciement ?La notion de preuve irrecevable a des implications significatives dans le cadre d’un licenciement. Si un employeur tente de se baser sur des données de géolocalisation qui n’ont pas été obtenues conformément à la législation, ces données ne peuvent pas être utilisées pour justifier une sanction ou un licenciement. Cela signifie que, même si l’employeur estime avoir des raisons valables de licencier un salarié, l’absence de preuves admissibles peut rendre ce licenciement contestable. En cas de litige, le salarié peut contester son licenciement devant le tribunal, et l’employeur pourrait être contraint de prouver que le licenciement était justifié par d’autres éléments de preuve. Si le tribunal conclut que le licenciement était sans cause réelle et sérieuse, l’employeur pourrait être condamné à verser des indemnités au salarié, ce qui peut avoir des conséquences financières importantes pour l’entreprise. |
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