Audiovisuel et droit du travail

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Audiovisuel et droit du travail

Une chaîne de télévision a engagé M.X. comme réalisateur de flash d’information par une série de contrats à durée déterminée successifs. Estimant que ses fonctions correspondaient à un emploi permanent au sein de l’entreprise, M.X a saisi le Conseil de Prud’hommes pour voir sanctionner son employeur accusé de pratiquer une gestion du personnel irrégulière en multipliant les contrats précaires. La demande de M.X a été rejetée.
Les juges ont rappelé que si la loi (1) autorise, dans le secteur de l’audiovisuel, à recourir aux CDD d’usage, la directive européenne n° 1999/70/CE du 10 juillet 1999 impose au juge de vérifier que le recours à l’utilisation de CDD successifs est justifié par des raisons objectives qui s’entendent d’éléments concrets établissant le caractère par nature temporaire de l’emploi (2).
En l’espèce, le métier de « réalisateur » relève bien de ceux pour lesquels les partenaires sociaux ont prévu le recours à des CDD d’usage.
De plus, l’emploi exercé par M.X s’inscrivait dans la réalisation d’une émission déterminée (flashs d’information) dont la chaîne pouvait souhaiter modifier la présentation et la réalisation de ces flashs ne participe pas de l’activité normale et permanente de l’entreprise qui se consacre essentiellement à des diffusions sportives et cinématographiques.
De façon générale, le tribunal a considéré que le secteur de l’audiovisuel a besoin, pour maintenir son auditoire, de renouveler ses programmes, de modifier leur présentation et, partant, de changer le personnel qui en assume la responsabilité tandis que les salariés ne peuvent être considérés comme « mobiles » dans le métier exercé au regard de leur style, de leur compétence propre ou de leurs aspirations.

(1) Articles L122-1, L122-1-1, L122-3-10 et D121-2 du Code du travail
(2) Interprétation confirmée par la jurisprudence européenne ADELENERc/ELLINIKOS ORGANISMOS GALAKTOS (affaire CC-212/04, CJCE, 4 juillet 2006) qui pose que n’est pas autorisé l’utilisation de CDD successifs au seul motif de leur admission par la législation d’un état membre. Le recours aux CDD successifs devant s’imposer pour des « raisons objectives » et justifiées par l’existence d’éléments concrets tenant notamment à l’activité en cause et aux conditions de son exercice.

Mots clés : audiovisuel,droit du travail,requalification,cdd,cdd d’usage

Thème : Audiovisuel et droit du travail

A propos de cette jurisprudence : juridiction :  Cour d’appel de Paris | 29 mai 2008 | Pays : France

Questions / Réponses juridiques

Pourquoi M.X a-t-il été licencié ?

M.X, graphiste, a été licencié pour faute grave en raison de l’utilisation de l’outil informatique de l’entreprise pour réaliser des travaux graphiques personnels.

Cette utilisation a eu lieu pendant les heures de travail et a concerné plus de 480 travaux pour des tiers, ce qui a été jugé comme un manquement à son obligation de loyauté envers son employeur.

Le licenciement a été considéré comme justifié par la juridiction prud’homale, qui a confirmé que l’employeur avait le droit d’accéder aux fichiers de M.X.

Quelles étaient les raisons invoquées par les juges pour justifier le licenciement ?

Les juges ont d’abord noté que l’accès aux fichiers de M.X par son employeur était légal.

Les documents personnels n’étaient pas enregistrés dans un fichier identifiable comme privé, mais dans un fichier professionnel accessible à d’autres employés, y compris le responsable informatique.

Cela a conduit à la conclusion qu’il n’y avait pas eu de fraude de la part de l’employeur, ni de violation des droits de M.X selon la convention européenne des Droits de l’Homme ou le Code Civil.

Quelle est la position des juges sur l’utilisation personnelle des outils de l’entreprise ?

Les juges ont précisé que l’utilisation occasionnelle et limitée des outils de l’entreprise, comme le téléphone ou la photocopieuse, pour des besoins personnels peut être tolérée.

Cependant, tout usage non autorisé ou détournement de matériel, même en dehors des heures de travail, est susceptible d’être sanctionné.

Dans le cas de M.X, la réalisation de nombreux travaux pour des tiers a été jugée excessive et inacceptable, entraînant ainsi son licenciement.

Quel est le contexte juridique de cette décision ?

Cette décision a été rendue par la Cour d’appel de Rennes le 29 janvier 2008, dans le cadre d’une jurisprudence française.

Elle illustre les limites de l’utilisation des outils informatiques fournis par l’employeur et les obligations de loyauté des salariés.

La jurisprudence souligne l’importance de respecter les règles internes de l’entreprise et de ne pas détourner les ressources à des fins personnelles, ce qui peut entraîner des sanctions sévères.


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